Le Conseil de sécurité des Nations unies a tenu, le 19 février à New York, une nouvelle réunion d’urgence sur la crise sécuritaire qui prévaut dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). À la fin de cette séance, les positions des États membres n’ont vraiment pas évolué, se contentant des condamnations verbales contre le Rwanda pour sa violation de la souveraineté congolaise. La Russie a même choqué une partie de l’opinion congolaise par son soutien à Kigali.
Le 19 février, dans la Maison de verre, à New York, les lignes n’ont pas bougé en faveur de la RDC. Le Rwanda, dont les troupes violent l’intégrité du territoire congolais, continue à bénéficier d’un blanc-seing de la part de l’ONU. Après avoir envahi Goma et ses alentours, l’armée rwandaise, en appui aux rebelles du M23, a progressé à Bukavu et au-delà sans inquiéter qui que ce soit. La communauté internationale s’est bornée, jusqu’ici, à condamner cette progression sans prendre de sanctions contre Kigali. Pourtant, pour une fois, le gouvernement de la RDC a officiellement accusé le Rwanda devant le Conseil de sécurité de l’ONU, de vouloir renverser le pouvoir à Kinshasa. Dans son intervention devant cet organe qui examinait la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a demandé à l’ONU de prendre des « sanctions robustes » contre Kigali et la rébellion du M23 alliée à l’Alliance Fleuve Congo de Corneille Nangaa.
À Goma, une ville occupée, les rebelles font la loi, empêchant même les structures de l’ONU de travailler en toute quiétude. D’après la cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, le M23 impose de sévères restrictions sur la liberté de mouvement des éléments de la MONUSCO. Ces rebelles empêchent la MONUSCO de se réapprovisionner en eau et autres produits essentiels pour les troupes de la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en RDC (SAMIR-RDC). Les infrastructures essentielles de cette mission onusienne sont sous une pression extrême de la part des rebelles et de leurs alliés.
La représentante des États-Unis au Conseil de sécurité a même accusé le Rwanda d’avoir organisé une manifestation contre la MONUSCO à Goma. « Combien de fois devrons-nous encore nous réunir pour débattre du cycle prévisible des violences ? », s’est demandée la représentante des États-Unis. Selon elle, Washington est prêt « à travailler avec les membres du Conseil pour imposer des sanctions. »
La Russie surprend certains Congolais !
Lors de son intervention, le représentant de la Russie au Conseil de sécurité a choqué certains Congolais par son soutien au Rwanda. La Russie demande à la RDC de cesser « toute collaboration » avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). La Russie a aussi dénoncé le recours, par la RDC, à des « mercenaires européens ». Une position qui a surpris certains Congolais qui appelaient justement leur gouvernement à nouer des alliances militaires avec Moscou. La Russie a simplement suivi une logique évidente. Elle a envahi l’Ukraine pratiquement pour des mêmes prétextes que le Rwanda. Donc, ce soutien à Kigali semble politiquement correct pour Moscou. Même Washington, que d’aucuns accusent d’être derrière Kigali, s’est dit prêt à prendre des sanctions contre le Rwanda. Le Royaume-Uni affirme également préparer des sanctions contre le régime de Paul Kagame.
Mais jusqu’à présent, toutes les réunions d’urgence organisées par le Conseil de sécurité au sujet de la crise sécuritaire en RDC n’ont rien produit sur le terrain. L’ONU ne fait que tourner en rond alors qu’elle a toute une palette de mesures contraignantes qui pourraient faire reculer Kigali.
Heshima