La gestion du risque de crédit : un enjeu majeur pour les Banques
La gestion de risque de crédit, voilà un enjeu majeur pour les institutions bancaires dans le monde et plus particulièrement en République Démocratique du Congo, où le nombre des banques grimpe à un rythme vertigineux. Ne comptant que la BCDC ou encore City Bank jusqu’à la fin des années 90, la RDC ne compte pas moins de 15 institutions bancaires à ce jour, plongées les unes et les autres dans une lutte de leadership sans merci dont le succès se joue à un détail près.
La gestion de la relation client, le taux d’investissements, mais surtout une bonne gestion de risque crédit.
Clé du château !
A en croire, Hervé MULUTU LUMEYA, un expert en Economie monétaire, diplômé de l’Université de Kinshasa et de l’Ecole nationale d’Administration (ENA), la gestion du risque dans l’octroi de crédit, est l’élément capital dont tiennent compte les banques pour assurer leur stabilité financière.
Il s’explique : « Dans la pratique, les banques prennent de l’argent auprès des personnes (ndlr : leurs clients, personne physique ou morale) qui possèdent des capacités de financement afin de les transférer à d’autres, plongées dans le besoin de financement. Il s’agit de ce qu’on appelle technique de l’intermédiation financière ».
Dès l’initiation de la procédure, les banques s’assurent de la capacité de créanciers à rembourser leurs dettes. Sachant que le non-remboursement peut causer des dégâts énormes, entraînant même la faillite d’une banque.
Une mauvaise gestion de risque ou une étude biaisée des risques peut avoir des répercussions sur tout le système financier d’une banque. Ces institutions vivant involontairement dans une intimité les unes avec les autres, produisent un effet de contagiosité entre elles. Les démêlées d’une banque peut perturber le bon fonctionnement d’une autre à cause des facteurs comme la peur, la spéculation, la réticence. Des situations malencontreuses qui aboutissent une restriction de crédit.
MULUTU LUMEYA soutient que des banques qui traversent des problèmes avec leurs clients suite à des crédits non remboursés développent une grande réticence dans l’octroi du crédit à d’autres clients dans le besoin.
La récession de la situation économique et surtout des crises périodiques que peut connaître un pays, sont le plus souvent à l’origine des problèmes entre une banque et ses clients en ce qui concerne la gestion de crédit.
Tenez, en République Démocratique du Congo, le taux de change connait des fluctuations sans précédent depuis plus de trois ans. Cette situation engendre une conséquence fâcheuse sur l’enveloppe mensuelle des congolais, certains se retrouvant avec quasiment rien lorsque la banque auprès de laquelle il a contracté une dette, doit procéder à une retenue à la source. Aujourd’hui, des procédures de révision de taux d’intérêt sont initiées de part et d’autre pour stopper cette hémorragie.
Gestion de risque, un cas d’école en RDC !
L’année 2016 a été celle de la faillite déclarée d’une banque commerciale exerçant en RDC, la banque internationale pour l’Afrique au Congo (Biac). Pendant près d’une décennie cette banque a symbolisé le côté bcbg de la nouvelle classe bourgeoise de Kinshasa. Avec un portefeuille des services séduisants, jeunes, vieux, établissements privés et publics, tous azimuts pour une souscription à la Biac.
Grande était la stupéfaction des congolais d’apprendre que cette institution bancaire déclarait faillite. Des scènes inédites des longues files devant des guichets des différentes agences ou encore devant les distributeurs automatiques.
Tout le monde cherchait à retirer les derniers sous qu’il pensait en sécurité. Et cela a eu un effet de contagiosité sur les clients d’autres banques commerciales, devant se rassurer avant d’effectuer la plus petite des opérations bancaires qu’il soit.
Avant la Biac, les congolais ont connu une scène similaire avec la Banque de Kinshasa.
Ouverte officiellement au public le 04 décembre 1970, la banque de Kinshasa était la première institution bancaire privée appartenant à un sujet congolais : Augustin DOKOLO SANU, géniteur de SINDIKA DOKOLO.
L’homme est déjà un très riche entrepreneur dans l’immobilier, les mines, le divertissement et le commerce avant de se lancer dans les finances.
Il débauche les meilleurs éléments des banques concurrentes et envoie à la formation des jeunes universitaires. En 1973, sa banque est la première à essayer l’informatisation de ses opérations, avant même la banque centrale.
Son succès est patent qu’il ouvre des agences dans presque tout le pays. En 1974, les mesures zaïrianisation lui privent d’une grande partie des actions pour les confier à des personnes peu compétentes. DOKOLO est contraint d’abandonner sa propre banque pour ne jouer qu’un second rôle sans réel pouvoir.
Plus tard en 1986, il retrouve la gestion de son institution grâce à la procédure de rétrocession lancée par MOBUTU. Mais c’est trop tard. La banque est mourante. La mauvaise attribution des crédits, des crédits non remboursés, des clients pas payés, manque de liquidité et pénurie de devises étrangères dans les extensions à l’arrière-pays ; c’est la débandade.
Sans nul doute, si l’homme, ce magnat des finances et du commerce avait conservé la gestion de sa banque, il aurait mieux évalué tous ces paramètres ayant causé la disparition de la banque de Kinshasa, une fierté nationale et africaine.
Christian Mupakani Atemvul