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LANCEURS D’ALERTE EN RDC CES SAMOURAÏS QUI EMPOISONNENT LA VIE DES MAFIOSOS

Face à la corruption, mal qui gangrène les institutions publiques, les lanceurs d’alerte constituent une parade non négligeable en République démocratique du Congo. Seulement, si les révélations et dénonciations qu’ils font sont utiles pour mettre fin aux détournements et malversations financières, ils sont la cible des organisations maffieuses.

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Les cinq dernières années, les lanceurs d’alerte ont fait une montée en force dans le milieu des institutions financières de la RDC et leurs dénonciations ont permis à la justice d’ouvrir des enquêtes. Sans doute, le plus connu d’entre eux est Jean-Jacques Lumumba, président de l’ONG anti-corruption UNIS. 

Petit neveu de Patrice Emery Lumumba, Jean-Jacques Lumumba est un ancien travailleur de la banque BGFI, en RDC, contraint à vivre en exil en Belgique. A l’époque où il travaillait dans cette institution bancaire, il avait été témoin d’actes scandaleux de corruption dont il avait divulgué des documents connus comme les « Lumumba Papers ».

 Ils sont nombreux les lanceurs d’alerte qui émergent et parmi eux figurent Gradi Koko et Navy Malela. Ces deux anciens travailleurs au Département d’audit d’Afriland First Bank CD, ont livré des informations qui ont abouti aux troublantes révélations. Leurs dénonciations ont montré que le milliardaire israélien Dan Getler aurait créé un réseau de blanchiment d’argent avec l’entreprise qui les employait et ce montage aurait permis à Getler d’échapper aux sanctions du gouvernement américain et d’acquérir de nouveaux actifs miniers en RDC. Les deux lanceurs d’alerte vivent actuellement à l’étranger, ayant réussi à quitter le pays. 

Menaces et poursuites judiciaires 

Face aux réseaux de la mafia dont les intérêts financiers sont plus que colossaux, il n’est pas facile d’être lanceur d’alerte. Révélateurs des activités illicites, ils font souvent l’objet des poursuites judiciaires. Telle est la situation dans laquelle se sont retrouvés Claude Manzuila, consultant à Minière de Bakwanga (Miba), et Israël Kaseya, travailleur à Access Bank RDC, qui ont été arrêtés en 2020, pour avoir dénoncé des détournements de fonds publics et des malversations. Pour ce qui concerne Gradi Koko et Navy Malela, ils étaient condamnés à mort pour « faux en écriture et usage de faux », « vol », « corruption privée », « violation des secrets professionnels », et « association des malfaiteurs ». Certains ont subi des menacés après avoir dénoncé. L’activiste Jean-Jacques Lumumba a été pris pour cible en Europe et à Kinshasa. 

Besoin de protection

 En tant que sources d’informations, les lanceurs d’alerte donnent du travail notamment à Global Witness et Human Rights Watch – les informations qu’ils fournissent conduisent aux investigations, ce qui fait que la plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), voire les médias comme Bloomberg s’y mêlent. Depuis l’arrivée du président Tshisekedi au pouvoir, à en croire PPLAAF, les lanceurs d’alerte se sont multipliés, mais nombreux sont ceux qui ont des ennuis judiciaires. Tenant compte de la situation d’insécurité dans laquelle ils se retrouvent après la dénonciation, « Le Congo n’est pas à vendre », une organisation de la société civile qui documente souvent des cas d’intimidation et menaces faites contre les lanceurs d’alertes, appelle à leur protection. Plusieurs autres ONG anti-corruption ont eu à demander aux autorités congolaises la même chose. 

Jean-Jacques Lumumba, pour sa part, plaide pour que le pouvoir judiciaire accorde des protections légales aux lanceurs d’alertes. A propos, l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC), dans le souci d’associer les citoyens dans la lutte contre la corruption, souhaite la promulgation d’une loi qui protégerait les témoins et les lanceurs d’alertes. Entretemps, l’APLC a créé en son sein un service pour les protéger.

 HESHIMA

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