Parlons maintenant des finances à l’IGF. Vous avez dit que vous faites le contrôle dans les entreprises et vous ne bénéficiez de rien sur cet argent mais c’est pour reconstruire le pays. Avez-vous des pourcentages ? J’ai lu l’Ordonnance présidentielle de septembre 2020 où le Chef de l’Etat dit que vous bénéficiez de 10% sur l’ensemble de rétrocessions payées aux administrations financières et 5% des résultats de vos missions en plus d’autres avantages, allocations ou primes.
Allant plus loin, j’ai lu un rapport de l’ODEP qui dit fin octobre 2021, l’IGF a bénéficié de 26 millions de dollars américains. Octobre 2022, l’IGF va bénéficier d’un fonds spécial d’intervention évalué à 35 millions de dollars américains.
Si vous ne m’aviez pas posé cette question, je n’aurais pas pu me réjouir et j’aurais trouvé que cette interview n’a servi à rien.
Ces chiffres sont-ils vrais ?
On va en arriver là. Vous savez, en ce qui concerne ces ONG que j’appelle « ONG politiques », je ne souhaiterais pas discuter avec eux en matière des choses qu’ils ne maitrisent pas. Je ne sais pas qui rédige ces rapports peut être des sociologues, les politologues, les historiens ou les géologues car je ne pense que ces personnes soient des experts en finances publiques. J’assume ce que je dis !
Pour votre information, jusqu’au moment où nous parlons, la rétrocession pour toutes les régies pour le mois de septembre n’est pas encore payée. Le dernier mois où les régies et l’Inspection Générale des Finances, avions bénéficié d’une rétrocession, était le mois d’août.
Quand ils parlent c’est juste pour alarmer les Congolais inutilement. Demandez aux régies, allez aux finances, allez à la Banque Centrale, le dernier mois de paie c’est le mois d’Août.
Deuxièmement, sachez qu’avant l’Ordonnance de 2020 qui octroie 10% des rétrocessions attribuées aux régies financières, nous avions une ordonnance qui nous donnait droit à 1% de l’ensemble des recettes budgétaires mobilisées. Le Président de la République a jugé important le 1% de l’ensemble des recettes budgétaires. 2020 étant la période de conjoncture suite à la crise sanitaire de la covid-19, il a modifié ses avantages nous concernant. Si vous suivez les coefficients, parce que c’est une matière technique, prenez le coefficient de rétrocession sur le nombre du personnel, vous remarquerez que nous sommes les moins rémunérés.
C’est-à-dire, à l’Inspection Générale des Finances, le coefficient de rapport entre la rétrocession et le nombre du personnel géré, par rapport à d’autres régies, nous sommes les moins rémunérés.
Cela vous donne-t-il le droit de toucher au-delà des millions ?
Oui, parce que nous sommes un service supérieur de contrôle. Deuxièmement, dans les services de contrôle, la prédation s’était beaucoup infiltrée. Beaucoup ignorent le rôle des services de contrôle. Allez aux Etats-Unis ou en France, partout où il y a des services de contrôle, vous verrez le budget des services de contrôle. Vous ne pouvez pas lutter contre le détournement ou la fraude si vous êtes des personnes exposées aux besoins primaires. Cette lutte sera nulle.
Pour que vous ne soyez pas exposés, on doit vous donner 35 millions ?
Non, ce n’est même pas 35 millions, ce sont des racontars. C’est eux qui ont écrit 35 millions. Nous avons 10% de la rétrocession accordée aux régies tous les mois. Les instructions budgétaires signées par le Ministre ayant le budget dans ses attributions précisent que 60% de ce montant est destiné à la motivation du personnel, 20% est destiné à l’investissement et les 20 derniers au fonctionnement.
Moi je suis appelé à appliquer les lois et règlements en matière des finances publiques. Si on me donnait X montant, je sais que 60% est destiné aux inspecteurs en termes de motivation, primes et autres avantages. Je ne verrais rien de mal pour les leur remettre afin de mieux travailler. Ce n’est pas seulement les inspecteurs, y compris le personnel administratif. 20% pour l’investissement et 20% pour le fonctionnement.
Ces ONG ont étonné, elles pensent que si par exemple par mois le Gouvernement donne 1.500.000 dollars, les 900.000 dollars sont destinés aux inspecteurs et le personnel, 300.000 dollars pour l’investissement.
Qu’avez-vous déjà investi ? Seulement l’amphithéâtre Felix TSHISEKEDI ?
Pour votre information, l’Inspection Générale des Finances, sur fonds propres, va ériger bientôt dans les tout prochains jours, un bâtiment de 7 niveaux. Nous sommes de ceux-là qui respectent les principes des finances publiques et les lois. Si on nous dit investissement, c’est investissement.
Les derniers 300.000 dollars sont destinés au fonctionnement de l’Inspection. Par fonctionnement, retenez ceci : à l’heure actuelle, nous avons 40 inspecteurs à l’intérieur du pays. Dans la province du Lualaba, à Lubumbashi, Boma et Matadi. C’est depuis le début de l’année. Pouvez-vous calculer par mois les frais de mission de ces 40 inspecteurs ? Vous verrez combien ça coûte. Calculez leurs logements, vous saurez combien ça coûte d’envoyer 40 inspecteurs à l’intérieur du pays pendant une année. Depuis le mois de janvier, on les alterne pour leur permettre de renouer avec leurs familles, ce sont des gens qui se sacrifient.
Les résultats qui vous réjouissent aujourd’hui sur l’augmentation des recettes, ne croyez pas que c’est un miracle. Nous ne sommes pas dans le domaine de miracle mais du travail. Il y a des gens qui ont laissé leurs familles pendant trois ou quatre mois, ils doivent être payés et logés.
Mais les militaires qui sont au front, eux aussi abandonnent leurs foyers, mais ils ne sont pas aussi cher payés que les inspecteurs ? Ne pensez-vous pas que vous êtes chèrement payés ? Vous pensez que 35 millions c’est rien, vous vouliez combien ?
Mais ce sont vos brailleurs qui parlent de 35 millions, pas moi.
C’est tout le monde qui se sacrifie dans ce pays, pourquoi ne pas baisser un peu ?
Je ne sais pas si vous tombez dans le piège des personnes qui ont détruit la fonction contrôle dans ce pays pour perpétuer la prédation. Vous voyez toutes les statistiques que vous aurez, toutes les révélations que vous aurez, la période la plus monstrueuse en termes de détournement c’est de 2010 à 2019. La fonction contrôle a été neutralisée pendant cette période.
Il y a des gens dans ce pays qui parlaient de la bonne gouvernance, où avez-vous une bonne gouvernance sans contrôle ? Ça n’existe nulle part dans le monde. La bonne gouvernance a comme un des piliers essentiels, le contrôle. Vous paralysez le contrôle, vous neutralisez les institutions de contrôle. L’IGF n’obtenait qu’une fois sur 12 mois les frais de service, pouviez-vous compter sur un tel service ? Qui manque des frais de mission ni des papiers ?
Nous avons trouvé ici des inspecteurs à qui on remettait un ordre de mission pour une mission à Lubumbashi, et on lui demande de trouver lui-même l’argent du billet et les frais de mission. Vous vous attendez à quoi ?
Aujourd’hui, le résultat que vous voyez, ce n’est pas un miracle. Si vous voulez avoir les résultats, il faut mettre en place les moyens.
Comme ils ont échoué dans leur campagne de distiller des mauvaises informations, des mauvaises définitions, nous leur avons recadré pour leur dire qu’ils ne savent pas ce que signifie le dépassement budgétaire, allez faire l’histoire ou la géographie. En ce qui concerne les finances publiques, vous ne les maitrisez pas. Comme ils ont perdu sur ce terrain scientifique, ils ont amené cela comme étant un problème de Jules Alingete.
Cela vous fait mal parce qu’ils ont sorti les chiffres que vous touchez ?
Ça ne me fait pas mal. Ne dites pas que c’est moi, c’est toute l’Inspection Générale des Finances et ce n’est pas assez.
Par rapport à quoi, ce n’est pas assez ? Par rapport au Congo, aux dépenses, aux salaires ?
Qu’est-ce que ça vaut par rapport à un travail que nous faisons avec les régies et les autres où aujourd’hui nous sommes passés de 300 millions à 500 ou 600 millions par mois. Qu’est-ce que ça vaut, sur les 600 millions et que le Gouvernement donne à l’Inspection Générale des Finances 1 million de dollars pour motiver les inspecteurs et fonctionnaires ? Ce ne sont que des critiques des ONG politiques qui sont déboussolées dans leur campagne qu’ils avaient tenté d’orchestrer et qu’ils ont échoué. Je ne peux pas aller dans ces genres de débats. Pourquoi n’engagent-ils pas de débats sur les frais de fonctionnement des régies ? Connaissez-vous les frais de fonctionnement du FONER, de la SNEL ? Savez-vous ce que ça représente ? Qu’ils aillent vérifier et ils sauront. Ils ont tout simplement voulu distiller dans l’opinion…
Nous réclamons plus que ça. Le travail que l’Inspection Générale des Finances fait, à certains moments, vous n’aurez pas pu le faire. Non parce que vous n’êtes pas du domaine, mais à cause des risques à courir.
Savez-vous à qui nous avons affaire ?
Mais les soldats aussi se sacrifient mais ils gagnent moins de 100$ ?
Je ne dis pas que ce qu’on les paie est assez, non. C’est peu. Il faudrait même améliorer cela. C’est tout à fait normal car tous nous militons pour ça.
Je vais vous dire une chose, le travail que nous faisons de lutter contre les prédateurs, mobiliser les recettes, nous avons perdu nos vies privées. Le savez-vous ?
Une personne comme moi, je ne peux entrer dans un restaurant. Je n’ai pas une vie publique.
Pourquoi ? Etes-vous victimes de menaces de mort, d’empoisonnement ?
Non. Ce sont des précautions d’usage parce qu’il faut savoir qu’en matière de détournement, il y a toujours 20 personnes derrière puisque c’est une affaire de plusieurs personnes. Comme au Ministère de Culture et arts, combien ont bénéficié de ce détournement que moi je ne connais pas ?
Qui contrôle alors l’argent qu’on vous donne ? Les 1.500.000 dollars. Qui s’assure que les 20% est réellement le montant affecté dans l’investissement ? Qu’est-ce qui nous garantit que vous qui prêchez la bonne gouvernance l’appliquez réellement ici à l’IGF ?
Le Secrétaire général aux finances a affecté un comptable à l’Inspection Générale des Finances, c’est lui qui prend tous les fonds destinés à l’Inspection Générale des Finances. Envoyez aussi des contrôleurs des finances. Ils ont des accises sur les comptables de l’IGF, envoyez-les. A la fin de 2020, les contrôleurs des finances étaient venus, ils ont contrôlé notre bureau comptable pour connaitre l’utilisation de l’argent arrivé à l’Inspection, qu’ils vous donnent aussi le rapport.
Au courant de cette année, les contrôleurs des finances étaient venus parce que notre comptable est aussi sous contrôle des contrôleurs des finances. Qu’ils viennent.
Le bureau comptable est là, il leur dira s’il avait perçu combien. Les pièces de l’utilisation sont là. Ne pensez pas que nous sommes à l’abri du Contrôle. D’ailleurs, je peux dire que nous sommes un modèle de gestion publique.
Laissez-vous les autres parler à votre place.
Le contrôle a été fait l’année passée, cette année aussi. Nous leur donnons toutes les pièces quand ils les réclament. Nous ne cachons rien !