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RDC : l’armée inverse le rapport des forces sur plusieurs lignes de front

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Depuis une semaine, le territoire de Lubero, dans la province du Nord-Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), est le théâtre de violents combats opposant les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), appuyés par l’armée rwandaise. Le vice-Premier ministre, ministre de la Défense nationale, a salué la « résistance remarquable » de l’armée face aux offensives répétées des ennemis.

Les affrontements ont battu des records de régularité dans le territoire de Lubero. Depuis le 2 décembre, les armes lourdes et légères continuent de retentir dans plusieurs villages du territoire, notamment à Luofu, Kaseghe et Matembe. Les rebelles du M23, soutenus par les Forces rwandaises de défense (Rwanda Defense Force – RDF), ont tenté à plusieurs reprises de prendre les positions des FARDC dans ces zones. Certaines positions avaient été conquises par l’ennemi au milieu de la semaine dernière, avant d’être reprises par l’armée loyaliste lors de contre-offensives. C’est le cas du village de Luofu, où, après sa reconquête, l’armée a arrêté le chef de l’entité, Monsieur Faustin Balolage Mirindi. Ce dernier est accusé par l’armée d’avoir collaboré avec les rebelles en gardant dans son domicile certains de leurs effets militaires. Le projet du M23 d’occuper Lubero-Centre a, jusqu’à présent, été mis en échec par les FARDC.

Le Conseil des ministres, réuni le 6 décembre 2024, a salué cette bravoure de l’armée. « Au cours de la semaine qui s’achève, la situation sécuritaire a été marquée par les contre-offensives des FARDC, mettant en échec les attaques de leurs positions par la coalition RDF/M23 dans certaines zones du Nord-Kivu », a rapporté le vice-Premier ministre, ministre de la Défense nationale, Guy Mwadiamvita Kabombo. Ce dernier a salué « la résistance remarquable de nos forces de défense et de sécurité dans leur détermination sans faille à défendre la patrie face aux offensives ennemies, en gardant l’initiative et en inversant le rapport des forces sur plusieurs lignes de contact ».

Le dimanche 8 décembre, l’armée a repris le contrôle de Luofu, dans le territoire de Lubero, un village stratégique qui ouvre l’accès à plusieurs axes majeurs, notamment en raison de sa proximité avec Kaseghe et Matembe. Ce lundi 9 décembre, des affrontements se concentrent à Matembe, un point d’intersection entre les FARDC et les rebelles, car ce village est partagé entre les deux forces. D’autres combats intenses sont signalés à Kaseghe, Mighobwe et Kibaku, des villages encore sous occupation du M23.

Kagame veut imposer le M23 à Luanda

Alors qu’il existe un accord de cessez-le-feu en vigueur depuis août, les rebelles du M23 ont violé cette résolution prise à Luanda entre la RDC et le Rwanda, principal soutien du groupe rebelle. Certains analystes y voient un coup de pression de Paul Kagame avant la rencontre du 15 décembre à Luanda entre les deux chefs d’État. En occupant davantage de villages, Paul Kagame tenterait ainsi de mettre Félix Tshisekedi sous pression.

Destiné à intensifier les efforts de stabilisation dans l’est de la RDC, ce sommet tripartite est censé rassembler les présidents rwandais et congolais sous l’égide du médiateur angolais, le président João Lourenço. En intensifiant les combats pendant une semaine, Kigali espère faire inviter le M23 à la table des discussions. Car, si le Rwanda parvient à signer un accord de paix avec la RDC, le M23 serait abandonné en plein vol. La rébellion serait quelque peu mise hors-jeu par son parrain. C’est le sens des offensives lancées ces derniers jours par le M23 pour se faire entendre.

D’ailleurs, Kigali affirme que la question du groupe armé demeure une question congolo-congolaise et qu’elle est l’une des seules à rester non résolue à ce stade dans ce dossier. De son côté, Kinshasa refuse toujours d’envisager une quelconque discussion directe avec le M23. « Nous ne signerons rien avec le M23, mais avec le gouvernement rwandais », affirme ainsi un conseiller de Félix Tshisekedi cité par RFI. Le sort incertain du M23 risque aussi de compromettre l’obtention d’une paix durable dans la partie est du pays. Paul Kagame, par un fait de prince, peut à tout moment réveiller cette rébellion pour faire chanter Kinshasa. Le groupe armé est utilisé par Kigali comme un objet de chantage pour obtenir des concessions de la part de la RDC.

Heshima

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