Santé

DIETETIQUE: Cube Maggi, la réalité paradoxale d’une épice controversée

Viande, poissons (frais, salés, boucanés ou fumés), légumes, haricots, sauce tomate, céréales…, le cube Maggi, s’il reste souvent dilué, est omniprésent dans tous les mets. Il est devenu, de nos jours, un ingrédient essentiel dans de nombreux plats quotidiens. C’est ainsi qu’en Afrique centrale, comme d’ailleurs partout au monde, plus particulièrement en République Démocratique du Congo, ce produit a eu un taux de pénétration de plus de 70% dans les ménages.

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Maggi est l’un des cubes les plus présents dans cette grande agglomération avec plus de cent millions de cubes vendus chaque jour, si l’on en croit certaines estimations (Conférence de presse du groupe NESTLE). Les cubes sont de différentes couleurs. Malgré une publicité très importante, ils sont de plus en plus critiqués pour leur composition et les effets que peuvent avoir les nombreux additifs alimentaires qu’ils contiennent sur la santé.

Le produit de quatre grammes mesure près de trois centimètres. Le cube Maggi est devenu tellement incontournable dans les marmites kinoises qu’il est considéré comme un ingrédient faisant partie des recettes, au même titre que les cuillerées d’huile ou les pincées de sel. «On en met par habitude», reconnaissent des cuisinières. «C’est devenu un réflexe de l’ajouter dans les plats». Un drôle de paradoxe quand on sait que n’importe quel marché du quartier propose des dizaines d’épices.

Tous les cordons bleus (cuisiniers très habiles, ou très doués) disent aujourd’hui qu’elles ont vu leur mère et leur grand-mère assaisonner leurs sauces avec le fameux bouillon Cube. Cela fait en réalité plus d’un demi-siècle qu’il a débarqué en RDC. Inventé en 1886 par le Suisse Julius Michael Johannes Maggi, l’arôme était destiné à relever les bouillons trop fades et les soupes insipides, mais aussi à faire gagner du temps derrière les fourneaux.

Tous les cordons bleus (cuisiniers très habiles, ou très doués) disent aujourd’hui qu’elles ont vu leur mère et leur grand-mère assaisonner leurs sauces avec le fameux bouillon Cube. Cela fait en réalité plus d’un demi-siècle qu’il a débarqué en RDC. Inventé en 1886 par le Suisse Julius Michael Johannes Maggi, l’arôme était destiné à relever les bouillons trop fades et les soupes insipides, mais aussi à faire gagner du temps derrière les fourneaux.

Epiceries de brousse

La marque s’appuie sur une force commerciale et un réseau de distribution qui va des grands marchés, au centre de la capitale, jusqu’aux petites épiceries de brousse. Son développement exponentiel a été soutenu par un véritable matraquage publicitaire qui remonte à ses origines. « Si l’affaire devient florissante, elle le doit à l’intense travail de publicité, on pourrait même dire de propagande, mené par Julius Maggi lui-même, tant pour vanter la qualité de ses produits que pour barrer la concurrence », écrit Monique Pivot dans son ouvrage Maggi et la magie du bouillon Kub (Ed. Hoëbeke), qui relate l’ascension de la marque.

Spots télévisés, partenariats, forums, panneaux d’affichage au slogan ravageur (« Avec Maggi, chaque femme est une étoile », peut-on lire), la marque ne renonce devant rien. Au Sénégal ou au Nigeria, on peut même voir des bâtiments peints en rouge et jaune, selon une stratégie d’occupation de l’espace pour le moins agressive également développée par Coca-Cola.

« La force d’une marque, c’est d’abord son produit, explique Jean Watin-Augouard, rédacteur en chef de la Revue des marques. Celui-ci est peu encombrant, facile à utiliser et tellement ancré dans les mentalités qu’il ne peut pas décevoir, puisqu’il est devenu “africain” et fait partie de la famille. Avec son packaging simple aux couleurs chaudes, on est rassuré. C’est ce qui explique pourquoi on utilise aujourd’hui le cube pour cuisiner, tel un réflexe pavlovien. »

La grande force du « Maggi » – qui est au cœur d’une guerre commerciale depuis la fin des années 1970 avec l’espagnol Jumbo – c’est aussi de s’être adapté aux goûts locaux. Car la composition des cubes varie selon les latitudes. Celui qui est vendu au Ghana, par exemple, aura un goût de crevettes que l’on ne retrouvera pas en Côte d’Ivoire, où l’on a remplacé l’amidon de maïs par du manioc. Au Nigeria en revanche, on mettra en avant le gout de graines de soja grillées… En RDC notamment, le goût du produit est collé à celui du pondu, de la viande. « En 2011, les cubes ont été fortifiés en fer pour lutter contre l’anémie liée à une carence de fer, sans que leur goût ne soit modifié, indique Henri-Pierre Lenoble, chargé de la stratégie nutritionnelle de la marque. Aujourd’hui, ils le sont tous à hauteur de 80 %. On sait que pour préparer un repas de six personnes, les consommateurs font mijoter cinq cubes dans leur plat, ce qui correspond à un apport de 15 % en fer de la valeur quotidienne recommandée. » Il n’empêche que l’ingrédient majoritaire est le sel. « Il est important de ne pas saler les plats qui sont préparés avec les cubes aromatiques puisqu’ils en contiennent déjà beaucoup, entre 40 et 50 %, explique Florence Foucaut, membre de l’Agence française des diététiciens nutritionnistes (AFDN). L’abus de sel peut entraîner le développement de maladies cardiovasculaires, de l’hypertension et des insuffisances rénales. »

Il tient dans la poche

A la fin du XIXe siècle, l’Europe est alors en pleine révolution industrielle et, de plus en plus souvent, les femmes travaillent dans les usines. « Cette industrialisation de la cuisine permet à l’ouvrier d’obtenir de suite, par simple chauffage, une nourriture substantielle et à bon marché », expliquait Julius Maggi qui, un an après avoir découvert l’arôme Maggi, a décliné son produit en tablettes. Très vite, celui-ci est devenu le produit phare de la gamme.

Son arrivée sur le marché coïncide quasiment avec la signature du traité de Berlin de 1885, qui régit les règles du commerce entre les puissances coloniales et ouvre la libre circulation des produits sur le continent. Au fond de pirogues, brinquebalés à dos d’hommes ou de chameaux, des milliers de cubes voyagent ainsi à travers les anciennes colonies. Ils séduisent les populations locales qui apprécient cet ingrédient bon marché : il tient dans la poche, ne périme pas, n’a besoin d’aucune réfrigération et résiste aux températures élevées.

La deuxième raison qui peut expliquer ce formidable essor est plus subtile : en intégrant quelques cubes dans les plats, on leur ajoute un goût de viande ou de poisson. Un argument efficace et intéressant quand ces aliments souvent chers viennent à manquer dans les foyers.

Jusqu’en 1979, tous les cubes Maggi ont été importés. Afin notamment de limiter les coûts de transport et mieux satisfaire la demande, ils sont aujourd’hui fabriqués aux quatre coins du continent. Aujourd’hui, pas moins de onze usines – de Dakar à Douala, en passant par Kinshasa, Brazzaville ou Abidjan – tournent à plein régime pour fabriquer les cubes. La demande est vertigineuse : il s’en écoule plus de 100 millions par jour…

Les bouillons cubes sont fabriqués avec des produits déshydratés formés en petits cubes. Ils contiennent tous du sel, de la maltodextrine, des exhausteurs de goût, de l’huile et des arômes. Certains cubes peuvent contenir des extraits de viande ou de légumes, ainsi que du sucre. Ils sont utilisés pour donner plus de goût aux plats. Ils sont très pratiques mais les bouillons cubes industrielles contiennent des ingrédients dont certains sont « peu recommandables » selon des associations de consommateurs.

Les additifs alimentaires

Un additif alimentaire est une substance qui n’est pas habituellement consommée comme un aliment ou utilisée comme un ingrédient dans l’alimentation. Ces composés sont ajoutés aux denrées dans un but technologique. Ils ont différentes fonctions : garantir la qualité sanitaire des aliments (conservateurs, antioxydants), améliorer l’aspect et le goût d’une denrée (colorants, édulcorants, exhausteurs de goût), conférer une texture particulière (épaississants, gélifiants), garantir la stabilité du produit (émulsifiants, antiagglomérants, stabilisants). Les additifs peuvent être naturels – c’est-à-dire obtenus à partir de micro-organismes, d’algues, d’extraits végétaux ou minéraux – ou de synthèse (chimique).

Tout le monde connait les quatre gouts que la langue peut distinguer : le salé, le sucré, l’amer et l’acide. Dans le monde occidental, il est maintenant question d’un cinquième gout (ou gout japonais car il a été découvert par un chercheur japonais) dénommé umami qui peut se traduire par gout délicieux. Donc cela serait l’inosinate de sodium, l’additif artisan de ce gout délicieux. Ces trois additifs sont fréquemment combinés pour en accroître l’efficacité. Ils sont systématiquement présents dans les cubes bouillons.

Les aromes sont des substances chimiques que l’on introduit dans les aliments pour leur donner un goût ou une odeur particulière. Les aromes ne sont pas considérés comme des additifs par la règlementation européenne. On peut trouver des produits sans additifs alimentaires mais qui contiennent des arômes. On distingue les aromes « sucrés » rassemblant les arômes de fruits et divers autres produits dont le miel, la vanille, le café, le caramel et les aromes « salés » qui proviennent soit des végétaux (bulbes, fruits, épices) ou animaux (viande, poissons, lait).

Les Protéines végétales hydrolysées (HVP) sont des substances obtenues par une réaction chimique à partir de maïs, de soja ou encore de blé. On obtient des protéines avec un léger gout de viande.

 Elles jouent le rôle d’un  exhausteur de gout dans les aliments transformés.

Les extraits de levures sont obtenus à partir de la levure, c’est-à-dire de microorganismes (champignons) capables de provoquer une fermentation de matières organiques végétales ou animales. Ces levures permettent aussi d’obtenir du glutamate de sodium. Les fabricants de produits alimentaires utilisent de l’extrait de levure pour éviter indiquer « glutamate monosodique » dans la liste des ingrédients.

 Les épices des substances végétales utilisées pour donner du « goût » aux aliments. Parmi les épices, on trouve le gingembre, l’ail, le piment, la cannelle, le curcuma et de nombreuses graines : aneth, anis, poivre, badiane (ou anis étoilé), clou de girofle, etc.

Paradoxe

Un tel produit de masse draine forcément derrière lui plusieurs histoires, plusieurs légendes. Au début des années 2000 et comme l’avait montré un feuilleton nigérian, on racontait, par exemple à Brazzaville, que le cube dissous dans la bière donnait un breuvage capable de donner la mort. La rumeur s’est tellement propagée qu’elle a fait fléchir les ventes au Congo. Au Mali, le « Maggi » est accusé de provoquer une baisse de la libido au point d’être banni dans certains foyers. En République démocratique du Congo enfin, de jeunes filles utiliseraient le cube en suppositoire… afin d’arrondir leur postérieur. Ce qui est sûr et même fréquent, c’est d’utiliser le cube (vendu à l’unité) en guise de monnaie puisque son prix n’excède jamais quelques dizaines de centimes.

Mais le scandale n’en serait peut-être pas un si les choses s’arrêtaient là. Evidemment, ces bouillons carrés de légumes ou d’animaux sont issus d’un processus industriel recherché et contiennent de nombreux ingrédients, parfois aberrants, comme une énorme quantité de sel ou du glutamate monosodique (additif alimentaire exhausteur de goût composé de féculent et de sucre, favorisant l’obésité). D’ailleurs, la plupart de ces petits cubes c o n t i e n n e n t plus de 15 ingrédients différents, et pas des plus sains : aromes artificiels, produits synthétiques, additifs alimentaires etc. !

De quoi faire sourciller, d’autant plus dans une ère où les scandales alimentaires poussent à faire davantage attention à ce qu’est destiné à l’organisme humain au quotidien. Pourtant, aucune étude détaillée n’a été publiée dans ce domaine, aucun contrôle réel n’est effectué… d’aucuns l’expliquent par la pression des industries ou par la complicité de certains Etats… Quoi qu’il en soit, ces cubes sont des « bombes industrielles » qui détériorent la santé petit à petit.

Au Bénin, au Mali ou au Sénégal, ces cubes sont même utilisés pour castrer les bœufs ou les moutons, l’effet étant, dit-on, quasi immédiat. Si la rapidité du « traitement » peut être remise en cause, il est pourtant admis que ces cubes favorisent la stérilité des animaux. Pourquoi en serait-il différent pour les humains ?

Des risques très élevés

Il est ressorti de différentes communications que le Glutamate mono sodique (GMS) est abusivement utilisé dans les additifs alimentaires et sans le moindre contrôle.

Ce, aussi bien dans les produits d’importation que de fabrication locale. Des chercheurs ont déploré la timidité, voire l’absence de contrôles à ce niveau. Déjà même à faible dose, le produit n’est pas sans danger à long terme.

Selon des témoignages, certains experts l’ont utilisé dans leurs labos en vue de rendre les souris obèses dans le cadre strict de leurs travaux sur le diabète. En clair, ils rendent les souris obèses en leur inculquant le Glutamate afin d’observer l’effet de l’insuline. Ces rongeurs sont appelés « RATS TRAITÉS AU MSG».

 L’on comprend dès lors pourquoi en Afrique Centrale en l’occurrence en République Démocratique du Congo, des femmes l’utilisent par voie anale, non sans danger, pour rendre leurs fesses plus rondes et plus rebondies. Le phénomène de l’utilisation des produits miracles pour avoir de belles fesses prend de l’ampleur tout comme la dépigmentation qui est devenue aujourd’hui un fait banal malgré les dangers surtout que les autorités ne prennent aucune mesure pour y mettre fin.

D’autres témoignages émanant de vétérinaires révèlent qu’à forte dose, le Glutamate mono sodique est utilisé dans les milieux paysans pour castrer les bœufs de labours. L’effet, dit-on, est immédiat ! Il faut dire, en tout état de cause et au regard de l’ampleur du danger, que les participants  ont suggéré aux plus hautes autorités du pays, la moralisation de ce produit dans les additifs alimentaires abusivement appelés «cubes » et/ou « aromes-Maggi ». Ces produits restent avant tout des marques déposées ayant donné leur nom à tous les autres exhausteurs de goût.

La réaction des fabricants

Il ressort des confidences recueillies auprès des organisateurs d’atelier, que les industries agro-alimentaires et celles évoluant dans les additifs alimentaires en l’occurrence, se sont fermement opposées à la publication du fameux rapport. Arguant, dans un premier temps n’avoir pas été impliquées dans les travaux et mettant ensuite en garde contre le chômage d’une éventuelle réticence qu’auraient éventuellement les consommateurs pour leurs produits.

Le seul de leur argument ayant véritablement prévalu est que le Glutamate mono sodique dont il est question est bien et bel autorisé dans toutes les industries agro-alimentaires du monde, y compris en France, aux Etats-Unis… En somme, aucun pays n’a encore interdit cette substance qui plus est, s’avère naturelle.

À l’Agence nationale sur la sécurité des aliments, on a tenu à édifier, bien entendu, dans l’anonymat : « Le Glutamate est en effet autorisé en France comme aux Etats-Unis, mais sous conditions avec des dosages bien réglementés et contrôlés. Il existe  ici des quantités maximales et minimales autorisées selon les types d’aliments.

À cause du tollé soulevé contre le glutamate aux Etats-Unis certains restaurants asiatiques furent contraints d’afficher la note «NO MSG HERE»!! » (Pas de Glutamate ici !). Comme pour dire que l’argument des fabricants ne tient qu’à un fil et que la pression exercée par les agro-alimentaires reste partout la même à travers le monde.

 Raymond Okeseleke

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