Nation

Tshisekedi-Kagame : deux ex-frères vraiment irréconciliables ?

Published

on

La chance de voir les deux dirigeants se rencontrer à Luanda, en Angola, pour donner une chance à la paix, s’est sensiblement amenuisée depuis l’échec du sommet tripartite du 15 décembre 2024. Lors d’une cérémonie d’échange des vœux avec les diplomates accrédités en République démocratique du Congo (RDC), samedi 18 janvier, le président congolais, Félix Tshisekedi, a rappelé la « ligne rouge » de la RDC : pas de dialogue direct avec les rebelles du M23.           

Félix Tshisekedi et Paul Kagame, qui avaient tenté de se rapprocher au début du premier mandat du dirigeant congolais, se montrent de plus en plus irréconciliables. Ceux qui s’appelaient « frère » se lancent désormais des diatribes par médias interposés. Les efforts de réconciliation menés par le président angolais, Joao Lourenço, dans le cadre de la médiation, sont au point mort. Kinshasa et Kigali campent toujours sur leur position. Le Rwanda veut un dialogue direct entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23 alors que Kinshasa refuse, craignant un nouveau cercle vicieux.

Devant les ambassadeurs accrédités à Kinshasa, le président de la République a réitéré la position ferme de la RDC face aux rebelles du M23 et au Rwanda, leur parrain. Le chef de l’Etat congolais a exclu catégoriquement tout dialogue avec ce groupe rebelle, rappelant que cette ligne rouge est infranchissable. En refusant un dialogue direct, Félix Tshisekedi semble redouter l’effet de recyclage de cette rébellion expérimenté sous le règne du président Joseph Kabila. Du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) en passant par le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le Mouvement du 23 mars (M23) n’est en réalité qu’un succédané de ces rébellions sous influence rwandaise. Certains anciens membres du RCD ont été à la base de la création du CNDP et le M23 en est un rejeton. C’est ce cercle vicieux que Félix Tshisekedi veut interrompre après près de 30 ans d’instabilité dans l’Est de la RDC.

Vivement des sanctions contre le Rwanda

A défaut d’un dialogue direct avec le Rwanda, Félix Tshisekedi souhaite que la communauté internationale passe des simples déclarations de condamnation à des sanctions tangibles et dissuasives contre le Rwanda. Si le M23 ne reçoit plus de soutien militaire dans ses bases arrières, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) pourraient le vaincre militairement comme ce fut le cas en 2013 avec le colonel Mamadou Ndala d’heureuse mémoire.    

En 2013, le sous-secrétaire d’Etat américain pour l’Afrique, Linda Thomas-Greenfield, avait annoncé les mesures de sanctions contre le régime de Paul Kagame, sur la base d’une loi de 2008 sur la protection des enfants soldats. Washington avait mis un terme à toute l’assistance américaine en termes de formation et d’entraînement militaire au profit du Rwanda pour l’année budgétaire 2014. Déjà, en 2013, cette aide représentait environ 500.000 dollars. Une année plus tôt, Washington avait déjà suspendu une aide financière militaire en raison des liens entre Kigali et le M23.

Lourenço et Sassou appellent au dialogue

Depuis l’impasse du processus de Luanda, le médiateur dans ce conflit, Joao Lourenço, tente de relancer les discussions. Lors de sa visite à Brazzaville, 12 janvier, Lourenço et son homologue congolais, Denis Sasous Nguesso, ont réitéré leur appel au dialogue entre Kinshasa et Kigali pour épargner des vies civiles. Depuis l’échec de Luanda, le M23, toujours soutenu par le Rwanda, contrôle de vastes territoires dans l’Est de la RDC. Environ 4000 soldats rwandais sont déployés aux côtés des rebelles sur le sol congolais, d’après le dernier rapport du groupe d’experts des Nations Unies sur le conflit en RDC. Le week-end dernier, le groupe armé a pris le contrôle de la cité minière de Lumbishi, quelques jours après s’être emparé de Masisi-centre, au Nord-Kivu. Avec ce rythme du conflit, les chefs d’Etat congolais et rwandais sont loin de s’entendre. Leur flexibilité dépendra du rapport de force sur le théâtre des opérations.

Heshima   

Trending

Quitter la version mobile