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Agression rwandaise confirmée en RDC : l’ONU risque de ne pas examiner son rapport…

Le document « confidentiel » du groupe d’experts des Nations unies confirmant l’agression rwandaise dans l’Est de la République démocratique du Congo pourrait ne pas être examiné si tôt et ne pas voir ainsi Kigali être sanctionné. Voici les raisons…

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Les experts missionnés par l’ONU ont documenté de « preuves solides » de la présence militaire rwandaise sur le territoire congolais et contre les intérêts sécuritaires de la RDC. Ce rapport, qui risque de rester encore confidentiel pendant des mois, réjouit tout de même Kinshasa qui criait presque seul à l’agression rwandaise sans un grand soutien de la communauté internationale. Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, parle d’une « victoire diplomatique ». 

Dans la foulée, le Prix Nobel de la paix 2018, le docteur Denis Mukwege envisage déjà des sanctions à l’encontre de Kigali. « Le gouvernement congolais, les Nations unies, l’Union africaine et les partenaires bilatéraux et régionaux de la RDC doivent tirer les conséquences de ces preuves démontrant la énième guerre d’agression du Rwanda : des sanctions doivent être prises sans plus tarder, tant sur le plan politique, diplomatique, économique que militaire conformément aux Résolutions 1807 et 2293 du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui sanctionnent, notamment, les personnes et entités qui se livrent à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité de la République démocratique du Congo », a écrit le gynécologue dans une déclaration consultée, le 6 août 2022, par Heshima.  

Mais le chemin pour obtenir des sanctions contre Kigali est encore long, sauf si des puissances occidentales décident d’agir en dehors de l’ONU. Et pour cause ? Le Conseil de sécurité ne siège que deux fois pour examiner le rapport de ce groupe d’experts qui a un mandat d’une année. En ce qui concerne le travail de ce groupe onusien, le Conseil de sécurité siège à mi-mandat puis à la fin de l’année pour statuer sur ce rapport. Or, ces fuites du rapport encore confidentiel viennent d’un addendum qui a été ajouté par ce groupe d’experts dans leur rapport annuel. Et les addenda ne peuvent faire l’objet d’une session du Conseil de sécurité qu’à la demande expresse d’un Etat membre. Pourtant, c’est connu que la République démocratique du Congo n’est pas actuellement membre du Conseil de sécurité. « La RDC n’y siégeant pas, pour l’heure, il lui faudrait plaider auprès des membres du Conseil pour obtenir une réunion formelle axée sur l’examen de la dernière mise à jour du Rapport de juin faisant état de la présence et des opérations militaires du Rwanda sur le territoire congolais. », précise un chercheur congolais spécialisé dans les questions des Grands lacs.    

Selon des sources diplomatiques basées à New York, poursuit la source, aucune réunion du conseil de sécurité n’est encore programmée sur la situation en RDC, à la lumière de cet addendum. « La diplomatie congolaise doit à cet effet s’employer plus activement pour obtenir la convocation d’une session formelle dudit conseil. Sinon, cet addendum risque de ne pas être suivi d’effets, au grand dam de Kinshasa. A l’instar de tant d’addenda inconnus du grand public », a-t-il ajouté.

Kigali garde sa posture négationniste 

Kigali a récusé, le 4 août dernier, des « allégations non valides » après la fuite de ce rapport de l’ONU. Pourtant, ces experts onusiens accusent le Rwanda d’être intervenu en RDC, ces derniers mois, directement et en soutien à des groupes armés. « Le Rwanda a le droit légitime et souverain de défendre son territoire et ses citoyens, et pas seulement d’attendre qu’une catastrophe se produise », a également déclaré dans un communiqué, Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais.

Le Mouvement du 23-Mars (M23) est une ancienne rébellion à dominante tutsi, vaincue en 2013, par l’armée congolaise avec la Brigade d’intervention de la Monusco. Certains de ses membres ont trouvé refuge au Rwanda et d’autres en Ouganda. Mais cette rébellion a repris les armes en novembre 2021 en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la démobilisation et la réinsertion de ses combattants. Ces forces négatives occupent la cité de Bunagana actuellement ainsi que plusieurs villages. Kinshasa accuse Kigali de soutenir ce mouvement, ce que le Rwanda conteste, malgré les « preuves solides » de l’ONU. 

Heshima 

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