Lors du dernier conseil des ministres tenu, le vendredi 18 février 2022, et présidé par le président de la République, Félix Tshisekedi, ce dernier a déploré le fait que le projet de construction de la ligne de transport du courant électrique à haute tension de 72 kilovolts de la Centrale hydroélectrique de Lungudi n’ait connu aucun brin de commencement depuis la signature du contrat en 2011.
« Il a instruit le ministre des Ressources Hydrauliques et Électricité, en collaboration avec les ministres du Budget et celui des Finances ainsi que le gouverneur de province du Kasaï, d’examiner et d’actualiser en urgence ce projet pour lequel il attend un rapport clair au conseil des ministres. », rapporte le compte-rendu du gouvernement.
Cet exemple évoqué par Félix Tshisekedi n’est qu’une face visible de l’iceberg. Plusieurs projets lancés parfois avec pompe sont, en effet, restés sans un réel suivi de la part des autorités.
Des décisions sans suite ?
Aux petites heures de la matinée de mercredi 2 février 2022, alors qu’il pleuvinait encore après une averse ayant arrosé une bonne partie de la nuit, un drame s’est produit au marché Matadi Kibala, dans la périphérie Ouest de la ville de Kinshasa. Un câble électrique de la ligne haute tension s’est sectionné à la suite de l’onde de choc provoquée par la foudre, au milieu de la pluie diluvienne. En retombant, ce fil électrique a provoqué l’électrocution des commerçants et autres usagers de la route qui fourmillaient – les pieds dans la boue – sous ces lignes électriques à haut risque. Bilan : 25 morts.
Ce marché anarchique était pourtant visé par le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. Lors de la 35ème réunion du conseil des ministres, le président de la République avait demandé sa délocalisation. Il avait interpelé le gouvernement sur la problématique de la position actuelle de ce marché situé sur la Route nationale N°1. Sa localisation mais aussi son fonctionnement actuel causait un engorgement « inacceptable » de l’axe Kinshasa-Matadi qui met quotidiennement en danger la vie de ceux qui fréquentent ce lieu.
Comme une sorte de prémonition, près d’un mois après cette interpellation, le drame s’est produit. La décision du chef de l’Etat prise depuis le 8 janvier dernier s’était-elle fait suivre des actes de la part du gouvernement ? C’est la grande question. Y-a-t-il eu négligence de la part de ceux qui devaient appliquer une telle décision ? La question reste encore posée.
Projet « Kinshasa Solar City » sans suite !
A l’instar du marché Matadi Kibala, plusieurs autres décisions ou projets souffrent d’un problème de suivi en République démocratique du Congo. A titre d’exemple, depuis que le président Félix Tshisekedi a procédé à la pose de la première pierre des travaux de construction de la centrale solaire photovoltaïque de Maluku, aucun suivi n’est fait à ce jour. Le site devant accueillir ce centre énergétique demeure toujours dans le même état laissé par le chef de l’Etat, le 19 août 2020, jour du lancement de ce chantier.
La construction de cette centrale avait été accordée à la société « Sun Plus », une filiale de l’entreprise « The Sandi Group », qui devrait travailler en partenariat avec la ville de Kinshasa et la Société Nationale d’Électricité (SNEL). La finalité de ce partenariat, dénommé « Kinshasa Solar City », était celle de mettre sur pied une station d’alimentation et de distribution en énergie solaire dans la capitale congolaise. Grâce à cette énergie, diverses zones non électrifiées et celles connaissant une insuffisance d’énergie devraient être desservies. Mais à ce jour, aucun suivi sérieux n’est fait. Et les autorités compétentes, notamment celles de la ville capitale ne communiquent pas sur ce projet.
Projet « Kinshasa Zéro trou »
Lancé avec pompe par le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, le 14 octobre 2021, le projet « Kinshasa Zéro trou » piétine depuis plusieurs jours. Sur l’avenue Nguma, dans la commune de Ngaliema, plusieurs nids de poule sont encore visibles alors que le projet devait aussi passer par là. Dans un premier volet, ce projet prévoyait le colmatage de 19 artères de la ville puis 27 autres suivront. Mais à ce jour, dans certains coins, les travaux sont à l’arrêt et dans d’autres coins de la ville, ils tournent au ralenti. La cause ? Un faible décaissement de fonds alloués pour ces travaux. Sur un total de 38 millions de dollars prévus, seuls 5 millions ont été décaissés avant le début de l’année 2022.
Il en est de même pour le projet 100 jours du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. Aujourd’hui, sur son volet logement, personne ne peut décrire avec exactitude la situation des maisons préfabriquées érigées au Camp Tshatshi et celles bloquées dans différents sites à l’intérieur du pays ou dans des ports voisins, notamment à Lobito, en Angola et à Dar Es Salam, en Tanzanie. Un véritable problème de suivi !
Sous Joseph Kabila, une pose de la première pour la construction dela nouvelle aérogare de l’aéroport de N’djili avait eu lieu début mai 2018. Ce nouveau complexe aéroportuaire devrait accueillir environ 3 millions de passagers par an. Des travaux qui devraient durer 36 mois n’ont jamais réellement commencé. Jusqu’à ce jour, ce projet est pour le moment, dans les oubliettes. Ce qui fait dire à un internaute que toutes ces pierres posées par des dirigeants pouvaient bien arriver à construire une maison de chambre-salon.
Heshima