Un rassemblement organisé par le groupe rebelle M23/AFC à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), a été marqué par une explosion le 27 février 2025. La rébellion, qui contrôle la ville, accuse cependant le gouvernement congolais d’être l’auteur de cet acte, qui a causé la mort d’au moins 11 personnes. Immédiatement, Corneille Nangaa, coordonnateur des insurgés, annonce des offensives contre l’armée congolaise.
L’incident a eu lieu sur la place de l’Indépendance à Bukavu, où des centaines de personnes étaient réunies pour écouter le discours de Corneille Nangaa. Cette explosion a également blessé 65 autres personnes. Le président de la République, Félix Tshisekedi, a condamné l’explosion, la qualifiant d’acte terroriste perpétré par une « armée étrangère présente illégalement » en RDC. De son côté, le leader du M23/AFC, Corneille Nangaa, a renvoyé la balle dans le camp du gouvernement, accusant les autorités congolaises d’avoir orchestré l’attaque. Corneille Nangaa en profite pour rompre le fragile cessez-le-feu en annonçant la conquête d’Uvira, la deuxième ville de la province du Sud-Kivu, après Bukavu.
Corneille Nangaa menace également de conquérir le reste des territoires sous la gouvernance de l’État congolais. « Ceux qui véhiculent le message du genre « ils vont rentrer », cela n’engage qu’eux. Bien au contraire, en sécurisant la ville de Bukavu, il faudra écarter la menace autant que possible et sécuriser totalement toute la province du Sud-Kivu », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue en marge du meeting, qui a terminé dans un bain de sang.
Créer des prétextes pour continuer la guerre
En dehors des trois derniers jours, d’intenses combats avaient opposé les rebelles, appuyés par l’armée rwandaise, aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans la plaine de la Ruzizi, seule frontière terrestre entre le pays et son voisin le Burundi, au nord‐est du territoire d’Uvira. Après la conquête de Kamanyola et Luvungi, ces rebelles seraient à seulement 40 kilomètres de la province du Tanganyika. Une entité rêvée par la rébellion pour tenter de rallier le grand Katanga. Ils peuvent inventer toutes sortes de situations désastreuses pour se donner un prétexte de poursuivre les offensives. C’est notamment le sens de la propagande sur l’attaque contre les Swahiliphones à Kinshasa. Une histoire presque créée de toutes pièces pour justifier leurs actions déstabilisatrices.
Accélérer les processus régionaux
Pour stopper la dégradation de la situation sécuritaire, il faudrait accélérer les initiatives régionales et locales. Une réunion ministérielle conjointe de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) devrait se tenir, ce vendredi 28 février, à Harare, au Zimbabwe, sur la crise dans l’Est de la RDC. Les dirigeants régionaux devraient rapidement prendre des mesures qui permettent un cessez-le-feu durable et entamer des discussions sur des voies de sortie de crise. Probablement, ces dirigeants étudieront le plan qui recommande un cessez-le-feu et le déploiement d’une force hybride EAC-SADC dans les zones occupées par le M23. Cette zone bénéficierait alors d’un « statut spécial ».
Sur le plan local, la délégation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC), conduite par l’archevêque de Lubumbashi, Fulgence Muteba, et le Révérend André Gédéon Bokundoa, a été reçue le 27 février dernier par le président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, à Brazzaville. La délégation de ces prélats poursuit des consultations en vue d’organiser un dialogue national pour la paix en RDC et dans la région des Grands Lacs. Ces initiatives régionales et nationales devraient être accélérées pour stopper l’élan déstabilisateur qui semble s’installer en RDC.
Heshima