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Judith Suminwa : « Il y a des choses à revoir dans cette Constitution »

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Le 13 novembre dernier, la Première ministre de la République démocratique du Congo (RDC), Judith Suminwa, a répondu de manière nuancée à la question controversée du changement de la Constitution, un sujet de débat national. Elle a souligné la nécessité d’une révision de la Constitution plutôt que d’un changement, terme que privilégie le chef de l’État, Félix Tshisekedi.

Interrogée directement sur sa position par rapport à celle du Président de la République, Judith Suminwa a évoqué uniquement le concept de révision : « La révision de la Constitution est prévue par l’article [218] de cette même Constitution. Ce n’est pas moi qui le dis, ni le Président ; c’est la Constitution elle-même qui le stipule. Le Président a annoncé qu’il allait créer une commission d’experts pour examiner la question et formuler des propositions. Attendons les conclusions de cette commission », a-t-elle déclaré dans une interview accordée à TV5 Monde, réalisée le 13 novembre depuis l’Azerbaïdjan, où elle participe à la COP29.

Pour Judith Suminwa, il est essentiel que la classe politique et la société civile s’accordent sur les éléments de la Constitution qui méritent une révision. « Il y a des choses à revoir dans cette Constitution. Maintenant, nous devons nous entendre sur ce qui doit être révisé et ce qui ne doit pas l’être. Tout cela est encadré par cette même Constitution, qui est d’ailleurs déjà une version révisée », a-t-elle ajouté.

Quant aux opposants qui soupçonnent Félix Tshisekedi de vouloir briguer un troisième mandat, Judith Suminwa estime qu’une telle hypothèse n’a aucun fondement. « Ils avancent cela sur quelle base ? Posez-leur la question », a-t-elle répliqué.

L’UDPS et ses arguments controversés

Si la Première ministre s’en tient à une interprétation strictement légale en faveur d’une révision limitée de la Constitution, certains membres de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) adoptent une posture plus agressive en faveur d’un changement radical de la loi fondamentale. Depuis le début de la campagne pour la modification de la Constitution, le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, s’illustre par des déclarations polémiques.

Succédant à Jean-Marc Kabund, Kabuya affirme avec assurance que la Constitution actuelle contient une disposition permettant la cession de terres congolaises au Rwanda. « Cette Constitution comporte un article qui demande à la RDC de céder une partie de son territoire au Rwanda », a-t-il clamé devant les militants à la 10ᵉ Rue Limete, à Kinshasa. En réalité, il fait référence, de manière erronée, à l’article 217 de la Constitution qui stipule : « La République démocratique du Congo peut conclure des traités ou des accords d’association ou de communauté comportant un abandon partiel de souveraineté en vue de promouvoir l’unité africaine ». Cette clause, présente également dans les constitutions de plusieurs autres pays africains, comme le Sénégal, le Niger, le Burkina Faso ou le Mali, est destinée à favoriser l’unité africaine et non à céder des territoires.

Dans le même élan, Kabuya soutient que le président rwandais, Paul Kagame, mène une guerre contre le chef de l’État congolais jusque dans les rangs de son propre parti. Selon lui, le dirigeant de Kigali souhaite ardemment voir Félix Tshisekedi perdre le pouvoir. « Le Rwanda est derrière le désordre au sein du parti. Kagame ne dort pas. Il veut coûte que coûte que Félix Tshisekedi quitte le pouvoir, alors que lui reste. Cela n’arrivera jamais », a-t-il martelé, semblant oublier que son autorité morale est à la tête d’un pays démocratique.

Heshima

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