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Insécurité en RDC : quand le Rwanda plaide pour le M23 à l’ONU…

Pendant que Kigali feint de nier son implication dans la résurgence de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) dans l’Est de la République démocratique du Congo, l’implicite plaidoyer de son représentant à l’ONU en faveur de cette force négative trahit sa logique de négation.

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Le représentant rwandais aux Nations Unies, Claver Gatete, ne comprend pas pourquoi les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la Mission des Nations Unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO) devraient combattre uniquement le M23 et laisser d’autres groupes armés. Un incroyable plaidoyer qui témoigne de l’implication de ce pays dans la récente déstabilisation de l’Est de la RDC par ce mouvement rebelle.        

Dans une déclaration faite, mercredi 29 juin au Conseil de sécurité de l’ONU, Claver Gatete s’est dit préoccupé par « une approche sélective dans la lutte contre les groupes armés » en RDC. Pourtant, la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, avait déclaré, fin mai 2022, que « les combats entre les FARDC et le M23 sont un conflit intra-congolais », notant que le Rwanda n’a « aucun intérêt à être entraîné dans cette affaire ». Mais, curieusement, lorsque ce même mouvement « congolais » est combattu par les FARDC et la MONUSCO, le même Rwanda s’en préoccupe.    

 Le représentant du Rwanda au Conseil de sécurité accuse une nouvelle fois les FARDC de s’appuyer sur les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) pour combattre le M23. Il a aussi implicitement accusé la MONUSCO de soutenir indirectement les FDLR. Car, dit-il, « soutenir les FARDC alors qu’elles combattent aux côtés des FDLR revient à soutenir un groupe armé génocidaire ». 

Une rhétorique du Rwanda devenue obsolète puisque les FDLR en RDC sont quasiment inactifs. Si ce groupe rebelle rwandais fait des attaques, c’est essentiellement contre les Congolais et non vers le Rwanda. Depuis 2006, cette rébellion en perte de vitesse n’a mené aucune attaque vers le Rwanda. Un prétexte qui ne tient plus aujourd’hui. D’ailleurs, la MONUSCO qui combat souvent aux côtés de l’armée congolaise avait démenti ces allégations de connivence entre les FARDC et les FDLR.        

Cette intervention du Rwanda au Conseil de sécurité n’a pas vraiment surpris des Congolais qui accusaient déjà le Rwanda d’être derrière le M23. Ce souci de Kigali de vouloir protéger cette rébellion contre le feu de l’armée congolaise et de la MONUSCO a suscité des réactions sur la toile congolaise. « Quand on tape sur le M23 en RDC, les pleures se font entendre à Kigali ; une preuve de plus qui confirme la vérité indéniable sur la paternité du groupe rebelle qui, en réalité, est une agression du Congo par le Rwanda masquée en rébellion. », a réagi sur Twitter Christian Nyamabo, un Congolais très actif ces derniers temps sur ce sujet de l’agression rwandaise contre la RDC.   

Depuis la résurgence du Mouvement du 23 mars (M23), le gouvernement congolais désigne – sans langue de bois – le Rwanda comme l’agresseur du pays derrière ce pseudo groupe rebelle vaincu par les FARDC en 2013 avec l’aide de la Brigade d’intervention de l’ONU. Lors de sa visite à Brazzaville, début juin, Félix Tshisekedi n’avait pas hésité de citer nommément le Rwanda comme pays agresseur dans cette résurgence du M23. « Aujourd’hui, il n’y a pas de doute. Le Rwanda a soutenu le M23 pour venir agresser la RDC », avait-il dit à la presse après une rencontre avec son homologue congolais, Denis Sassou N’guesso. Et depuis, les officiels congolais ne manquent de mentionner cela dans leurs discours.  

Kinshasa a d’ailleurs suspendu les accords et traités signés récemment avec Kigali. La compagnie rwandaise, Rwand’air, est aussi interdite de survoler le territoire congolais. Cette agression rwandaise peine toujours à être reconnue par la Communauté internationale.

Heshima

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