Le régime du président rwandais, Paul Kagame, est sous une forte pression internationale suite à la présence de ses troupes dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Après Berlin, Washington et Bruxelles, Londres a pris, le 25 février, des sanctions majeures contre le Rwanda, suspendant la majeure partie de son aide financière, à l’exception de celle destinée aux plus démunis.
Après avoir promis des « conséquences » au sujet de l’agression rwandaise en RDC lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 tenue en Afrique du Sud, le chef de la diplomatie britannique, David Lammy, passe aux actes. La majeure partie de l’aide financière destinée au Rwanda est suspendue, à l’exception des programmes britanniques qui touchent aux personnes « les plus pauvres et les plus vulnérables » au Rwanda. En prenant ces sanctions, le Royaume-Uni dénonce « l’absence de progrès significatifs » après des mises en garde contre Kigali. « Les hostilités doivent cesser immédiatement. Les récentes offensives du M23 et des forces de défense rwandaises, notamment la prise de Goma et de Bukavu, constituent une violation inacceptable de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC », a fait savoir le chef de la diplomatie britannique dans un communiqué. L’action du Royaume-Uni ne se limite pas à ce seul paquet de sanctions. Londres a aussi annoncé qu’il va se coordonner avec ses partenaires sur de « potentielles nouvelles sanctions ».
Des sanctions majeures
Depuis le début de la crise sécuritaire entre la RDC et le Rwanda, la communauté internationale a passé beaucoup de temps à appeler Kigali au retrait de ses troupes de la RDC. Après la prise de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, puis la ville de Bukavu, dans le Sud-Kivu, des sanctions majeures se faisaient toujours attendre. Avec la décision prise par le Royaume-Uni, Londres a frappé un grand coup. Ce sont des sanctions majeures depuis le début de l’invasion de la RDC par des troupes rwandaises. Avant d’annoncer ces sanctions, le chef de la diplomatie britannique, David Lammy, a rencontré le président de la RDC, Félix Tshisekedi, à Kinshasa et le président rwandais, Paul Kagame, à Kigali, les 21 et 22 février.
Le ministre britannique a exhorté les deux chefs d’Etat à s’engager de « bonne foi » dans les processus de paix menés sous l’égide d’anciens dirigeants africains, et a réclamé le retrait des forces rwandaises du territoire de la RDC. Mais Londres reste convaincu qu’il n’existe qu’une solution politique à ce conflit, et non militaire. Il a, en même temps, appelé Kinshasa à dialoguer avec les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) soutenus par le Rwanda.
Le ton donné par Berlin
Le premier pays à donner le ton a été l’Allemagne. Berlin a suspendu, fin janvier, des discussions prévues avec le Rwanda sur son aide au développement, exigeant le retrait des forces rwandaises et de leurs alliés du M23 de l’Est de la RDC. Des « consultations gouvernementales » entre Berlin et Kigali, programmées en février en cours, ont été annulées. Le club allemand Bayern Munich, en contrat avec « Visit Rwanda » depuis 2023, est sous pression de la RDC et même de certains de ses supporters. Le club allemand affirme être en train de discuter avec Kigali du conflit en RDC. Le week-end dernier, lors d’un match du club contre Frankfurt, des supporters bavarois ont déroulé des banderoles contre le partenariat « Visit Rwanda ». Sur certains calicots, on pouvait lire : « Visitez le Rwanda : ceux qui détournent le regard trahissent les valeurs du FC Bayern ».
Dans l’UE, la Belgique mène la démarche
Après avoir suspendu son aide au développement au Rwanda, la Belgique continue de pousser l’Union européenne à agir contre cette agression rwandaise en RDC. « La Belgique et la France ont porté une démarche pour qu’un paquet de sanctions plus conséquent soit soumis à l’approbation des 27 États de l’Union européenne. », a affirmé Maxime Prévot, ministre belge des Affaires étrangères, en marge de sa rencontre avec la Première ministre congolaise Judith Suminwa. Ces sanctions pourraient éventuellement porter sur la suspension du traité concernant les minerais critiques signé entre l’Union européenne et le Rwanda. Des sanctions individuelles contre des personnalités rwandaises – comme l’ont fait les Etats-Unis – ne sont pas à exclure.
Heshima