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RDC: Tshisekedi face au vide créé par Kabund.

Dans l’opposition comme en étant au pouvoir, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) ne cesse de perdre des cadres importants. Après une série de départ pendant la lutte, le parti perd désormais Jean-Marc Kabund. Comment y faire face ?

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Sept mois après sa destitution puis son exclusion en janvier dernier de la tête de l’UDPS, parti au pouvoir, Jean-Marc Kabund-A-Kabund a brisé le silence. L’ancien bras droit du Président de la République démocratique du Congo est passé officiellement à l’opposition depuis le 18 juillet dernier. Kabundannonce avoir créé non seulement son propre parti mais il compte également mener une opposition farouche à son ancien mentor. 

Celui qui était devenu – à seulement 35 ans – la deuxième personnalité du parti phare d’opposition dans une période politique aussi décisive où le pays était à quatre mois de l’expiration du deuxième et dernier mandat du Président sortant Joseph Kabila,(sans aucune assurance de la tenue des élections dans le délai), a su faire ses preuves dans ce parti de feu Etienne Tshisekedi. 

Kabund fut investi secrétaire général dans une période aussi cruciale où l’UDPS venait de connaitre ses heures de timidité sous le secrétariat de feu Bruno Mavungu Mpuati. Ce dernier ne réussissait à appliquer les recettes miracles de ce parti : la rue. Et Jean-Marc Kabund a donc plus rapidement fait ses preuves dans le combat de la contestation. Il n’a pas loupé l’occasion de s’affirmer, incarnant une aile dure ponctuée d’un discours cru contre le régime de Kabila. Ce qui l’a fait apprécier chez les combattants de l’UDPS, habitués à une sorte d’houliganisme politique.   

Son importance auprès de Fatshi

Kabund n’a pas seulement aiguisé ses armes pendant les heures de l’opposition. Lorsque son président Tshisekedi se retrouvait « bloqué » par la majorité parlementaire détenue encore par le Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, l’homme n’a pas hésité de quitter le Parlement pour rejoindre la rue aux côtés des militants afin de dénoncer une proposition de loi dite « Minaku et Sakata » (noms de ses initiateurs). Une proposition visant à permettre au ministre de la justice (du FCC à l’époque) de contrôler les magistrats du parquet et de dribbler du même coup le Conseil supérieur de la magistrature.Les résultats de ces pressions, tout le monde le sait. Et Kabund ne s’était pas arrêté là. Il a joué un rôle de premier plan pour inverser la majorité parlementaire en faveur de Félix Tshisekedi. 

En décembre 2020, il était celui qui a jeté le pont pour la traversée de l’écrasante majorité des députés vers l’Union sacrée de la nation, la plus grande victoire politique de Félix Tshisekedi sur son prédécesseur, Joseph Kabila et sa machine politique, le FCC. Chef d’orchestre dans la déchéance du bureau Mabunda qui a conduit à la destitution du Premier ministre Sylvestre Ilunkamba et, plus tard, à la démission du bureau Thambwe Mwamba au Sénat, Kabund est présenté comme celui qui a matérialisé sur le terrain l’Union sacrée.

Ce qui permet de se demander comment Tshisekedi va-t-il s’y prendre face à ce vide de Kabund ? Pour Bob Kabamba, professeur de Sciences politiques à l’Université de Liège (ULg) et Directeur de la Cellule d’appui politologique en Afrique centrale, Félix Tshisekedi s’appuie beaucoup plus sur ses hommes de la diaspora. « Mais il viendra un moment où il faut faire un travail  de terrain. La diaspora ne saura pas mobiliser la rue comme le faisait Kabund », estime un autre analyste qui pense que Tshisekedi a perdu un élément clé de l’ADN même de l’UDPS. Puisque Kabund étant un pur produit du parti.      

Fuite des cerveaux

L’UDPS a connu plusieurs cadres éminents qui ont fini par quitter le parti. Il y a, entre autres, les anciens Premiers ministres Samy Badibanga et Bruno Tshibala. L’UDPS a perdu Valentin Mubake. Il y a l’ancien deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, Remy Masamba, qui se retrouve aujourd’hui loin des girons du parti. Madame Eve Bazaiba, aujourd’hui vice-Premier ministre en charge de l’Environnement sous la bannière du Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba fut, avant 2006, cadre de l’UDPS. A ce jour, le parti n’a qu’Augustin Kabuya comme porte étendard. L’homme joue tant bien que mal le rôle de secrétaire général et, peut-être, président ad intérim du parti.       

Obligé de s’opposer à Fatshi       

Maintenant que le divorce est consommé, Jean-Marc Kabund ne peut que prendre le chemin de l’opposition. « C’est un rival potentiel contre le président Tshisekedi (…) Sans être rival, il aura du mal à pouvoir obtenir une quelconque surface d’existence politique », décrypte Bob Kabamba. Dans le contexte politique actuel, c’est la dynamique diaspora qui a gagné en écartant Kabund, pense-t-il. Mais dans le même temps, la dynamique de l’UDPS militante a le sentiment d’être oubliée par Félix Tshisekedi, fait-il remarquer. Kabamba pense qu’une partie de cette « base » frustrée pourrait se rallier à Jean-Marc Kabund. Il entrevoit même une possibilité d’union entre Martin Fayulu, Joseph Kabila et Jean-Marc Kabund s’il y a « convergence d’intérêt » entre ces trois personnalités.

Heshima      

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