Le commandant du Service national, le Général major Jean-Pierre Kasongo Kabwik est en passe de réussir le plus difficile : la conversion des délinquants juvéniles appelés « Kuluna » en bâtisseurs de la République. Un travail salué par le président de la République, Félix A. Tshisekedi.
Mis en veilleuse depuis la mort de Laurent-Désiré Kabila, le Service national une structure dépendant de la Présidence de la République connait une seconde vie depuis 2018. Son réanimateur s’appelle : JeanPierre Kasongo Kabwik. Cet ancien Général de brigade nommé Général major au moment de sa reconduction au même poste en juillet 2020 par le président Félix Tshisekedi a réalisé des avancées notables à la tête de ce service depuis juillet 2018. Sa plus grande action sociale, est la transformation des délinquants juvéniles appelés communément « Kuluna » en bâtisseurs de la République. Nombreux de ces jeunes délinquants, presque indomptables dans les rues de Kinshasa ont finalement été domptés au centre pilote de Kaniama Kasese. Une transformation qui a séduit le chef de l’Etat.
En marge de la cérémonie d’échange des vœux organisée à Kinshasa, le 17 février 2022, avec les officiers supérieurs de l’Armée et de la Police nationale congolaise, le commandant suprême des Forces Armées de la RDC a dit toute son admiration au Général Jean-Pierre Kasongo Kabwik pour le travail abattu. « Je profite de l’occasion pour féliciter le Général Kasongo Kabwik (…) pour dire combien je vous admire mon Général. Et au nom de la République, je vous remercie pour tout ce que vous faites. », a déclaré Félix Tshisekedi.
Le président congolais a rappelé combien le travail qu’abat cet officier supérieur donne de l’espoir à des jeunes délinquants pourtant donnés pour « perdus » au départ. « Je resterai toujours attentif à vos besoins, à vos préoccupations pour vous accompagner dans ce que vous faites. Grâce à vous, des jeunes gens qui étaient donnés pour perdus ont pu retrouver un espoir, une identité, une certaine fierté de servir la nation parce qu’ils ont pu être formés au Service national. Ils ont pu être endoctrinés et formés à rendre service à la nation, à devenir utiles pour la nation. », a-t-il poursuivi.
Et le président Félix Tshisekedi de reconnaitre que grâce au Service national, ces jeunes gens qui, hier, donnaient des coups de machettes à la population, produisent, à ce jour, de très bonnes choses. « Et aujourd’hui, grâce à Dieu, grâce au Service national, et aux efforts du Général Kasongo, nous avons des jeunes gens prêts à servir et qui, d’ailleurs, produisent beaucoup de très bonnes choses. Je crois que vous avez dû vous en rendre compte à travers notamment les sacs de maïs qui ont été vendus à un prix vraiment dérisoire et très abordable pour vos familles respectives. Et il y a bien d’autres choses comme la fabrication des bancs qui vont pouvoir maintenant équiper toutes nos écoles et bien d’autres choses encore », a énuméré le commandant suprême des forces armées de la RDC. Ces félicitations, Jean Pierre Kasongo, les a reçues tout en étant débout, au moment des éloges, bouche et nez couverts d’un masque anti-Covid.
Partir de rien…
A son arrivée à la tête de ce service, Jean-Pierre Kasongo était parti de rien. Il a trouvé un personnel démotivé et la plupart des tracteurs en panne. Sans se décourager, il s’est mis à faire avec les moyens de bord. « Par exemple, sur trois tracteurs en panne, nous avons dû rassembler les pièces pour faire marcher un », se souvient-il. Dans des conditions difficiles, il a relancé les activités du service. Avec le commandant de la Police ville de Kinshasa, son homonyme, Sylvano Kasongo, ils vont lancer l’opération de transfèrement, en plusieurs vagues, de « Kuluna » à Kaniama-Kasese, dans la province du Haut-Lomami.
Kuluna et droits de l’homme
Subitement, l’opération de transfert de bandits urbains suscite la polémique lors de sa sixième vague. Le ministre des Droits humains, Albert Fabrice Puela, qualifiera de « relégation » des délinquants, en matière des droits de l’homme. La réaction de Jean-Pierre Kasongo Kabwik ne s’était pas fait attendre. Doué en communication, cet ancien secrétaire permanent de la Commission nationale de contrôle des armes légères et de petit calibre, n’avait pas tardé à apporter de la lumière à ce sujet. « Le centre n’est pas un mouroir. Ils n’ont jamais passé 24 heures sans manger et ils mangent trois fois par jour. Il y a parmi eux, ceux qui refusent actuellement de rentrer à Kinshasa. Ils bénéficient d’une formation et d’un encadrement. Dans le domaine sportif, on organise régulièrement des matches de football avec les villages voisins, c’est vraiment de la vie », avait-il éclairé en août 2021.
Dupliquer Kaniama Kasese
Le commandant du Service national a ouvert un nouveau site de production agricole au Sud-ouest du pays. Le centre de production agricole de Lovo, dans le territoire de Songololo, dans la province du Kongo Central, est un champ à perte de vue qui s’étend sur plusieurs hectares. Il s’agit du deuxième centre de production de maïs après le centre pilote de Kaniama Kasese. Tirant l’expérience de Kaniama Kasese, Lovo a été dupliqué pour lutter contre la carence en maïs dans la ville de Kinshasa et ses environs. « Comme Mbuji-Mayi, Kananga, Tshikapa sont «tombés», cette fois, c’est le tour de Kinshasa et Matadi qui vont «tomber». Donc, le Service national va ravitailler à gogo ce grand centre de consommation. Ce n’est qu’une année expérimentale. La vision du chef de l’Etat, nous sommes en train de la matérialiser, et voilà les résultats en si peu de temps… Donc, dans les deux prochaines années, je ne sais pas quoi ! Nous n’avons pas à envier le maïs produit en Afrique du sud… », avait-il déclaré en janvier 2021, en lançant la récolte d’une phase expérimentale de ce centre agricole.
Du côté de l’encadrement des « Kuluna », les résultats sont aussi satisfaisants. Le tout premier bataillon de ces délinquants, partis pour Kaniama Kasese, abat un travail de qualité. « Nous sommes capables de fabriquer 1000 bancs scolaires par mois. Et ce, avec seulement le premier bataillon et non l’ensemble du régiment qui est en formation. Quand vous faites les calculs, ces 1000 bancs, c’est pour scolariser 3000 élèves. S’ils ont deux vacations, et donc 3000 élèves l’avant-midi et 3000 autres l’après-midi, avec ces 1000 bancs nous sommes en mesure de scolariser 6000 élèves », avait fait savoir Jean-Pierre Kasongo, fin novembre 2021. Pour lui, si une telle expérience est dupliquée dans toutes les provinces, le pays pourra scolariser beaucoup plus d’enfants. « Imaginez maintenant que nous dupliquions cette expérience du Centre pilote Laurent-Désiré Kabila dans chaque province avec ne serait-ce qu’un bataillon de bâtisseurs ! Dans 10 ans, nous serons en mesure de scolariser entre 2 et 4 millions d’enfants », a-t-il projeté.
Bataillon des bâtisseurs, voilà l’appellation de ceux qui étaient hier des « Kuluna » et que le Général Jean-Pierre Kasongo a transformé. D’ailleurs, 2000 parmi eux ont perçu leur premier salaire en tant que bâtisseurs de la République après une période de 14 mois de formation dans plusieurs domaines, notamment la maçonnerie, la menuiserie et autres. Cette étape a concrétisé la volonté exprimée par le chef de l’État, Félix Tshisekedi, qui prône une autre méthode « plus humaine » pour l’encadrement des jeunes bandits urbains et leur réinsertion sociale à travers la formation pour servir de main d’œuvre au profit de la RDC.
« Je remercie le président de la République de m’avoir délivré de la mauvaise vie et de m’avoir offert du travail pour qu’aujourd’hui je sois salariée. Je remercie aussi le [Général] Kasongo pour le bon travail réalisé pour le Service national.
Mon salaire, je vais l’envoyer à ma mère pour lui dire que le président de la République et le Général Kasongo m’ont délivré de la mauvaise vie », a déclaré une ex-Kuluna, début février 2022. D’après le Général Kasongo, cette vague des 2000 bâtisseurs sera retenu parmi les fonctionnaires de l’État au Service national. Ils sont désormais intégrés dans les rangs des fonctionnaires. Le nouveau barème promis par le chef de l’Etat aux agents du Service national sera aussi appliqué à ces nouveaux « bâtisseurs » de la République.