Economie

Economie informelle: Femme congolaise, une actrice majeure

Si les femmes ne dominent pas l’économie informelle de la République démocratique du Congo, elles y jouent un rôle prépondérant. Dans tous les cas, elles sont dans presque tous les secteurs de la débrouille.

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 Des millions de Congolais dépendent généralement des échanges quotidiens ou du commerce de rue. Or, par rapport à cela, les femmes congolaises passent pour des vraies héroïnes. N’ayant généralement pas un grand moyen de subsistance, ces épouses, parfois mères de plusieurs enfants, compensent efficacement aux ressources déficitaires de leurs maris. 

Vivant à Kinshasa ou en provinces, les Congolaises quadrillent le secteur de l’économie informelle dans lequel elles mènent diverses activités : vendeuses de fruits saisonniers (mangues, avocats, oranges, ananas, papayes, …), vendeuses du pain, tenancières de restaurants de fortune et des bistrots, etc.

À Kinshasa, nombreuses sont celles qui vendent dans différents marchés : Matadi Kibala, Matete, Gambela, Somba Zikida, rond-point Ngaba, marché de la Liberté… Au marché de Matete, ce sont elles qui vendent les vivres frais dont du poisson, de la viande, voire les légumes. Elles s’occupent également de la vente des produits cosmétiques, de la lingerie… Certaines s’approvisionnent à la frontière de Lufu (Angola) pour venir vendre à Kinshasa. D’ailleurs, sur les 25 personnes qui ont trouvé la mort par électrocution au marché de Matadi Kibala début février, on a dénombré 23 femmes.

On retrouve aussi de Congolaises dans le domaine des petits métiers et services où elles évoluent comme coiffeuses, couturières… Il y a même des conductrices de taxis parmi elles. Sinon, il n’y a que quelques services où on ne les retrouve pas : la cordonnerie, la réparation des pneus, le lavage de véhicules, le chargement d’automobiles, l’ajustage, le cirage…

Economie informelle en RDC

 Selon le rapport national sur le développement humain 2014 (RNDH), le secteur informel intervient pour plus de 70 % dans les opérations de la vie socio-économique en République démocratique du Congo. C’est même le principal employeur.

Dans la capitale congolaise, par exemple, environ 75 % d’activités économiques sont informelles. C’est grâce à celles-ci que les femmes congolaises, considérées comme des piliers, maintiennent en vie leurs foyers, malgré une situation économique devenue fatale.

 Une stratégie de survie face à la pauvreté

Dans une situation de pauvreté extrême, où nouer les deux bouts est une véritable gageure, l’instinct de survie sauve. C’est justement à ce niveau que l’apport de la femme dans le domaine de l’économie informelle devient primordial.

 Selon la Banque mondiale, la RDC se situe au troisième rang mondial concernant le nombre de pauvres. 

On indique même que la situation s’est encore aggravée avec la pandémie de Covid-19. D’après les estimations, 73 % de sa population, soit 60 millions de personnes vivaient avec moins de 1,90 dollar par jour en 2018 (niveau fixé comme seuil de pauvreté international). La Banque mondiale rapporte qu’environ une personne sur six en situation d’extrême pauvreté en Afrique subsaharienne vit en RDC.

 Une situation tentaculaire 

La contribution de la femme congolaise dans le domaine de l’économie informelle est sans bornes. Dans l’exploitation minière artisanale où elles sont employées comme une main d’œuvre, les femmes sont un engrenage important car elles interviennent notamment dans le lavage, le broyage et le tamisage. 

Par ailleurs, si les épouses de fonctionnaires et agents de l’Etat ont prouvé leur bravoure, celles des épouses des cadres et agents des sociétés de l’Etat jadis prospères l’illustrent mieux. Celles-ci ont pris la relève de leurs maris dont les arriérés salariaux ont atteint un nombre impressionnant. Tel est le cas de la Société des Chemins de fer Uélé Fleuve (SCFUF), une voie ferrée partant d’Isiro (dans le Haut-Uélé) jusqu’à Bumba (dans le Mongala), en passant par Buta et Aketi (dans le Bas-Uélé). N’ayant plus touché leurs salaires depuis 1992, ce qui fait exactement 30 ans, les cadres et agents de cette société ont et continuent à être pris en charge par leurs épouses, grâce aux petits commerces… L’ex-ONATRA, la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) et bien d’autres sont dans la même situation, ou presque.

Toutefois, le fait que le secteur informel échappe au contrôle de l’Etat fait qu’il demeure difficile à organiser. Par conséquent, ceux et celles qui y émergent ne bénéficient d’aucune protection sociale ou de l’accès au crédit.

 Hubert MWIPATAYI

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