Les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), appuyés par l’armée rwandaise, continuent leur offensive dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, et à Kamanyola, dans le territoire de Walungu, au Sud-Kivu. Malgré la pression militaire, le président de la République, Félix Tshisekedi, maintient sa position de ne pas dialoguer directement avec ce groupe rebelle.
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix-Antoine Tshisekedi, s’est rendu discrètement à Luanda, le 18 février, pour une réunion avec son homologue angolais, João Lourenço. Ce dernier, qui quitte la médiation entre Kinshasa et Kigali, prendra la présidence de l’Union africaine. Cette rencontre, qui s’est tenue au Palais présidentiel de Luanda, est la deuxième en moins d’un mois, après celle du 29 janvier dernier. Elle intervient alors que la situation sécuritaire continue de se dégrader dans l’Est de la RDC.
Pendant ce temps, les rebelles gagnent du terrain dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, où la localité de Kitsambiro est occupée, ce mercredi 19 février 2025, par ces insurgés. Au Sud-Kivu, la cité historique de Kamanyola est également occupée par les rebelles. Malgré ces pressions militaires, Félix Tshisekedi ne bronche pas. Le chef de l’État congolais continue de chercher des solutions militaires en parallèle avec les options diplomatiques existantes, telles que le sommet conjoint de la Communauté des États d’Afrique de l’Est et de la Communauté des États d’Afrique australe (EAC-SADC).
Après le Burundi, l’Afrique du Sud et la SADC, Félix Tshisekedi a sollicité l’intervention militaire du Tchad. Le président de la République, à travers son envoyé spécial, le ministre Didier Mazenga, a demandé à son homologue tchadien, Mahamat Idriss Déby, une aide militaire « sous toutes formes ».
Pas de dialogue avec le M23
Lors du sommet conjoint de l’EAC-SADC, un appel au dialogue a été lancé pour mettre un terme au conflit dans l’Est congolais. Mais Kinshasa refuse toujours de discuter avec le M23, qu’il considère comme un groupe « terroriste ». Mais au-delà de cette considération, Félix Tshisekedi a de bonnes raisons pour maintenir une telle position malgré des revers militaires sur la ligne du front. En effet, l’actuel président refuse de porter la lourde responsabilité de compromettre l’intégrité du pays. Les négociations avec les rebelles du M23 conduiraient à rouvrir la boîte de Pandore sur les accords du 23 mars 2009 signés entre le gouvernement de Joseph Kabila et la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) dirigée par Laurent Nkunda. Ces accords contiennent une clause demandant la mise en place d’un nouveau modèle de découpage du territoire national fondé sur « la nécessité d’une meilleure prise en compte possible des réalités sociologiques du pays ». L’accord inclut aussi la reconnaissance des provinces du Nord et du Sud-Kivu comme des « zones sinistrées ». Si une telle disposition était appliquée, cela risquerait d’être le début d’une balkanisation du pays. Et Félix Tshisekedi refuse d’endosser une telle responsabilité face à l’histoire.
Les évêques prêchent dans le désert
Pendant que les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et les révérends de l’Église du Christ au Congo (ECC) sollicitent un cessez-le-feu lors de leur rencontre avec Corneille Nangaa, à Goma, les combats continuent et les rebelles menacent de prendre le contrôle du territoire d’Uvira, au Sud-Kivu. Avec l’ascendance militaire des rebelles sur les différentes lignes de front, il est difficile qu’ils troquent leur avantage de terrain contre un cessez-le-feu qui risquerait de permettre aux Forces armées de la RDC de se réorganiser.
Les prélats ne perdent pas espoir dans la résolution pacifique de ce conflit. Ils ont rencontré le président kenyan, William Ruto, et prévoient de rencontrer le président ougandais, Yoweri Museveni, avant de s’envoler pour la Tanzanie et le Burundi. La CENCO-ECC prévoit aussi d’être reçue à Brazzaville, en République du Congo, par le président Denis Sassou Nguesso. L’Angolais João Lourenço, ex-médiateur dans ce conflit entre Kinshasa et Kigali, sera aussi consulté.
Heshima