Kinshasa, métropole de près de 18 millions d’habitants, se retrouve une nouvelle fois plongée dans la même tragédie. À chaque saison des pluies, les habitants de la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC) subissent les conséquences des inondations récurrentes, alimentées par des problèmes structurels non résolus. Cette fois encore, les fortes précipitations survenues dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 octobre 2024 ont causé d’importants dégâts matériels et entraîné la mort d’un enfant de deux ans, emporté par les eaux sur les rives de la rivière Kalamu.
Les riverains de cette zone inondable, las de ces événements répétés, pointent du doigt l’absence de curage des cours d’eau et le manque de mesures durables. « Ce n’est pas la première fois que nous vivons cela, c’est à chaque pluie que nous en payons le prix, car la rivière Kalamu n’est pas entretenue« , déplore un habitant dont la maison a été submergée.
En réponse à cette catastrophe, le gouverneur Daniel Bumba a annoncé un plan d’urgence. Ce dernier inclut l’intensification des opérations de curage des rivières et caniveaux, ainsi que le déploiement de bacs à ordures dans plusieurs quartiers de la ville pour une meilleure gestion des déchets. Cette mesure vise à réduire l’accumulation de déchets, facteur majeur des blocages d’écoulement des eaux pluviales.
Un fléau perpétuel lié à une gestion défaillante des déchets
Le phénomène des inondations à Kinshasa est loin d’être nouveau, mais la gravité de la situation varie d’une année à l’autre. En décembre 2022, plus de 120 personnes ont perdu la vie suite à des pluies torrentielles, un drame qui rappelle de précédentes tragédies en 2019 et 2023. Ces sinistres trouvent leurs origines dans un cocktail de causes bien connues : un manque d’infrastructures de drainage adéquates, des rivières non curées et des caniveaux obstrués par des déchets plastiques et autres matériaux.
Les constructions anarchiques aggravent encore plus la situation. Ce manque de planification urbaine et de contrôle des permis de construire empêche toute gestion efficace de l’écoulement des eaux, rendant la ville particulièrement vulnérable aux intempéries.
La capitale souffre d’une crise de gouvernance en matière de salubrité. En l’absence d’une politique cohérente et durable, Kinshasa semble condamnée à vivre dans la récurrence de ces catastrophes. La gestion des déchets est chaotique, avec des montagnes de détritus s’accumulant dans les quartiers. Sur l’avenue du Tourisme, qui borde le Mont Ngaliema, la dégradation de la route témoigne de l’ampleur du désastre. L’absence de caniveaux fonctionnels, même à proximité de la résidence présidentielle, a fait de cette artère un symbole de la négligence.
Le long de cette avenue, comme dans d’autres quartiers tels que Mimosas, Brikin, Pompage ou Mbudi, l’état des infrastructures est alarmant. En novembre 2019, une quarantaine de personnes avaient déjà perdu la vie à cause de pluies diluviennes, des inondations et des glissements de terrain. Rien n’a vraiment changé depuis.
Des promesses d’action, mais des solutions durables en attente
Les récentes annonces de mesures d’urgence par le gouverneur sont certes louables, mais elles ne suffiront pas à éradiquer le problème à long terme. Tant qu’une politique ambitieuse de salubrité urbaine ne sera pas mise en œuvre, les réhabilitations ponctuelles d’infrastructures seront insuffisantes. Sans une stratégie à grande échelle, Kinshasa continuera de revivre ces scènes tragiques année après année.
Un autre problème persistant est l’insuffisance des moyens déployés. Les projets de curage et les quelques mesures prises ne couvrent qu’une fraction des besoins réels. Les investissements publics doivent être considérablement augmentés, et une meilleure coordination avec les acteurs privés, tels que les entreprises de collecte de déchets, est indispensable.
Pour l’avenir de Kinshasa, il est crucial que les autorités investissent non seulement dans des infrastructures de drainage modernes, mais qu’elles travaillent aussi à une éducation civique plus solide, sensibilisant la population à l’importance de la gestion des déchets. Le défi est immense, mais il n’est pas insurmontable.