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Soraya Aziz Une des révélations des mouvements citoyens

Combattre dans une arène politique, sans être forcément politicienne, pour une femme, cela requiert beaucoup de courage. Soraya Aziz Souleymane l’a appris à ses dépens.

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Entre 2015 et 2016, le pays est secoué par des tensions liées à des intentions prêtées au président de la République de l’époque, Joseph Kabila, de vouloir s’éterniser au pouvoir alors qu’il achevait son second et dernier mandat. Une grande opposition s’est organisée aussi bien du côté politique que dans la société civile. C’est à ce moment-là qu’un nom émerge des réseaux sociaux : Soraya Aziz. Celle qui milite au sein du mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) va faire de son compte Twitter un véritable outil de résistance à ce glissement des dates des échéances électorales devant consacrer l’alternance au sommet de l’Etat congolais.       « Depuis 2011, au lendemain de la proclamation des résultats de la présidentielle en RDC, je me suis engagée dans la promotion des droits socio-économiques et, plus tard, des droits humains, droits civils et politiques. Mon engagement s’est surtout exprimé dans le mouvement citoyen Lutte pour le Changement dont j’ai été membre de 2013 à 2018.», raconte-t-elle à Heshima Magazine.

Habitée par le souci de voir la population congolaise vivre un bien-être qui peinait toujours à se réaliser, Soraya Aziz s’est jetée dans l’arène pour se battre en faveur du changement. « Je sentais qu’il fallait un changement de régime politique (et depuis 2016, un retour à l’ordre constitutionnel) pour que le changement socioéconomique se matérialise. », explique-telle.

Un engagement non sans risque !

En montrant un tel engagement civique, Soraya Aziz ne savait pas ce qui l’attendait… Son engagement a été non sans risque. « J’ai rencontré plusieurs barrières individuelles (de la part des collègues et des parties prenantes) et des barrières institutionnelles. », avoue-t-elle. Selon elle, certaines personnes supportent que des femmes s’engagent pour réclamer leurs propres droits plutôt que dans d’autres combats tels que la politique.

« Les femmes engagées pour la promotion des droits autres que les droits de la femme et des enfants sont vues comme des rebelles, comme des femmes qui sont allées au-delà de leurs compétences et des secteurs leur réservés. », analyse-t-elle. Face à cette intolérance, Soraya Aziz sera la cible de certaines officines. Des « punitions pour me remettre à ma place », les qualifie-t-elle.

Evoquant des « licenciements abusifs » et « harcèlements sexuels ». Mais ces attaques ne s’arrêteront pas en si bon chemin. Comme il en est de coutume depuis l’avènement des réseaux sociaux, elle a été victime des publications « dégradantes ». Une façon de la faire taire. « Mais loin de me décourager, poursuit-elle, cela m’a poussé à exceller et à ouvrir la porte à plus de femmes partout où je suis passée. »

L’après 2018…

Même si après ce combat, Soraya – originaire du territoire de Fizi, dans la province du Sud-Kivu par son père et Miabi (Kasai oriental) par sa mère – s’est approchée du secteur public en intégrant l’Agence Nationale de l’Electrification et des services  énergétiques en milieux ruraux et périurbains (ANSER). Dans cette structure où elle s’occupe des partenariats depuis 2 ans, elle continue de garder un oeil sur le secteur du développement communautaire dans lequel elle oeuvrait depuis 20 ans. « Aujourd’hui, je vise un poste de direction à l’ANSER et pourquoi pas plus haut dans l’administration nationale, tant que c’est en lien avec mon expérience et mes compétences.», ambitionne-t-elle.

Mais dans ce rêve, Soraya n’oublie pas ses racines. Femme influente d’opinions politiques et sociales sur les réseaux sociaux, elle compte servir encore les communautés dans les milieux ruraux. « Me lancer plus sérieusement dans les activités agricoles. Je suis née et j’ai grandi en milieu rural. Je ne m’en suis éloignée que par la force des choses (insécurité, besoins académiques etc). Mais avec le temps, je sens que pour mieux servir les communautés rurales, il me faut une expérience immergée. Je dois redevenir une femme rurale et vaincre les challenges par ma propre expérience ».

Au-delà de cet aspect, elle veut voir d’autres femmes venues de l’intérieur du pays émerger et prendre une envergure nationale : « Aujourd’hui j’ai l’opportunité d’apporter moi aussi ma contribution et j’en suis reconnaissante. J’espère juste que je pourrais non seulement toucher la vie de plusieurs femmes mais aussi et surtout inspirer les jeunes femmes d’origine rurale à viser au-delà de leurs communautés et d’avoir une envergure nationale. A l’instar de Denise Nyakeru, Jeanine Mabunda, Eve Bazaiba, Marie Chantal Kaninda, Geneviève Inagosi, Marie-José Ikofu, Nzunzi wa Mbombo, Barbara Kanam et tant d’autres femmes de valeur qui m’inspirent et qui ne sont pas forcément nées à Kinshasa, ni avec une cuillère d’argent dans la bouche. Elles se sont battues et notre combat aujourd’hui s’inscrit dans ce sillage. » En étant chez ANSER, Soraya remercie Dieu, tellement elle échappe à des traitements humiliants qu’elle avait connus en étant militante. Elle est dans une entreprise qui valorise la femme ainsi que sa contribution au développement national. « Ça n’a pas toujours été le cas. Chez ANSER, il y a 50 % des femmes dont plusieurs à des positions techniques et des positions de décision. Les politiques de l’ANSER sont  ussi très équilibrées quand il s’agit du genre. On s’assure que les femmes bénéficient de nos projets tout autant que les hommes », a-t-elle assuré.

Dido Nsapu

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