Le 17 janvier courant, le Président de la République Démocratique du Congo, Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO était reçu sur le plateau de Radio Vatican en marge de sa rencontre à Rome avec le Pape François 1er De manière panoramique, le Président congolais a dépeint en quelques minutes, le tableau de la situation globale de la RDC depuis son accession à la magistrature suprême le 25 janvier 2019 donnant ainsi lieu à une première alternance pacifique historique pour les congolais.
Des affaires de corruption au sommet de l’Etat à la situation sécuritaire à Beni en passant par la situation chaotique prévalant sur le campus de l’Université de Kinshasa, le Président congolais a surfé avec une parfaite maitrise sur toutes les questions évoquées.
Corruption, une gangrène à vaincre
Avec fermeté, le Chef de l’Etat congolais rassure de sa détermination à lutter contre la corruption, cette gangrène. Répondant sur une affaire de détournement de 15 millions de dollars américains, il déclare avoir confié ce dossier à la justice congolaise avec des directives claires de travailler en toute impartialité. « J’ai tenu à ce qu’il n’y ait de pression sur personne, que le travail des inspecteurs des finances se passe bien et aujourd’hui le dossier se trouve entre les mains de la Justice. Je ne peux pas commenter le travail de la justice ».
C’est dans cette même logique que Félix Antoine TSHISEKEDI a promis des audits dans tous les secteurs de la vie publique, surtout auprès des services d’assiette afin d’évaluer l’impact des différentes opérations sur le quotidien du congolais. « Il faut comprendre notre capacité à mobiliser les ressources et à faire face à la corruption », pense le Président congolais ».
Une corruption sans merci suppose l’existence des collaborateurs peu fiables. Une bonne occasion pour ressasser le regret de son prédécesseur Joseph KABILA KABANGE, qui avouait manquer au moins 15 personnes pour l’aider dans sa gestion.
Une affirmation que comprend l’invité de Radio Vatican. A savoir s’il a trouvé ses 15 bons collaborateurs, avec sourire, Félix Antoine TSHISEKEDI répond : « Je ne peux pas le dire de peur que mes collaborateurs le sachent. C’est mon secret, mais je crois effectivement que c’est le grand défi pour tout dirigeant politique d’avoir une équipe de gens qui l’aident dans la réalisation de ses objectifs. C’est un combat de tous les jours », poursuit-il.
Hommage aux vaillantes FARDC
Nous avions été envahis par un groupe armé, qui, en plus a fait allégeance au groupe état islamique, que nous avons combattu de la manière la plus forte et ce n’est pas terminé.
C’est ici pour moi une occasion de rendre un vibrant hommage aux vaillantes Forces armées souvent vilipendées et dont on ignore la bravoure. Je fais aussi partie de ceux qui ignoraient les grands faits de notre armée. Je m’en suis rendu compte et j’ai juré d’améliorer leurs conditions de vie ; on n’y est pas encore, mais ce sont des braves citoyens qui de manière admirable ont mis en déroute l’ennemi ».
Gratuité de l’enseignement de base, ça ira
Fasthi béton comme il est affectueusement appelé, est satisfait de la réussite de l’effectivité de la gratuité de l’enseignement de base sur toute l’étendue de la RDC. « 2,5 millions d’enfants étaient en dehors du circuit de l’enseignement et sont tous scolarisés à ce jour. Le seul bémol demeure la surpopulation des salles de classe qui sont en faible nombre, mais le plus important reste les cours à dispenser, car la population congolaise est majoritairement jeune et doit être bien formée. « Avec les enjeux à venir, si elle ne l’est pas, ce sera dangereux pour notre pays, la région et tout le continent. Une bonne éducation est la priorité des priorités», conclut Félix TSHISEKEDI, tout en exprimant son désir d’étendre cette gratuité dans les jours qui viennent à l’enseignement secondaire et supérieur.
L’Unikin à feu et à sang
Cela est assurément une des actualités chaudes de ce début 2020, l’escalade des troubles sur le campus de l’Université de Kinshasa suite à la publication début janvier d’un communiqué relatif au réajustement des frais académiques, poussant le gouvernement de la République par l’entremise de son Ministre de l’Enseignement de tutelle à suspendre toute activité sur la colline inspirée et déguerpir dans la foulée tous les occupants des homes universitaires.
Interrogé à ce sujet, le cinquième président de la RDC n’a su cacher sa peine : « C’est regrettable. Toutes les précautions avaient été prises en rapport avec la fixation des frais. Pour la première fois, toutes les parties prenantes étaient d’accord avec le montant fixé. Ce qui s’est passé est l’oeuvre de certains jeunes qui sont en dehors du parcours universitaire, manipulés, ils ont voulu donner une connotation politique à cela ».
Au moment où nous parlons, des dispositions sont prises pour que l’ensemble des responsables de l’Unikin présente un nouveau chronogramme pour la reprise des activités.
Concernant les homes, Félix TSHISEKEDI a tranché sans tergiverser qu’ils restent fermés question de permettre au gouvernement de remettre de l’ordre. Et en bon père de famille, le locataire du Palais de la Nation rassure : « Nous allons procéder à un recensement des étudiants venus de l’intérieur du pays afin d’assurer leur logement et leur transport. Des bus seront à des endroits stratégiques et devront effectuer des navettes en deux temps, le matin et le soir ».
Une belle expérience avec des hauts et des bas
Sans nul doute le chapitre le plus attendu au cours de l’entretien, la question relative à la santé de la coalition FCC-CACH.
A la fois vrai et diplomate, le président de la RDC a dressé un bilan quelque peu tolérable de la première année de cette gestion en coalition.
Selon Tharcisse Henry KASONGO MWEMA, porte-parole du Chef de l’Etat, ce dernier a milité pour une gestion en coalition plutôt qu’en cohabitation afin de privilégier l’intérêt de la population. Une affirmation que Fatshi n’a pas réfutée, mais qu’il a d’ailleurs étoffée.
« Dans l’ensemble, je vais dire que ça va. Avec des hauts et des bas. Vous savez, comme dans toutes les relations humaines, il y a eu de part et d’autre des envolées oratoires qui ont mis le feu des fois. Je pense que c’est inhérent à une expérience aussi nouvelle, aussi inédite qu’est la nôtre. Nous n’étions pas du tout préparés à vivre dans la coalition. C’est vraiment un accident de l’histoire, même si en politiques avertis, on aurait dû envisager cela », commente Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO avant de poursuivre :
« Il est important de ne pas perdre de vue l’objectif premier : le service à notre peuple et d’assurer la paix, la sécurité sur l’ensemble du territoire… se battre tous les jours pour améliorer la qualité de vie des concitoyens ».
Et lorsqu’il lui est demandé d’établir l’ordre de priorité entre sa Vision, le Peuple d’abord et la coalition FCC-CACH, Fatshi est on ne peut plus clair : « Le peuple d’abord, forcément et tjrs. Je ne vois personne au sein de la coalition ou ailleurs m’empêcher d’accomplir cette mission. Je suis en politique pour servir mon peuple, mon pays, en faire le leader qu’il mérite d’être ».
Rendez-vous en 2023 avec l’opposition
L’espace politique congolais décrispé, les prisonniers politiques et d’opinions libérés, des exilés politiques revenus au pays, liberté de manifester sans la moindre répression, c’est aussi cela le bilan de la première année de Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO ; et pourtant, la question de sa relation avec l’opposition est encore mise sur la table de Radio Vatican.
L’homme d’Etat est intraitable à ce sujet : « il y a des opposants qui m’envoient des émissaires et d’autres encore que je rencontre. Les rencontrer n’est pas important. En garantissant les droits et les libertés fondamentales de chacun, j’ai déjà rencontré les désidératas des opposants. Pour le reste, bonne chance pour leur évolution et rendez-vous en 2023 lorsqu’il y aura une autre compétition électorale ».
Sans avoir la prétention d’avoir accompli des merveilles depuis son arrivée au pouvoir, Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO promet tout de même un avenir radieux aux congolais.
« Nous avons connu beaucoup de difficultés d’ordre social, mais le peuple est mûr, il n’est plus à même d’être manipulé ou faire des choses contre son gré. Il exige de nous, acteurs politiques, de le servir comme il se doit. En favorisant davantage l’expression de liberté et de droit de notre peuple, nous arriverons très vite à un niveau que beaucoup envieront »
Christian Mupakani Atemvul