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PARITÉ: De Joseph Kasavubu à Felix Tshisekedi, les premières dames et leurs rôles prépondérants

Depuis des temps immémoriaux, les femmes, particulièrement les premières dames ont toujours joué un rôle déterminant dans la transformation du paysage politique de leurs pays, en qualité de conseillère no 1 de leurs maris.

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Depuis des temps immémoriaux, les femmes, particulièrement les premières dames ont toujours joué un rôle déterminant dans la transformation du paysage politique de leurs pays, en qualité de conseillère no 1 de leurs maris.

Tenez, contrairement aux collaborateurs très rapprochés qui prennent souvent le courage de souffler à l’oreille du Patron, même lors de grandes cérémonies, la Première dame prend tout son temps pour échanger « en toute intimité et dans la détente » avec son mari, généralement, après une journée de forte turbulence politique et administrative.

Par cette attitude, il se créé une sorte d’osmose entre les deux personnes, qui en fait, ne doivent représenter qu’une seule vision. A   ce sujet, un proverbe africain illustre bien cette image par cette phrase :’’La femme est la ceinture qui tient le pantalon de l’homme’’.

Pour revenir sur ce rôle important joué par les premières dames, il suffit de se rendre compte de l’opiniâtreté, l’endurance et la force de caractère qui ont marqué quelques-unes d’entre elles. Aux USA, par exemple, Hillary l’épouse de Bill Clinton s’est distinguée à côté de son mari jusqu’au point où, sa maturité politique l’a propulsée aux fonctions de Secrétaire d’Etat, la numéro 2 de son pays avant de tomber de justesse avant d’atteindre la première marche du podium. En Afrique, nombreuses premières dames ont laissé un souvenir de dame de fer et de conseillères principales de leurs maris. Nous avons cité notamment la Sud africaine Winnie Mandela, la Zimbabwéenne Grâce Mugabe et l’Ivoirienne Simone Gbagbo.

 En RDC, ’’les paradis sont sous les pieds des mères’’

A l’image de ce qui se fait ailleurs dans le monde, les premières dames de la RDC ont apporté chacune, à sa manière, leurs touches, respectant le dicton, ‘‘les paradis sont sous les pieds des mères’’. En effet ces ‘’élues’’ ont toujours porté en elles, des germes d’amour du prochain, d’artisan de paix et de réconciliation tant à l’interne qu’à l’externe.

 La première de toutes, Hortense Kasa-Vubu, discrète mais influente sous le régime de Joseph Kasa-Vubu le premier président du Congo-Kinshasa de 1960 à 1965.

La première dame, Madame Hortense Kasa-Vubu, née à Ngoma Masunda, a vécu en toute discrétion tout en exerçant une influence à l’interne. Elle a été de moins en moins visible, même lors de grandes cérémonies officielles. C’est peut-être ses convictions religieuses et ses origines Kongo qui l’ont contrainte à ce modus vivendi. Toutefois, elle a été pour beaucoup dans l’encadrement de son mari, victime des tribulations, des machinations et des coups bas des politiciens de l’époque, assoiffés de pouvoir, à tout prix. C’est plutôt sa fille, Justine Mpoyo Kasa-Vubu qui a été souvent au four et au moulin. Un historien de grand renom s’est même interrogé : Mais qui se rappelle encore de celle qui fut pourtant la toute première dame du Congo ? Qui se souvient encore de sa progéniture ? Mama Hortense Ngoma fut non seulement la conjointe du président, mais aussi la mère de ses enfants. A-t-elle à l’époque aussi porté le titre prestigieux de « maman présidente » ? La question reste en tout cas posée. De leur union naquit quatre filles et cinq garçons. De tous les enfants, Justine Kasa-Vubu Mpoyo est sans nul doute la plus connue.

Marie Antoinette Mobutu, précurseuse de la lutte pour la promotion des droits de la femme et des enfants.

Pour sa part, le général Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga, né Joseph-Désiré Mobutu le 14 octobre 1930 à Lisala au Congo belge et mort d’un cancer le 7 septembre 1997 à Rabat au Maroc. Il a gouverné la RDC de 1965 à 1997 dont une partie (1965-1977) avec le concours de son épouse ,la première dame, Antoinette Mobutu née à Gbiatibua Yetene.

Cette dernière figure parmi les femmes précurseuses de la lutte pour la promotion des droits de la femme en RDC ayant soutenu les observateurs qui l’appelaient ‘’ maman sociale’’. A cause de son éducation catholique et ses origines modestes, elle avait gardé une remarquable sobriété de coeur. Pour preuve, c’est elle qui aurait sauvé le cardinal Malula en conflit avec son mari d’une arrestation humiliante. C’est aussi elle qui serait intervenue en douce auprès du «Guide» pour que le musicien Tabuley Rochereau ne connaisse pas des difficultés.

Pour manifester son humanisme et son affection à la fille et à la jeunesse, elle a ouvert, en plein centre de Kinshasa, dans la commune de Limete, le centre féminin Marie-Antoinette Mobutu où les jeunes filles étaient formées en différents domaines. Ajouter à cela, le Centre Maman Mobutu pour aveugles et personnes vivant avec handicap. Les deux structures sont désormais des Établissements publics.

Bobi Ladawa, le pont entre le Guide et les responsables religieux.

 Bobi Ladawa est la seconde et dernière épouse officielle du président Mobutu. Elle a longtemps joué le rôle de pont entre son mari et les responsables religieux notamment le cardinal Malula, le Réverend protestant Bokeleale et son Eminence Diangenda de l’Eglise Kimbanguiste. Pour ces derniers, la Première dame a la lourde responsabilité d’assister son mari surtout dans la prise de grandes décisions. Mobutu épousa Bobi Ladawa le 1er mai 1980 à la veille de l’arrivée au Zaïre du pape JeanPaul II.

C’est à dater de ce jour qu’elle devint ainsi la « première dame » du pays et « la maman présidente » du Zaïre.

 Kosia, la soumise soeur et co-épouse

Le maréchal Mobutu a également partagé le lit conjugal avec Kosia la sœur jumelle de Bobi Ladawa avec qui elle avait une frappante ressemblance. Il paraît que le cœur du Guide balançait entre les deux sœurs. Cette rivale si particulière qui jouait officieusement les seconds rôles s’affichait parfois en public derrière sa sœur dans la tribune d’honneur lors des cérémonies officielles. Une rivalité qui s’apparentait davantage à une contrainte de la coutume qu’à autre chose tant les deux jumelles étaient d’une complicité saisissante. Une vidéo circule encore sur la toile où les deux sœurs sont vues ensemble devant le mausolée du Maréchal Mobutu à Rabbat (Maroc).


Maman Sifa Mahanya, la gardienne du temple

 Contrairement à celles qui l’ont précédé comme Première Dame, Maman Sifa Mahanya épouse de Laurent Désiré Kabila, tombeur de Mobutu en 1997, a vécu loin des combines politiques dans un monde agité. Elle partageait son temps entre l’encadrement de ses enfants Joseph, Jaynet et Zoe Kabila et les travaux champêtres particulièrement au plateau de Bateke, hinterland de Kinshasa avant de poursuivre son œuvre dans la périphérie de Lubumbashi au Katanga, après la mort de son mari.

La journaliste belge Colette Braeckman du journal ‘’Le Soir’’ a tiré d’elle quelques confidences en juin 2006 sur le lignage de sa progéniture : « je dois m’abstenir de descendre à ce niveau-là : tout ce que je peux dire, ce qu’il (Joseph) est bel et bien mon fils. Discrète, elle n’est pas une femme publique mais n’est pas effacée.

 Elle ne reçoit pratiquement pas la presse sauf pour parler de ses activités notamment sociales au sens de la Fondation qui porte le nom de son mari. 

 Pour revenir à l’entretien avec collecte Braeckman, l’on retient que maman Sifa a beaucoup milité au sein du Parti de la Révolution du Peule (PRP) de son mari où elle se chargeait de la formation, particulièrement des femmes.

Elle a rappelé que ce parti politique avait l’ambition de combattre l’injustice et lutter contre Mobutu qui avait confisqué le pouvoir avant de se féliciter du travail réalisé dans le maquis où la famille vivait de la pêche, de l’élevage et de l’agriculture. Elle a également réfuté l’idée de ceux qui faisaient croire que son mari a été un père souvent absent du foyer. 


Marie Olive Lembe, une première dame hors-paire

Jamais dans l’histoire de la RDC, on a eu une première dame aussi simple que Marie Olive Lembe. Epouse du président Joseph Kabila Kabange (2001-2018). Elle fait la différence par rapport aux anciennes épouses des présidents qui, la plupart du temps, restaient dans l’ombre de leurs maris tout au long de la législature.  

Une religieuse a affirmé sous l’anonymat à Heshima que Marie Olive Lembe sort des sentiers battus pour poser des actes qui émulent ceux qui font partie des institutions de la République. Contrairement aux autres, elle ne fait pas de la figuration comme le faisaient les autres femmes de présidents. Et de préciser : ‘’ Elle refuse de rester derrière les rideaux. Elle se met au-devant de la scène de la manière la plus inattendue qui soit, en militant en faveur du développement de la RDC et de l’épanouissement de la femme en particulier’’.

 Les Congolais la voient comme une femme courageuse et estiment qu’elle représente le type de femme et de mère qui dispose d’atouts déterminants pour protéger la vie. Cela se voit à travers des actions caritatives qu’elle ne cesse de mener aux quatre coins du pays en faveur des personnes vulnérables, sans distinction de tribus, ni de classes sociales. Ainsi, on a vu Olive Lembe au chevet des malades prenant en charge tous leurs frais médicaux. Certains de ces malades ont même bénéficié d’interventions médicales spécialisées à l’étranger à ses frais.

Issue d’une famille modeste, elle n’a pas honte d’évoquer ses origines dès que l’occasion s’y prête. Elle parle de ses souvenirs de jeunesse et de la vie qu’elle menait en tant que citoyenne de la classe moyenne. « Il n’y a pas de honte à dire d’où l’on vient. Si chez vous, il n’y a pas des chaises, il faut accepter de s’asseoir sur un escabeau ».

 Marie Olive Lembe n’a pas de préférence. Que ce soit des victimes des catastrophes naturelles, des personnes vivant avec le VIH/ SIDA, les femmes des médias, les sans logis ou toute autre personne frappée par une catastrophe, elle va à leur rencontre comme le ferait une fille ou une mère.


Denise Nyakeru omniprésente aux côtés du président Felix Tshisekedi 

Après avoir travaillé à Bruxelles, la nouvelle première dame a l’intention de jouer un rôle actif. Sa priorité : la défense des droits des femmes. Le père de Denise, Étienne Nyakeru, était un « évolué », qui avait un poste à responsabilité dans l’administration de ce qui était encore la province unifiée du Kivu. Une de ses soeurs, Jeannette, a été diplomate à Londres. Elle n’a que neuf mois quand elle perd son père, sa mère et l’un de ses oncles dans un accident de voiture à Bukavu. En raison du décès prématuré de ses parents, elle n’a pu apprendre le mashi, sa langue maternelle.

Grâce à son oncle, l’abbé Sylvestre Ngami Mudahwa, aumônier catholique des FARDC qui la recueille à Kinshasa, ainsi que la plupart de ses frères et soeurs, elle bénéficie d’une éducation dans la capitale de la RDC. Elle patronne sa fondation « Denise Nyakeru Tshisekedi » et est omniprésente aux cotés de son mari pour mener plusieurs actions caritatives. On la sent très proche de la population avec qui elle partage tous les aléas de la vie. Le chemin est encore long mais elle a un bonus de quelques années devant elle.

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