Le Président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi, a eu une séance de travail, lundi 1er août 2022, avec notamment le Premier ministre, Jean-Michel SamaLukonde, les Présidents de deux chambres du Parlement, Christophe Mboso et Modeste Bahati Lukwebo. Cette réunion consistait à évaluer le rapport de la commission gouvernementale envoyée à Goma et Butembo, dans le Nord-Kivu, suite aux incidents constatés en marge des manifestations populaires exigeant le départ de la Monusco.
Selon le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, le Président de la République a instruit le gouvernement de « réévaluer le plan de retrait de la Monusco pour répondre à la demande du peuple. » Cela, notamment après la fusillade des casques bleus contre des civils qui a eu lieu au poste frontalier de Kasindi pendant que l’équipe gouvernementale se trouvait encore dans le grand nord de la province du Nord-Kivu. Une fusillade qui a fait au moins deux morts et 15 blessés du côté des Congolais. Un acte qualifié de « mépris » de ces casques bleus vis-à-vis de la RDC par le Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur et Sécurité, Daniel Aselo.
Des incidents à répétition…
Des manifestions populaires dans l’Est de la République démocratique du Congo pour réclamer le départ de la Monusco ont déjà fait une vingtaine de morts, dont trois casques bleus et des civils congolais. Ces manifestationsont eu lieu les 18 et 19 juillet derniers, à Goma puis à Butembo, où des civils congolais se sont pris aux installations de la mission onusienne dans le chef-lieu de la province puis dans le grand nord, à Butembo, où au moins 10 civils ont été tués.
A Uvira, au Sud-Kivu, une autre manifestation a causé la mort de quatre civils tués par électrocution après des tirs de sommation des casques bleus qui ont coupé un câble électrique. Avant de voir un autre incident, cette fois là « inqualifiable », selon la cheffe de la mission onusienne, Bintou Keita, où des casques bleus du contingent de la Brigade d’intervention de la Monusco ont, dimanche 31 juillet, ouvert le feu contre des civils au poste frontalier de Kasindi.
Une fusillade sévèrement condamnée aussi bien par le gouvernement congolais, la Monusco elle-même que par d’autres personnalités. Dans un Tweet publié lundi 1er août 2022, le Prix Nobel de la paix 2018, le docteur Denis Mukwege souligne que cette violence est inacceptable et exige que justice soit faite. « Consterné par les images d’une violence inouïe et inacceptable par les casques bleus sur la population civile et des policiers congolais à Kasindi. Nous condamnons énergiquement cette barbarie et présentons nos condoléances les plus attristées aux proches des victimes et exigeons justice », a-t-il écrit. Le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres s’est dit « outré » par cette violence des casques bleus.
Dans un communiqué de presse du bureau du porte-parole de la MONUSCO, cette mission de l’ONU reconnait cet incident « grave » et annonce l’arrestation de ses auteurs. De son côté, le gouvernement congolais affirme déjà que ces casques bleus ne feront plus partie de la Monusco, en attendant que cette mission se retire du pays. Une enquête conjointe gouvernement-Monusco est en cours pour élucider cet incident.
Cette fusillade a encore ravivé les tensions entre la population et des casques bleus de l’ONU. Lundi 1er août, à Beni, des manifestants ont encore gagné la rue pour exiger le départ de la Monusco. Lors du conseil des ministres présidé, le 29 juillet dernier, par le Président de la République, le gouvernement a fait savoir que le retrait progressif et échelonné de la Monuscoétait déjà en cours d’exécution jusqu’en 2024. Mais après le rapport de la commission gouvernementale suite aux derniers incidents soumis au chef de l’Etat, ce dernier a demandé la réévaluation de ce plan de retrait. Visiblement, la Monuscorisque de quitter le territoire congolais beaucoup plus tôt que prévu.
Heshima