Société

Rétention :une stratégie des hôpitaux pour forcer les femmes à s’acquitter des frais d’accouchement

Elles sont nombreuses, des milliers de mères bloquées depuis plusieurs mois dans les centres de santé et cliniques, faute de moyens financiers. A Kinshasa, les femmes vivant dans l’extrême précarité sont les plus nombreuses. Par conséquent, elles sont confrontées à une stigmatisation sociale.

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Des milliers de femmes sont retenues dans des hôpitaux après accouchement, faute d’avoir honoré la facture. Tel est le sort de certaines nouvelles mamans retrouvées dans des structures hospitalières de Kinshasa.

Des statistiques conservées par les hôpitaux des quartiers périphériques montrent qu’ils se sont débattus avec ce problème de factures impayées pendant des années, et que la détention des patients n’est pas une mesure adaptée. Les hôpitaux à court de fonds ont mis en détention les patients incapables de régler leurs factures depuis plus de 6 ou 10 mois. A l’hôpital de l’Amitié Sino-congolaise à N’Djili, la situation n’est pas reluisante.

Des dizaines de patients ont été détenus et gardés pour défaut de payement. Les données combinées de sept des trente-cinq hôpitaux publics indiquent 1076 cas de patients qui ont été incapables de payer leurs factures en 2022. Ce chiffre inclut à la fois ceux qui ont été détenus et ceux qui ont réussi à quitter les lieux sans régler leurs factures.

Etant donné que cet échantillon ne représente qu’un cinquième des hôpitaux publics rien qu’à Kinshasa, le nombre total de patients dans l’incapacité de payer leurs factures était certainement plus élevé. Au seul hôpital de l’Amitié Sino-congolaise, plusieurs patients ont été retenus en 2020. Parmi ceux-ci, certains ont finalement vu leurs factures réglées par des bienfaiteurs et les autres ont trouvé un moyen de quitter l’hôpital sans payer.

Les chiffres des factures impayées à la pédiatrie de Kalembe-lembe ont incité une structure caritative à procéder au paiement des frais d’hospitalisation d’environ 100 femmes bloquées depuis plusieurs semaines dans quelques hôpitaux de Kinshasa pour manque de moyens financiers. Cette assistance a bénéficié à quelques 86 femmes retenues depuis plusieurs semaines pour difficultés d’honorer leurs factures d’hospitalisation à savoir : l’Hôpital de l’Amitié Sino-congolaise à N’djili, la Pédiatrie de Kalembe-Lembe à Lingwala et l’Hôpital de référence de Makala, ex-Sanatorium à Selembao.

Cette activité s’inscrit dans le cadre d’un programme caritatif en faveur des populations vulnérables, initié depuis 2016. Ladite association a tenu à redonner le sourire à ces femmes en ce mois particulier où l’on a célébré la femme et leur permettre de regagner leur famille. Au-delà de différents services proposés, leur action a aussi consisté à contribuer au bien-être de la communauté par des actions sociales qui visent à améliorer les conditions de vie. Dans d’autres hôpitaux, des données similaires ne sont pas disponibles, mais il y a des statistiques démontrant la perte de revenu en 2022.

Le personnel a aussi établi l’augmentation marquée du nombre de factures réglées par des bienfaiteurs : un total de 44 sur les trois années 2020-2021 ; 85 en 2022 à elle seule. On peut supposer que dans la plupart des cas, des bienfaiteurs ont réglé les notes des patients qui ne pouvaient le faire eux-mêmes et avaient été mis en détention. Il est probable que l’augmentation représente un véritable accroissement du nombre des détenus à l’hôpital, bien que d’autres facteurs, tel que l’intérêt croissant des médias pour le problème, puisse avoir exagéré cette tendance.

 Raymond OKESELEKE

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