Plusieurs projets publics initiés par le gouvernement ou la ville de Kinshasa n’ont jamais été exécutés. D’autres, en revanche, souffrent de retards considérables dans leur mise en œuvre. Voici un aperçu de certains projets qui piétinent en République Démocratique du Congo (RDC).
Le Président de la République, Félix Tshisekedi, avait annoncé un grand nombre de projets à réaliser durant ses deux mandats. Lors de son discours sur l’état de la Nation, fin 2021, le chef de l’État avait promis la réalisation de plusieurs infrastructures. Parmi celles-ci, le projet de bitumage de 748 km du tronçon Beni – Komanda – Niania – Kisangani, le bitumage de 30 km de voiries dans la ville de Bukavu, et 100 km pour le tronçon Bukavu – Goma. Il y a aussi la réhabilitation de 80 km du tronçon Kasindi – Beni et la construction de la route Kasomeno – Mwenda reliant la RDC à la Zambie, longue de 270 km. Outre les projets routiers, d’autres chantiers souffrent également d’une mise en œuvre inefficace dans le pays.
Projet Kalamba Mbuji – Kananga en difficulté
Inaugurés par le président en 2022, les travaux de cette route, dans sa portion Kananga-Kalamba-Mbuji, n’ont pas avancé deux ans après leur lancement en raison de problèmes de financement. Pourtant, cette route est censée faciliter les échanges commerciaux entre la RDC et l’Angola en offrant un accès à l’océan Atlantique via le port de Lobito. Une fois achevée, elle désenclavera les provinces du Kasaï. Le ministre des Infrastructures et Travaux Publics, Alexis Gisaro, a annoncé que 40 millions de dollars étaient disponibles pour ce tronçon, soit 20 % des fonds prévus dans le cadre du contrat chinois renégocié avec le groupement d’entreprises chinoises (GEC).
Arrêt des travaux de Kinshasa Arena
Débutés en octobre 2023, les travaux de construction de la « Kinshasa Arena » au sein de l’enceinte du stade des Martyrs à Kinshasa sont à l’arrêt depuis plus de sept mois. Cette arène sportive de 20 000 places, censée être la plus grande salle couverte d’Afrique centrale, a connu des difficultés financières. Érigé sur un espace de 52 000 mètres carrés, le chantier a cessé brutalement après des débuts rapides. Sur les 103 millions de dollars prévus, seuls une trentaine de millions avaient été versés par le gouvernement, laissant le constructeur turc en attente de 65 millions supplémentaires.
Projet de modernisation de l’aéroport de N’djili en suspens
Conçu pour accueillir environ 3 millions de passagers par an, le projet de modernisation de l’aéroport international de N’djili, dont la première pierre avait été posée par Joseph Kabila en mai 2018, n’a jamais démarré. Ce projet, estimé à 364,9 millions de dollars, devait s’achever en 36 mois. Cependant, tout a été annulé. En janvier 2024, un nouveau plan de modernisation a été présenté par la firme turque Milvest, qui propose un investissement privé de 1,2 milliard de dollars sur deux ans en échange de la gestion de l’aéroport pendant 29 ans. Malgré l’approbation de ce plan, les travaux n’ont toujours pas débuté.
Projet de la ville « Kitoko » abandonné
Depuis février 2021, Félix Tshisekedi avait signé, au Caire, capitale de l’Égypte, un contrat pour la création d’une ville appelée « Kitoko » près de Maluku, à l’est de Kinshasa. Prévue pour s’étendre sur 30 000 hectares, cette ville devait comprendre des logements, des technopoles agro-alimentaires, une cité gouvernementale, et des infrastructures de santé. Le président devait poser la première pierre le 30 juin 2022, ce qui n’a pas eu lieu. À ce jour, ce projet est à l’abandon.
Maisons préfabriquées non livrées
Dans le cadre du programme dit des 100 jours, le projet de 600 maisons préfabriquées pour les militaires et policiers, en partenariat avec la société SAMIBO, n’a jamais vu le jour. Bien que 300 maisons devaient être construites à Kinshasa et 300 autres à Mbuji-Mayi, aucune livraison n’a eu lieu.
Projet de 1000 forages d’eau arrêté
Le projet de 1000 stations de pompage d’eau dans 1000 localités du pays n’a pas abouti. Signé avec le consortium Devert Construct Cameroun SARL et Sotrad Water, ce contrat de près de 400 millions de dollars a été suspendu en raison de soupçons de surfacturation. L’ancien ministre du Développement Rural et l’entrepreneur Mike Kasenga sont actuellement sous enquête pour ces irrégularités financières.
Projet de carte d’identité nationale annulé
En août 2024, le contrat de production de cartes d’identité biométriques avec Afritech et le groupe français Idemia a été rompu à cause d’irrégularités financières soulevées par l’Inspection Générale des Finances (IGF). Bien que ce projet de 1,2 milliard de dollars était attendu pour fournir enfin des cartes d’identité aux Congolais, il n’a pas été mené à bien. Toutefois, le gouvernement envisage un nouveau partenariat avec le même fournisseur.
« Kinshasa Solar City » sans suite
Lancé en 2020 pour produire 200 MWp d’énergie solaire à Maluku, le projet « Kinshasa Solar City », d’un coût d’un milliard de dollars, n’a pas avancé. La première pierre posée reste visible sur le site, mais les travaux n’ont jamais démarré.
Projet « Métro Kin » sans réalisation
Créée en janvier 2022, la société « Métro Kin » devait ramener le train urbain à Kinshasa. Cependant, deux ans après, aucun progrès n’a été constaté. Le directeur général avait promis un lancement pour mars 2024, mais cette échéance est passée sans action concrète.
Université moderne à Mbandaka : promesse non tenue
Lors de sa visite en 2022 à Mbandaka, le président avait promis la construction d’une université aux standards modernes. À ce jour, les travaux n’ont toujours pas débuté, obligeant les étudiants à se déplacer dans d’autres régions du pays pour poursuivre leurs études.
La RDC reste confrontée à d’énormes défis dans la réalisation de ses projets publics. Malgré des promesses et des annonces ambitieuses, la plupart de ces projets restent en suspens, affectés par des problèmes de financement, des retards administratifs, et parfois même des suspicions de malversation. Ces projets inachevés révèlent les limites de la planification et de l’exécution des initiatives publiques dans le pays.
HESHIMA