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Cohésion nationale ou changement de Constitution : la finalité du projet de dialogue pose problème en RDC

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L’appel au dialogue lancé par l’opposant Martin Fayulu a suscité un consensus en termes de forme, mais des divergences sont apparues sur le fond. Dans une déclaration diffusée le vendredi 20 septembre, Adolphe Muzito, dirigeant du parti politique Nouvel Élan, a souhaité que ce dialogue aboutisse à l’élaboration d’une nouvelle constitution par un corps constituant élu. En revanche, Martin Fayulu, promoteur de cette initiative, prône un dialogue national axé sur la préservation de l’intégrité du pays.

Deux camps aux intérêts et aux stratégies opposés s’affrontent donc, tels deux trains lancés à grande vitesse sur la même voie. Collision inévitable ? Cité par Mediacongo.net, Prince Epenge, l’un des porte-paroles de la branche de la coalition Lamuka dirigée par Martin Fayulu, a mis en garde le pouvoir en place. « Si le Président Félix Tshisekedi venait à modifier ne serait-ce qu’un seul article de la Constitution, il serait destitué d’une manière ou d’une autre ».

Selon lui, Adolphe Muzito est utilisé par le pouvoir de Félix Tshisekedi comme « un simple testeur électrique ». « Malheureusement pour lui, le peuple, c’est 6 600 volts », ajoute-t-il.

De son côté, Adolphe Muzito estime que le pays fonctionne sous une constitution votée par des individus non élus. Il préconise ainsi la création d’un corps constituant élu, chargé de rédiger une nouvelle constitution, avec un régime présidentiel au second degré. Autrement dit, le président serait élu par la formation politique majoritaire, comme cela se fait en Afrique du Sud ou en Angola.

Avec ce régime, l’ancien Premier ministre explique que « le président devient redevable, puisque la plupart des prérogatives du pouvoir exécutif, dans le régime actuel, sont attribuées sur le papier au gouvernement. En réalité, ce pouvoir est totalement exercé par le président de la République, qui ne rend pas compte au Parlement. Pourtant, c’est de lui que viennent les impulsions et les décisions. En vérité, c’est même son programme de campagne qui est mis en œuvre par le gouvernement ».

Une « diversion » ?

Du côté de Kabila, on s’oppose au dialogue national. Pour Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et le Développement), l’initiative du président de l’Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECiDé) est une « diversion du pouvoir en place pour changer la Constitution ».

« La famille politique de Joseph Kabila se désolidarise de l’idée de Fayulu », affirme Ramazani Shadary dans un mémo adressé à Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix. Il rappelle que « Félix Tshisekedi n’a jamais respecté et ne respecte aucun accord ou engagement qu’il prend (Genève, Nairobi, FCC-CACH, Luanda…). Il n’y a donc aucune garantie qu’un jour il respectera un accord, fut-il issu d’un quelconque dialogue. »

Fayulu joue-t-il la carte de l’apaisement avec le pouvoir ?

Le divorce entre Félix Tshisekedi et les leaders de l’opposition semble imminent. Le 6 août dernier, lors d’une interview accordée à Bruxelles à la radio congolaise Top Congo, après quelques jours d’hospitalisation en Belgique, le président de la RDC a vivement critiqué ses adversaires politiques. À propos de Martin Fayulu et Moïse Katumbi, il les a qualifiés de « borderline ». En évoquant l’ancien président Joseph Kabila, Félix Tshisekedi n’a pas hésité à le présenter comme le chef des rebelles qui contrôlent aujourd’hui une partie de la province du Nord-Kivu. « Joseph Kabila a boycotté les élections, et il prépare maintenant une insurrection, car l’Alliance Fleuve Congo (AFC), c’est lui », a déclaré le président, qui reconnaissait pour la première fois l’existence de la plateforme politico-militaire Alliance Fleuve Congo, apparue le 15 décembre dernier et dirigée par l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa.

À Kinshasa, des observateurs du microcosme politique se demandent si Fayulu ne cherche pas à apaiser les tensions avec le pouvoir.

10 questions essentielles

Si Adolphe Muzito s’est montré favorable au dialogue, l’ancien candidat à la présidentielle de décembre 2018 a soulevé dix questions qu’il estime essentielles pour la tenue d’un tel dialogue.

Selon le président de Nouvel Élan, le dialogue devrait aborder les points suivants :

  1. Quelle est la pertinence de ce dialogue et quels sujets devraient être abordés ?
  2. Qui devrait participer à ce dialogue ?
  3. Qui en serait l’autorité organisatrice ?
  4. Quel cadre régirait ce dialogue et qui en assurerait la coordination ?
  5. Quelle serait la valeur juridique des résolutions issues de ce dialogue ?
  6. Dans quelle mesure ces résolutions seraient-elles contraignantes pour les institutions de la République et pour le peuple congolais ?
  7. Ce dialogue pourrait-il proposer une nouvelle constitution pour remplacer celle de 2006 ?
  8. Quelles institutions, existantes ou de transition, seraient responsables de la mise en œuvre de ces résolutions ?
  9. Par quelle autorité ces institutions se verraient-elles conférer leurs attributions ?
  10. Quel serait l’objectif d’une éventuelle réconciliation et qui en serait concerné ?

Dans ce contexte, la société civile, qui rejette cette idée, appelle le président Félix Tshisekedi à écarter toute tentative de révision constitutionnelle. Dans un message diffusé sur le réseau social X, Jean-Claude Katende exhorte le Chef de l’État à se concentrer sur la priorité actuelle : stabiliser le pays et renforcer les institutions démocratiques.

Selon lui, la Constitution actuelle n’entrave pas la mise en œuvre des engagements du président, et toute modification envisagée pourrait aggraver les divisions politiques et sociales déjà existantes. Il a également souligné que de telles actions pourraient servir de prétexte à ceux cherchant à déstabiliser le pays.

Dominique Malala

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