Culture

La musique GOSPEL mêlée à la rumba, au rap…, les chrétiens à la croisée des chemins

Le développement de la musique chrétienne et l’essor des groupes de louange suscitent un certain nombre de réflexions dans le Corps de Christ. Par définition, il ne devrait y avoir que de bonnes choses à dire à propos de ce phénomène : louer Dieu, chanter la gloire de Dieu; mais une observation attentive fait apparaître de plus en plus de désaccords de fond avec la Parole de Dieu et il devient nécessaire de poser de vraies questions, tout en se gardant de prises de positions personnelles. La musique est un pouvoir et a un pouvoir. Cela, pour le cas de la République Démocratique du Congo, est plus que manifeste. La musique populaire, au-delà de ses fonctions ludique et sociale, exerce une influence sur la vie des individus.

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Sous ces trois mots «musiques actuelles chrétiennes», on désigne habituellement les chansons d’inspiration chrétienne, dont le langage musical emprunte différents styles de musique populaire : rock, reggae, blues, électro, latino, pop music, etc… Courant que l’on nomme aussi parfois «rock chrétien» ou «pop louange».

 Phénomène, relativement récent, qui a pris de l’ampleur autour des années 2000. La plupart du temps, il s’agit essentiellement de groupes embrassés par des chanteurs isolés s’inscrivant dans un courant confusionnel (Frère Patrice, Thomas Lokofe, Denis Ngonde, Charles Mombaya, Mike Kalambay, Marie Misamu, L’Or Mbongo, Matou Samuel, Micheline Shabani…).

Confusion apparente

On pourrait distinguer grosso modo trois courants, que l’on peut parfois rencontrer dans un même groupe/chanteur : 1) La «pop louange» : des chansons qui visent (souvent dans un rassemblement) l’animation d’une prière de louange -¬ surtout Glorious, Exo, parfois Agapê. On reconnaît ces chansons par leur vocabulaire, essentiellement articulé autour des mots louer, bénir, adorer, alléluia, etc…

  Le Ndombolo. Si cette identité de la musique congolaise a reçu une gifle de la part des musiciens « typiques », « mondains » ou populaires, la musique dite chrétienne s’est aussi professionnalisée dans ce genre de style qui, jadis, n’était que l’affaire de Werra, JB, Fally, Zaïko, Papa Wemba, Koffi,… Frère Patrice Ngoy Musoko, Les Tumbishayi, Mike Kalambayi, Franck Mulaja, Pasteur Luva, … ont pas mal excellés.

Des titres comme « Mal à l’aise », « Pasteur patron »,… Ici, le ndombolo est roi. Dans le langage des frères-musiciens, la phrase biblique couramment prononcée reste : « toutes les danses viennent du ciel ». Toutes les incriminations réservées aux musiciens dits mondains ont valu également pour les chantres chrétiens. Dans les bars et terrasses de Kinshasa, les génériques de Frère Patrice font des émules.

 A ce niveau aussi, les exemples sont légion ; « Toukou toukou », « Malewa 1, 2, 3, 4, 5… mécanique ou auto », la bande d’annonce de l’album « millionnaire » de Karma Pa rivalisent d’ardeur. A l’époque de Maman Angebi ou Maman Kanzaku, la musique chrétienne était présentée autrement ; « Tala tina ngayi nalingaka nkolo yasu » du Frère Mente, qui est considéré comme le précurseur de cette vague. «Okomi kolata ba bijoux, nzoto. Ah nzoto ! osengi nga bilamba ya wax, nzoto », chantait le Frère Blaise Sakila de son vivant. « Ooh ! ngebe, ngebe ooh ! ngebe », « olobi yo olingi yesu, yo ozali koyiba » de Frère Patrice Ngoyi, « Jesus, libérez-moi misérable afin que les chaînes tombent pour que je sois délivré. Jérusalem mboka ya sika » du couple Buloba,… « Ce qui est sûr, le couple Buloba n’a pas « ndombolisé » le coin ». Et de renchérir , le Ndombolo, est devenu le genre nouveau adopté par les musiciens chrétiens jeunes.

Il n’en reste pas moins que la RDC a traversé une période de confusion apparente. Les musiciens chrétiens sont très visibles dans des concerts sponsorisés, se traduisant par les «mabanga», guitare solo, recherche de qualité artistique, seben,…

Un brin d’histoire

Aussi loin que l’on puisse remonter dans l’histoire de la musique, Dieu a toujours été invoqué, chanté, glorifié, interpellé. «Nkundi» de Mgr Batantu, archevêque de Brazzaville dans les années 1960, «Tokosenga na Nzambe» de Ntesa Dalienst et «Nakomitunaka» de Verckys Kiamwangana plus près de nous sont, parmi les centaines de titres qui évoquent Dieu.

Ces chansons imprégnées de mystique religieuse sont exécutées par des musiciens profanes. Ceci montre la difficulté d’établir, dans l’absolu, une ligne de démarcation entre d’une part, la musique profane et la musique sacrée, d’autre part. Ceci s’explique par le fait que le peuple congolais est profondément religieux.

La musique chrétienne contemporaine regroupe divers styles qui se sont développés aussi bien à l’extérieur de diverses communautés qu’à l’intérieur de cellesci ; du Rock chrétien au Hip-hop chrétien en passant par le « Soucous » chrétien ou encore la « Rumba » chrétienne.

Dans les années 1980 et 1990, la musique chrétienne contemporaine a pris une place considérable dans les cultes chrétiens évangéliques ou des églises de réveil. Une grande variété de styles musicaux a développé la louange traditionnelle.

Depuis longtemps, la musique des variétés dans son écriture et son animation, a également subi l’influence de la musique dite biblique. Cela prouve que les musiciens mondains font toujours attention au sacré. Dans son essence, la musique chrétienne s’inspire de la parole divine en plaçant le Christ au centre de tous les thèmes richement variés, contrairement à ce qui est produit présentement.

 Aujourd’hui, cette musique est devenue un véritable phénomène social, pendant que la musique mondaine pose des problèmes sans les résoudre, et pour des visées commerciales, les groupes musicaux chrétiens et notamment Terre Promise, Tumbishayi, Les Chérubins, Vox Dei, Les Moissonneurs, et tant d’autres orchestres, ne font plus la musique religieuse ou chrétienne, mais plutôt celle de variétés.

Ils se rallient à la musique des animateurs dits « atalaku », et copient les rythmes, les partitions de la guitare solo, les cris, les danses, etc. de la musique mondaine. Il apparait difficile de se reconnaître lorsqu’on les écoute. Sur le plan qualitatif, l’avenir n’est pas prometteur pour la musique chrétienne d’aujourd’hui.

Elle n’est plus de bonne facture. On n’entend plus des mélodies mélancoliques du genre «Elikia na ngai» de Denis Ngonde ou «Tala tina» de Frère Mente. Et aussi, la plupart des musiciens d’aujourd’hui ne font plus la gloire de Dieu. Ce qui dénote une rupture avec l’ancienne musique chrétienne.

De la Musique profane à la musique religieuse, il n’y a eu qu’un pas

La musique religieuse fut la vache laitière de la musique mondaine. De nos jours, c’est le mouvement contraire qui s’observe. De nombreux albums consacrés à la chanson chrétienne sont mis sur le marché parmi lesquels celui d’Annie Ngwe Mobejo en 1994, qui chante le «Roi vainqueur» avec la participation de Debaba El Shabab, reconverti avec le titre «Senzelaka».

Des cas célèbres de conversion des musiciens profanes abondent dans les annales de la musique religieuse dite chrétienne : Antoinette Etisomba Lokindji, Mopéro Wa Maloba, ancien leader de l’orchestre Shama Shama, Kiese Diambu, ancien des Grands Maquisards, de l’Afrisa International et de l’O. K Jazz, Djonita Abanita, Zobena X-Or, ancien de Choc Stars, Debaba Dieka Mbaki, ancien de Viva La Musica et de Choc Stars, Lassa Carlito, ancien de l’O.K Jazz et de Choc Stars, André Bimi Ombale, ancien de Zaïko Langa Langa, de Za’iko Familia Déi et de Basilique Loningisa, Feza Shamamba, Michel Ndouniama, ancien de Bilenge Sakana, Jolie Detta, Charles Tchikou, pour ne citer que ceux-là, qui ont décidé de passer du profane au sacré au grand désespoir de leurs fans.

A écouter ces chansons dans la nouvelle chapelle de ces artistes – musiciens, on a l’impression que soudain, par ces conversions aussi brutales qu’inattendues, leur source d’inspiration a tari.

Parallèlement à la musique d’agrément, la musique profane a représenté la composante religieuse bien organisée et en pleine évolution chez les Catholiques et les Protestants. Une musique qui a trait à des chorales à plusieurs voix dont la nature chez les Catholiques épousait les chants grégoriens en latin ou des chorales essentiellement marquées par le chant en langues vernaculaires.

Ces chorales ont connu successivement un accompagnement de l’orgue, puis de la guitare, de l’accordéon et d’autres instruments avec lesquels s’accompagnaient les chanteurs.

Expansion et exagérations

Phénomène récent dans l’histoire de l’Église, on assiste à l’avènement d’un certain type de musique chrétienne depuis une vingtaine d’années, durant lesquelles sont apparues des productions diverses, accompagnées d’une popularité nouvelle et dont le succès s’affirme de plus en plus.

Sur le plan de l’expansion, les choses semblent être conformes à cette prédiction, et le succès grandissant de la musique chrétienne n’est sans doute pas sans impact dans une certaine forme d’évangélisation, mais sans commune mesure (pour l’instant) avec l’hypothèse d’un réveil mondial.

 Raymond Befonda

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