Sous le coup d’un mandat d’arrêt international, Guillaume SORO :

Le Karma politique

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Fin décembre 2019, la Justice ivoirienne lance un mandat d’arrêt international contre Guillaume SORO. Deux chefs d’accusation contre l’ancien Président de l’Assemblée nationale de la République de Côte d’Ivoire et président de la GPS (Générations et Peuples solidaires), son parti politique, à savoir : – Tentative de déstabilisation et détournements de deniers publics.

La Justice ivoirienne n’est pas du genre à accuser sans preuve, elle a rendu public un message audio dans lequel Guillaume SORO planifie une insurrection en Côte d’Ivoire afin de semer le chaos à la veille des élections. Et depuis, Guillaume SORO qui a séjourné six mois durant à Paris afin de se préparer à la prochaine présidentielle dans son pays, est contraint de vivre dans la clandestinité au risque de se faire arrêter à tout moment.

Ce énième épisode de la politique africaine soulève des questions sur la crédibilité des actions posées par les dirigeants africains. A quelques mois de la Présidentielle tant attendue en Côte d’Ivoire, des consciences se demandent si cette accusation de la Justice ivoirienne est fondée ou relève tout simplement d’une attaque ciblée contre la candidature de Guillaume SORO. Ce dernier scénario est à prendre au sérieux dans l’environnement politique en général et africain en particulier.

Des scandales pré-électoraux, Dominique STRAUSS-KHAN, Valéry Giscard d’ESTAING, Jean-Pierre BEMBA ou encore Moïse KATUMBI CHAPWE l’ont connu avant Guillaume SORO et des experts en politique restent unanimes que ces coups ont toujours été politiques que civils.

Une tendance qui rapproche davantage l’affaire SORO vers une chasse aux sorcières que toute autre chose.

Un départ du Parlement mal vu !

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Le 08 février 2019, alors que la rumeur alimentait déjà les débats dans les grands salons en Côte d’Ivoire comme dans les maquis de Yopougon, Guillaume SORO, du haut de son perchoir de l’Assemblée nationale, fait une annonce solennelle. Il démissionne de son poste.

C’est le branle-bas à l’hémicycle du Parlement ivoirien où des élus de gauche et de droite comme ceux du centre se lancent dans une guerre de positionnement pour adhérer au futur parti politique de Guillaume SORO. Une des figures emblématiques de la Côte d’Ivoire de ces deux dernières décennies, SORO a été le président d’une partie du pays lors de la rébellion des Forces nouvelles jusqu’en 2006, année de sa réconciliation avec Laurent GBAGBO. Il deviendra ensuite Premier Ministre de la Côte d’Ivoire sous GBAGBO jusqu’en 2010 lorsqu’il soutient OUATTARA afin d’évincer ce dernier du pouvoir et l’envoyer à la CPI. Depuis ces temps, Guillaume SORO était devenu le nouvel allié d’OUATTARA, un statut renforcé lorsqu’il devient la deuxième personnalité du pays grâce à son élévation comme Président de l’Assemblée nationale.

Des révisions de la Constitution, mais aussi d’une absence de volonté, selon les proches de SORO, d’ALASSANE OUATTARA de faire de son collaborateur son dauphin à la prochaine Présidentielle.

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SORO flaire un coup tordu contre sa personne et décide de devancer la machination du Président ivoirien. Il démissionne officiellement de son poste de Président de l’Assemblée nationale en 2019 et annonce sa candidature à la prochaine présidentielle quelle que soit la date à laquelle celle-ci devra se tenir.

Tremblement de terre dans le camp OUATTARA et dans le chef de certains opposants qui voient leurs chances s’amenuiser avec l’arrivée du cador Guillaume SORO. Ce dernier étant non seulement populaire, mais jeune, patron de plusieurs médias ivoiriens, stratège et surtout très riche pour être resté près de vingt ans dans le pré-carré du pouvoir en Côte d’Ivoire.

Guillaume SORO comme KATUMBI !

Dans l’hypothèse d’une attaque personnelle visant à écarter Moïse KATUMBI de la course à la présidentielle, il convient de relever un cas similaire survenu en Afrique centrale, en République Démocratique du Congo plus précisément. Il s’agit des mésaventures autour de la personne de Moïse KATUMBI CHAPWE.

Ce célèbre opposant et un des politiques les plus populaires de toute la République Démocratique du Congo a connu une vague des dossiers judiciaires lorsqu’il a quitté le camp présidentiel de Joseph KABILA dont il était assurément le plus fidèle des compagnons entre 2006 et 2013. Moïse KATUMBI assurait à Kabila de nombreuses voix et une province du Katanga acquise à sa cause alors que Kabila permettait à son poulain de diriger la riche province des années durant comme Gouverneur. Une collaboration ayant fait de KATUMBI une figure de proue sur la scène politico-sociale d’Afrique, grâce notamment au succès qu’engrange le club de football « tout puissant Mazembe » en Afrique et en Europe.

Quand Moïse KATUMBI décide de quitter la majorité présidentielle pour créer successivement le Groupe des 7 (G7) puis Ensemble et Lamuka en vue des élections Présidentielle et législatives sans KABILA, une série de dossiers judiciaires surgissent presque de nulle part. Il y a eu un dossier présenté par le conseiller spécial de Joseph KABILA en matière de lutte contre la corruption, citant l’ancien gouverneur du Katanga dans des affaires de détournement de deniers publics ; quelques mois plus tard, KATUMBI sera accusé de spoliation d’un immeuble appartenant à un sujet grec avant que viennent surgir d’autres affaires concernant notamment l’utilisation des mercenaires dans une milice lors d’un meeting à Lubumbashi et la détention d’un passeport non valide sur un territoire étranger, etc.

Des démêlées avec la Justice la veille des élections, KATUMBI en sait quelque chose.

Si SORO était plus prudent, il se serait peut-être servi du cas KATUMBI pour gérer ses ambitions et ses actions à l’approche d’une élection.

A ce jour, à cheval entre Paris et Madrid, l’ancien leader des Forces Nouvelles ne sait toujours pas si sa candidature à la Présidentielle sera autorisée alors qu’il vit presque dans la clandestinité.

Heshima

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