De par son envergure, la statue du Batteur de tam-tam de la Foire Internationale de Kinshasa, Fikin est la sculpture la plus célèbre de Kinshasa. D’une hauteur de plus ou moins cinq mètres, ce chef-d’œuvre colossal du premier professeur Noir de l’Académie des Beaux-Arts, André Lufwa, symbolise l’un des aspects les plus importants pour les Kinois : la musique.
Tout habitant de la capitale congolaise connait sûrement la géante statue dénommée le « Batteur de Tam-tam de la Fikin », ce véritable bijou monumental de la République Démocratique du Congo. Implantée à la Foire Internationale de Kinshasa, cette sculpture est considérée comme une représentation artistique d’un personnage emblématique de tout temps de la culture africaine à qui il a toujours été fait appel pour rythmer la vie sociale avec son instrument, dans les moments de joie comme de malheur. Elle a toujours su captiver la curiosité des milliers des visiteurs lors de la tenue de la foire annuelle à la belle époque de sa splendeur avant les pillages des années 90.
La célèbre statue « Batteur de Tam-tam de la Fikin » est un hommage mérité à Nkumbi Kinkumbila, son modèle de chair et d’os, originaire du Kongo Central, dans la façade Ouest du pays. « Né en 1928 et décédé en 2008, les performances de Nkumbi ont attiré beaucoup plus d’attention lorsque le Mouvement Populaire de la Révolution de la province du Bas-Congo a repris certains de ses battements dans son groupe d’animation »
Etant une œuvre d’esprit, le « Batteur de Tam-tam de la Fikin » vise à mettre en lumière l’art de ce pays au cœur de l’Afrique. « Cette statue est une contribution au rayonnement de l’art plastique de la République Démocratique du Congo. Elle attire l’attention des touristes sur la culture congolaise », note un touriste belge.
Un artiste de génie
Géniteur de ce colosse en pierre, André Lufwa Mawidi naquit le 25 décembre 1925 et décède le 13 janvier 2020 après une longue maladie. C’est à juste titre que le sculpteur de cette statue est apprécié comme une icône qui a révolutionné l’art congolaise grâce au goût de génie de ce premier enseignant de l’Académie des Beaux-Arts.
Bien que le Batteur de tam-tam de la Fikin passe pour l’œuvre majeure du défunt sculpteur, du moins la plus connue des Congolais qui tient lieu de référence de son talent, cette grande figure de l’art congolais, aîné du regretté Maître Liyolo disparu l’an dernier et de François Tamba mort en 2006, en a cependant réalisé bien d’autres de facture remarquable. Il faut remonter au buste du chef Lutunu à Gombe Matadi avant de répertorier le reste des œuvres qui contribuent au patrimoine artistique de Kinshasa. C’est dans la capitale que l’on trouve le gros des réalisations d’André Lufwa dont les emplacements témoignent de la valeur accordée au travail de l’éminent artiste. Il s’agit notamment des Léopards de simili pierre qui montent la garde devant les entrées principales de l’enceinte présidentielle du Mont Ngaliema, l’Archer, le Voyageur et l’Hospitalité zaïroise aux Affaires étrangères à Kinshasa, au jardin comme à l’intérieur de l’immeuble. Il en va de même des monuments de Désiré Kabila et Patrice Emery Lumumba au croisement du boulevard du 30 juin dans la même ville. Buste de la fondation Kabila ??? ou du mausolée ??? Monument de Lumumba à Limete ???
L’ensemble des œuvres monumentales de Lufwa sont des réalisations de style académique. Mais le sculpteur s’est laissé aller à des expressions plus libres avec ses autres créations de format plus réduit pour la plupart de petites pièces en bois, en ivoire et en malachite. En majorité, elles datent de plusieurs décennies comme l’on peut bien s’en douter.
Feu André Lufwa Mawidi ne fit pas longue carrière dans l’enseignement. En effet, il choisit de se livrer entièrement à la pratique artistique au courant des années 1960. Il délaissa aussi son titre de directeur adjoint chargé de l’enseignement professionnel dans le gouvernement provincial du Kongo central pour se vouer totalement à son art. Dès lors, il prit part à de nombreuses expositions et rencontres artistiques internationales à travers le monde. C’est le cas notamment de l’Exposition universelle de Montréal, Canada, en 1967.
Raymond OKESELEKE