Le président de la République démocratique du Congo (RDC) a prononcé son discours sur l’état de la Nation, ce mercredi 11 décembre 2024, devant le parlement réuni en Congrès. Dans son allocution, Félix Tshisekedi a dressé un bilan du secteur économique prometteur malgré l’inflation. Il a également évoqué la santé ainsi que la situation sécuritaire préoccupante dans l’est du pays.
Le chef de l’État congolais a fait savoir que malgré de nombreux défis, le pays a réalisé « des progrès notables » et accompli « des avancées concrètes ». Évoquant l’inflation, Félix Tshisekedi a souligné que le taux de change a été stabilisé grâce à une gestion rigoureuse des finances publiques et à une étroite coordination entre le gouvernement et la Banque centrale du Congo (BCC). Mais il reconnaît en même temps que l’inflation en 2024 a dépassé les prévisions. « Je reconnais cependant que l’inflation constitue une préoccupation réelle pour nos concitoyens. Elle a dépassé, au premier semestre, le seuil annuel prévu de 11,3 %, en raison notamment de la hausse des tarifs de transport ; hausse elle-même liée au rationnement des produits pétroliers, ainsi qu’à l’augmentation du prix des denrées alimentaires et des boissons non alcoolisées. Le franc congolais a également subi une dépréciation de 4,2 % par rapport au dollar américain depuis la fin décembre 2023, renchérissant le coût des biens importés et accentuant ainsi la pression inflationniste », a-t-il déclaré.
Sur la question de la vie chère due notamment à l’inflation, il a rappelé qu’une instruction avait été donnée à la Première ministre, Judith Suminwa, pour prendre des mesures en vue de la baisse des prix des biens de première nécessité et inverser la tendance. En parallèle, le chef de l’État a vanté des réalisations économiques en dépit de ce contexte difficile. C’est notamment le cas de la construction de la zone économique spéciale de Maluku, où une usine de fabrication de carreaux emploie plus de 1 000 Congolais et produit environ 50 000 mètres carrés de carreaux par jour. Cela permettrait d’arrêter l’importation de ce matériau de construction. Il a aussi évoqué le cas de l’usine de Pepsi, produisant à ce jour 1,2 million de bouteilles de boisson non alcoolisée par jour. Ce qui renforce, selon lui, le concept de « made in RDC ». Il a aussi mis en avant la mine de zinc de Kipushi, dans le Haut-Katanga, qu’il a inaugurée récemment après plus de 30 ans d’arrêt. Cette mine a la capacité de produire 45 000 tonnes de zinc.
Insécurité dans l’Est de la RDC
Concernant la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, Félix Tshisekedi a souligné les efforts des Forces armées du pays (FARDC) ainsi que la mission militaire de la SADC dans les efforts de rétablissement de la paix dans cette partie du territoire national. Le président de la République a ensuite tiré la sonnette d’alarme au sujet d’une réorganisation démographique des territoires congolais par le Rwanda. « Un phénomène alarmant s’observe : le dépeuplement progressif de certains territoires stratégiques, suivi de leur repeuplement par des populations étrangères implantées par le Rwanda. Cette dynamique soulève des enjeux majeurs en termes de souveraineté nationale, d’équilibre démographique et de cohésion sociale, nécessitant une réponse urgente et coordonnée », a dénoncé Félix Tshisekedi.
Le chef de l’État de la RDC a fait savoir que les militaires rwandais et leurs supplétifs du M23 continuent d’occuper une partie des territoires de Masisi, Nyiragongo, Rutshuru et Lubero, provoquant ainsi un déplacement massif de la population. « Aujourd’hui, près de 7 millions de Congolais vivent loin de leurs foyers, faisant de notre pays l’un des plus touchés au monde par ce drame humanitaire », a-t-il rapporté.
Il a par ailleurs salué les efforts de médiation du président angolais dans ce conflit. « Je tiens à exprimer ma profonde gratitude au président João Manuel Gonçalves Lourenço de la République d’Angola pour son engagement résolu en tant que médiateur dans la quête de la paix à l’Est de notre pays. Je remercie également la SADC qui vient de renouveler d’une année le mandat de sa mission en RDC (SAMIDRC), témoignant ainsi de son attachement au principe de sécurité collective », a affirmé Félix Tshisekedi.
Révision constitutionnelle
Contrairement à son argumentaire soutenu lors de ses meetings à l’intérieur du pays, Félix Tshisekedi a sobrement évoqué des réformes constitutionnelles sans mentionner les articles controversés. Il a expliqué que son nouveau mandat a été marqué par un « démarrage retardé », notamment en raison du temps nécessaire pour la désignation de la Première ministre et la mise en place des institutions, conformément aux prescriptions de la Constitution. « Ces délais, bien que contraignants, étaient indispensables pour respecter les échéances et les procédures fondamentales de notre démocratie. Cependant, cette situation nous invite à une réflexion commune : il est peut-être temps d’engager une réflexion nationale sur une réforme constitutionnelle, afin d’éliminer les failles qui ralentissent le fonctionnement de notre appareil étatique », a-t-il lancé sous les ovations de la salle.
D’autres secteurs de la vie nationale abordés par Félix Tshisekedi
D’autres secteurs de la vie nationale ont été abordés par Félix Tshisekedi, notamment le sport et la santé. Dans le domaine de la santé, il a vanté la construction de 300 centres de santé, dont un à Kalemie, inauguré par lui-même après avoir été équipé. Il a également évoqué la couverture santé universelle, dont le programme de la gratuité de la maternité couvre désormais 13 provinces dans son implémentation. Il promet d’étendre cette couverture à l’ensemble du pays.
Heshima