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RDC : vers une levée progressive de l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu

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L’état de siège instauré depuis mai 2021 va être progressivement levé. Cette mesure sécuritaire exceptionnelle n’a pas réussi à pacifier les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, toujours en proie aux groupes armés. S’il y a eu une légère baisse de l’insécurité en Ituri, au Nord-Kivu, par contre, la situation s’est davantage compliquée avec la résurgence du M23. Le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, attend du gouvernement une feuille de route déclinant les actions à mener pour assouplir cette décision.            

En République démocratique du Congo (RDC), le sujet de l’état de siège a fait partie des points majeurs évoqués lors du dernier conseil des ministres présidé, le 15 janvier 2025, par le président de la République, Félix Tshisekedi. Le gouvernement a désormais 15 jours pour remettre au chef de l’État cette feuille de route en vue d’une levée progressive de cette mesure. Il y a deux mois, la Première ministre, Judith Suminwa, s’était rendue dans les deux provinces pour dresser un bilan de ce dispositif sécuritaire qui est renouvelé tous les 15 jours par le parlement. Lors de cette mission d’évaluation dans les deux provinces concernées, il s’était dégagé une « nécessité » de maintenir encore cette décision au regard de la dégradation de la situation sécuritaire surtout au Nord-Kivu.

Mais au sein de la population, la réaction est tout autre. « Le besoin d’alléger davantage le dispositif s’était fait sentir au sein des populations concernées », a rapporté le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya. La société civile et les députés provinciaux appellent régulièrement à la levée de ce dispositif. « Cette mesure n’a pas apporté les résultats escomptés », a indiqué Gratien Iracan, député national élu de Bunia, en Ituri. Pour lui, la levée de cette mesure permettrait de rétablir les autorités civiles. Ainsi, l’armée sera concentrée uniquement sur les opérations militaires contre les groupes armés, notamment le M23 et les ADF.  

Retour difficile des autorités civiles  

Félix Tshisekedi a rappelé que l’instauration de l’état de siège était commandée par le « besoin impérieux » de ramener la paix dans la partie Est du pays et particulièrement dans ces deux provinces exposées depuis plus de deux décennies aux multiples violences perpétrées par des groupes armés locaux et étrangers, occasionnant des viols des femmes et des jeunes filles, des massacres et déplacements massifs des populations, des pillages des ressources et autres maux insupportables. Seulement, le retour des autorités civiles pourrait être difficile dans la province du Nord-Kivu occupée à près de 50% par les rebelles du M23 appuyés par le Rwanda. Certains centres administratifs sont contrôlés par les rebelles. Ce qui rend difficile la réinstallation des autorités civiles par exemple dans le territoire de Masisi où le bureau de l’administrateur est occupé par ces rebelles. Il en est de même pour le territoire de Rutshuru. 

Des progrès en Ituri

Si au Nord-Kivu la situation sécuritaire s’est aggravée, en Ituri, par contre, il y a eu des progrès. Une baisse sensible des attaques des terroristes ADF est constatée dans plusieurs territoires. Ces rebelles ougandais qui ont fait allégeance à l’Etat islamique tuaient régulièrement des civils congolais à Djugu, Mambasa, Irumu ou encore dans d’autres villages isolés dans cette partie du pays. 

Pour mieux évaluer la situation, le gouvernement avait organisé, à Kinshasa, du 14 au 16 août 2023, une Table ronde pour dresser le bilan afin d’identifier les meilleures orientations à adopter quant à l’avenir de cet état de siège. Après la mission interinstitutionnelle d’évaluation conduite par la Première ministre, du 22 au 24 novembre 2024, dans les deux provinces concernées, il s’était dégagé que l’état de siège est encore considéré comme une nécessité. Mais le gouvernement refuse également d’ignorer le besoin d’alléger davantage ce dispositif, notamment avec le retour de l’administration civile, par exemple, en Ituri.

Heshima

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