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Processus électoral Denis Kadima, une expérience qui venge des critiques

Pendant qu’une partie de l’opinion nationale et internationale doutait du processus électoral en cours, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a mis sa technicité en jeu pour réaliser plusieurs étapes préélectorales en un temps record. Retour sur les étapes de ce processus en 5 actes.

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Au travers de son cursus professionnel, Denis Kadima a certifié sa qualité d’expert électoral incontesté. Son savoir-faire s’est démontré dans une centaine des pays dont le Soudan, la Tunisie, le Nigéria, le Lesotho, l’Afrique du sud, Madagascar, le Niger, la Côte d’Ivoire et la Somalie, en travaillant principalement pour le compte de l’Electoral Institute for SustainableDemocracy in Africa (EISA). Bourré de compétencesen matière électorale, Denis Kadima tend à réussir sa mission, celle d’organiser des élections libres, démocratiques et transparentes dans le délai constitutionnel en République démocratique du Congo. Lui qui est aussi vice-président du Forum des commissions électorales de la SADC (ECF-SADC) a pu réaliser en un temps record des opérations d’identification et enrôlement des électeurs qui, par le passé, ont pris plus d’une année. C’est ce qui arrive quand ce praticien  africain chevronné, ayant notamment conduit en Côte d’Ivoire la mission conjointe de EISA avec le Centre Carter lors de la présidentielle d’octobre 2020, décide de prouver son expérience de 30 ans chez lui, en RDC.

Ainsi,  l’engagement de Denis Kadima dans le processus électoral en RDC se décline en six actes.

Acte 1 : Sa désignation

Le 22 octobre 2021, le président de la République, Félix Tshisekedi, a confirmé Denis Kadima à la tête de la CENI. Cet homme, la soixantaine, avait été désigné quelques jours plus tôt à la tête de cette institution d’appui à la démocratie par six confessions religieuses sur les huit que compte cette plateforme décisionnelle au sein de la CENI. Les catholiques et protestants avaient refusé le choix de Denis Kadima, le jugeant trop proche du président de la République, Félix Tshisekedi, uniquement parce qu’il est originaire du Kasaï Oriental. Pourtant, aucune de ces confessions religieuses n’avait remis en doute ses compétences en matière électorale.   

Acte 2 : Financement 

Après le défi lié à la composition du bureau de la CENI, le nouveau président a fait face au problème de financement. Pour des scrutins censés être financés entièrement par le gouvernement, sans apport extérieur, Denis Kadima a dû parfois secouer l’exécutif congolais pour recevoir des paliers de fonds destinés au processus électoral. Cela, au point qu’en mars 2023, il s’était trouvé obligé d’alerter haut et fort que la CENI ne recevait plus de financement du gouvernement depuis six mois. Le budget alloué à la CENI en 2022 se chiffrait à 680 millions de dollars et contre 474 millionsen 2023. Cependant, malgré un décaissement qui tombait à compte-gouttes, l’équipe Kadima a tenu à respecter sa feuille de route. Dans ce plan stratégique et opérationnel, la CENI a réalisé toutes les grandes opérations du processus électoral, notamment la cartographie opérationnelle, la révision du fichier électoral et bientôt la réception et le traitement des candidatures aux élections nationales, provinciales et locales et autres activités connexes.   

Dans le cadre de la dotation en moyens, l’équipe Kadima a même acquis pour la première fois dansl’histoire de la CENI un entrepôt situé dans le quartier Kingabwa, dans la commune de Limete, à Kinshasa.Selon le président de la CENI qui a effectué une visite sur ce site, ce nouvel entrepôt a l’avantage de désengorger celui installé aux abords de l’aéroport de N’Djili. Il sert à stocker en toute sécurité des kits électoraux et autres matériels connexes de la CENI.C’est à ce jour la plus grande surface de stockage des matériels électoraux d’Afrique centrale. 

Acte 3 : Calendrier électoral 

L’autre grande étape de cette marche vers les élections, est le calendrier électoral. Le président de la CENI avait présenté, le 26 novembre 2022, les grandes lignes de ce calendrier électoral 2022-2027 devant notamment les acteurs politiques, les parties prenantes au processus électoral et la presse. Parmi les grandes dates de ce calendrier, on note entre autres, qu’à partir du 24 décembre 2022 devrait débuter l’opération d’identification et enrôlement des électeurs. Ce qui fut fait ! Cette opération s’est clôturée en avril dernier en réussissant à enrôler les Congolais dans les différentes provinces regroupées dans les trois aires opérationnelles en RDC, y compris les cinq pays pilotesà l’étranger.  

Quant à l’enregistrement des candidatures aux différentes élections à différents niveaux, la CENI a convoqué le corps électoral le 25 juin 2023 pour les postulants à la députation nationale, et ouvert les bureaux de réception et de traitement de leur candidature dès le lendemain. Puis suivront le 2 août suivant, pour ceux des scrutins de la députation provinciale ainsi que des conseillers communaux, et le 1er septembre pour ceux à l’élection présidentielle.

L’élection du Président de la République, des députés nationaux et provinciaux ainsi que des conseillers communaux pour leur part est prévue le 20 décembre 2023. Par la même occasion, Denis Kadima avait rappelé les contraintes liées au déroulement de ce processus électoral présentées déjà dans la feuille de route que la CENI avait publiée en février 2022.

Acte 4 : Enrôlement des électeurs 

Depuis l’instauration du cycle électoral en 2006, la CENI, pilotée par Denis Kadima, a battu le record du temps dans l’enrôlement des électeurs. Le bureau Kadima a réalisé cette opération dans un laps de temps très court. Les opérations de révision du fichier électoral se sont étalées de fin décembre 2022 à avril 2023, soit 4 mois sans phase pilote. Ce qui est historique ! Après cette phase d’identification et d’enrôlement des électeurs, la CENI a dénombré environ 44 millions d’électeurs d’après l’audit externe du fichier électoral. Sur ce volet, le défi reste à couvrir les zones en proie à l’insécurité telles que Rutshuru, Masisi et Kwamouth. 

Acte 5 : Fichier électoral 

Malgré les pas de géant accomplis par l’équipe Kadima, l’opposition congolaise, qui dénonce des irrégularités dans le processus d’enregistrement des électeurs, demeure convaincue que le patron de la CENI ne sera pas en mesure d’organiser les scrutins dans les délais. Pourtant, Denis Kadima continue d’affirmer que sa machine électorale a atteint la vitesse de croisière et que les scrutins sont inévitables. Après la consolidation du fichier électoral, la loi sur la répartition des sièges par circonscription pour les élections législatives, provinciales et communales a été votée au Parlement et promulguée le 15 juin par le Président de la République.  

Acte 6 : Convocation de l’électorat 

Le 25 juin dernier, la CENI a annoncé la convocation de l’électorat pour les élections législatives. Ce qui signifie que cette institution ouvre la voie à l’opération du dépôt et traitement des  candidatures à la députation nationale. D’après la CENI, au total 171 bureaux de réception et traitement des candidatures (BRTC) sont ouverts à partir du 26 juin jusqu’au 15 juillet. Une étape qui consolide davantage la marche vers les élections du 20 décembre 2023. Ce processus, Denis Kadima le conduit avec professionnalisme et maestria.   

« Nous voulons être jugés sur nos actions depuis notre installation. L’organisation des élections des gouverneurs de certaines provinces est un témoignage concret de notre professionnalisme.», a déclaré le président de la CENI dans son discours tenu en marge de la convocation de l’électorat, le 25 juin. « Nous avons également organisé l’identification et l’enrôlement des électeurs en seulement quatre mois. Plusieurs observateurs nationaux et internationaux du processus électoral en cours ont salué publiquement ces avancées », a-t-il ajouté. 

Denis Kadima s’est dit aussi prêt à discuter avec l’opposition pour un processus électoral apaisé en RDC. « Cette démarche vise à conscientiser les opposants en leur rassurant de la crédibilité des élections de 2023. », a-t-il promis. Il a même appelé l’opposition et d’autres parties prenantes au processus à ne pas avoir peur, promettant que la CENI ne va pas être le grand électeur pour changer le contenu des suffrages. Afin d’apaiser les esprits, Denis Kadimas’est clairement exprimé en ces termes : « Nous sommes conscients que, pour certains, les élections peuvent effrayer. N’ayez pas peur, vos voix seront protégées ! Mais avant cela, nous allons déjà traiter toutes les candidatures et tous les candidats de manière égale. J’aimerais rappeler que nous continuerons à travailler avec intégrité et honnêteté. La CENI ne va pas s’ériger en grand électeur c’est-à-dire l’élue des électeurs mais plutôt, nous allons respecter scrupuleusement le choix des électeurs. Nous sommes à votre service. ».  

Il faut souligner qu’après chaque succès engrangé par la CENI dans ce processus, l’opposition ne fait que déplacer ses inquiétudes. « Depuis que j’ai été désigné, les angles d’attaque contre ma personne n’ont cessé de changer. Au début, on a dit que j’avais été placé là par le Président de la République avec l’intention d’organiser un glissement du processus électoral», avait déploré Denis Kadima dans une interview, relevant les attaques de l’opposition et d’une partie de la société civileinjustement dirigées contre lui.

D’octobre 2021 à juin 2023, la machine CENI a tourné à plein régime pour réaliser ce parcours. Déjà fin juin, la centrale électorale pourrait récupérer des zones qui n’ont pas connu l’enrôlement consécutif à l’insécurité. Pour ce qui concerne, le territoire de Kwamouth, dans le Maï-Ndombe, où devait commencer l’enrôlement, Denis Kadima a annoncé le report de cette opération en attendant que la sécurité soit consolidée dans cette partie ouest de la RDC. Les territoires de Rutshuru et Masisi aussi, dans le Nord-Kivu, attendent une normalisation de la situation sécuritaire. Etant donné que les Congolais habitant les trois territoires n’ont pas été enrôlés à cause de l’insécurité, la CENI avait suggéré et obtenu du Parlement que ces entités gardent leur nombre de sièges du cycle électoral passé. 

Il convient en outre de signaler que récemment, son institution et l’Office national d’identification de la population (ONIP) ont signé un protocole d’accord. Cet événement a symbolisé le transfert des dispositifs d’enrôlement, des données cartographiques et du matériel de collecte des données par la centrale électorale à l’ONIP et à l’INS (Institut national de la statistique). Cela, en vue de procéder à la poursuite de l’identification et l’enregistrement de la population pour l’obtention de la carte d’identité congolaise.  

Face à une conduite très professionnelle de ce processus électoral, Denis Kadima a démontré que son expérience de 30 ans dans ce domaine a eu raison des critiques contre sa personne. Une belle façon de venger les préjugés sur ce processus qui amorce déjà sa dernière ligne droite avec la loi sur la répartition des sièges et l’ouverture des bureaux de réception et traitement des candidatures pour les législatives !      

Heshima

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