Moins d’une semaine après la chute du verrou d’Alimbongo, dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, le chef de l’État congolais, Félix Tshisekedi, a opéré des changements notables au sein des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Le chef d’état-major général, Christian Tshiwewe, a été limogé et remplacé par le lieutenant-général Jules Banza Mwilambwe.
Dans une série d’ordonnances lues à la télévision nationale (RTNC) le 19 décembre 2024, Félix Tshisekedi a également changé le patron des renseignements militaires (ex-DEMIAP). Le général-major Christian Ndaywel a cédé sa place au général-major Jean-Roger Makombo. Christian Ndaywel dirigera désormais la force terrestre. D’autres généraux ont été promus en grade. C’est le cas des généraux Jules Banza (nouveau patron de l’armée), François Kabamba et Jean-Pierre Kasongo Kabwik du Service national, qui sont passés de général-major à lieutenant-général. Quant aux généraux de brigade Martin Malubuni, Jean-Roger Makombo et Antoine Gbiagolo, ils ont désormais le grade de général-major.
Pacifique Masunzu pour affronter le M23
Dans la foulée des réformes au sein de l’armée, Félix Tshisekedi a repositionné un acteur clé à l’Est du pays : le lieutenant-général Pacifique Masunzu. Issu de la communauté Banyamulenge, cet officier était commandant de la 2ème zone de défense, couvrant les provinces de l’Ouest, notamment le grand Kasaï et le grand Katanga. Il dirigera désormais la 3ème zone de défense, une zone de forte activité militaire englobant les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema et de l’Ituri.
Issu du brassage avec les groupes armés, le général Masunzu était membre du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD/Goma). Fidèle aux FARDC depuis 21 ans, il est reconnu pour sa loyauté et sa connaissance approfondie de la région du Kivu. Fin stratège, il est perçu comme apte à conduire efficacement les opérations militaires dans une zone dominée par la rébellion du M23. Ce groupe armé a récemment pris le contrôle de plusieurs localités, notamment Mbingi, après avoir fait sauter le verrou d’Alimbongo, stratégiquement important pour bloquer sa progression vers Butembo et Beni.
Chico Tshitambwe rappelé à l’Ouest
Le général-major Chico Tshitambwe, qui commandait les anciennes positions stratégiques de Rwindi, de Kanyabayonga et d’Alimbongo, a été rappelé à l’Ouest du pays. Il dirigera la première zone de défense, comprenant Kinshasa, le Kongo Central et le grand Bandundu. Il sera assisté par le général de brigade Étienne Kabundi Beya, commandant adjoint chargé des opérations et renseignements, et le général de brigade Ngoma Pico, commandant adjoint chargé de l’administration et de la logistique.
Christian Tshiwewe nommé conseiller militaire
Le général d’armée Christian Tshiwewe Songesha, chef d’état-major général des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) pendant deux ans, a quitté ses fonctions, laissant un bilan globalement mitigé. Sa gestion à la tête de l’armée a été marquée par une montée en puissance du groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, ce qui a terni l’image de son leadership face à un contexte sécuritaire complexe.
Sous le président Joseph Kabila, alors qu’il était encore général de brigade et commandant adjoint de la Garde républicaine, Tshiwewe avait rapidement grimpé dans la hiérarchie militaire. Sa carrière a pris un tournant décisif sous le mandat de Félix Tshisekedi, qui lui a accordé une confiance totale, le propulsant du rang de général de brigade à celui de général-major. À ce grade, il a pris la tête de la Garde républicaine, succédant ainsi au général Gaston Hugues Ilunga Kampete. Sa progression ne s’est pas arrêtée là, puisqu’il a été promu lieutenant-général, puis, à son apogée, général d’armée, un grade honorifique qui représente le sommet de la hiérarchie militaire congolaise.
Cependant, malgré cette ascension fulgurante, la gestion de l’armée sous sa direction n’a pas répondu aux attentes, particulièrement face aux défis posés par les violences dans l’est du pays. L’échec à contenir la rébellion du M23 et l’implication présumée du Rwanda dans ces affrontements ont contribué à une certaine déception quant à son efficacité à protéger le territoire national.
Suite à cette période, il cède sa place à Jules Banza Mwilambwe, ancien adjoint du général Franck Ntumba à la maison militaire, qui prendra la relève dans un contexte de crise sécuritaire persistant.
Malgré les critiques, Christian Tshiwewe a été nommé conseiller militaire du chef de l’État, un poste stratégique qui pourrait lui offrir une nouvelle opportunité de jouer un rôle clé dans la redéfinition de la stratégie militaire du pays face aux défis actuels.
Heshima