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Rwanda-M23 : des sanctions tombent, Kigali maintient toujours ses troupes en RDC

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Après les États-Unis, l’Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni, c’est le tour du Canada d’annoncer une série de sanctions contre le Rwanda en réponse à son implication dans le conflit dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Le gouvernement canadien dénonce une « violation flagrante » de la souveraineté congolaise. Malgré ces sanctions, Kigali n’a toujours pas songé à retirer ses troupes de la RDC.

La liste des sanctions contre le Rwanda s’allonge au fur et à mesure que la communauté internationale constate le statu quo sur le terrain. Lundi 3 mars, dans un communiqué conjoint, la ministre des Affaires étrangères canadienne, Mélanie Joly, le ministre du Développement international, Ahmed Hussen, et la ministre de la Promotion des exportations, Mary Ng, ont condamné la progression du Mouvement du 23 mars (M23) dans l’Est de la RDC. Ce mouvement, soutenu militairement par le Rwanda, a pris le contrôle des villes de Goma et Bukavu. Il compte progresser vers la ville d’Uvira, dans le Sud-Kivu, menaçant ainsi la province du Tanganyika, dans le grand Katanga.

Concrètement, le Canada a donc décidé de suspendre l’octroi de permis pour l’exportation de biens et technologies contrôlés vers Kigali. De plus, il met un terme aux nouvelles initiatives commerciales entre les deux gouvernements et restreint son soutien aux entreprises privées engagées dans des activités économiques avec le Rwanda. Ottawa envisage de réévaluer sa participation aux événements internationaux organisés par le Rwanda et aux propositions de Kigali visant à accueillir de futures rencontres internationales.

Dans la logique des sanctions, le club londonien de football, Arsenal, envisage de ne plus renouveler son contrat avec l’Office rwandais du tourisme au sujet du partenariat « Visit Rwanda ». D’après le média anglais, Dailymail, Arsenal explorerait de « nouvelles alternatives plus lucratives et éthiques ». Les Gunners ont signé pour la première fois un accord de 10 millions de livres sterling par an avec Visit Rwanda, qui fait partie de l’organisme gouvernemental du Rwanda Development Board, en 2018. Ce contrat était d’une durée de trois saisons. Puis en 2021, le club avait prolongé le partenariat. Ce qui ne sera plus le cas dès le mois de juin prochain.

Depuis l’agression rwandaise en RDC ayant causé la mort de plus de 3000 personnes uniquement à Goma depuis janvier, les partenariats sportifs conclus entre de grands clubs de football européens et l’office du tourisme rwandais suscitent la controverse. Depuis la résurgence du groupe armé M23, soutenu par Kigali, des voix s’élèvent pour dénoncer ce partenariat. Des supporters ainsi que les autorités congolaises réclament la fin de ces collaborations. C’est le cas de Bayern Munich et du Paris Saint-Germain, deux autres clubs en partenariat avec le Rwanda.

Kigali poursuit son soutien militaire

Malgré le début de sanctions, Kigali maintient encore ses troupes en RDC. Ses dispositifs défensifs restent également en place. Le 21 février, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité une résolution appelant les rebelles du M23 à cesser immédiatement leur offensive dans l’Est du pays et demandant également aux forces rwandaises de cesser leur soutien au groupe armé et de se retirer de la RDC. Malgré cette résolution (2773), le statu quo s’observe sur le terrain. En dépit du fait que la résolution soit « juridiquement contraignante », l’ONU n’a pas de moyen de contrainte pour exercer sur le Rwanda. Si Kigali persiste dans sa voie de déstabilisation, le Conseil de sécurité pourrait autoriser l’envoi d’une force internationale en RDC. Mais il est encore loin d’une telle décision.

Mise en scène sur les FDLR

Le samedi 1er mars, une cérémonie de rapatriement de 14 éléments des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) a été observée entre Goma et Gisenyi. Le M23 a livré au Rwanda ces éléments capturés à Goma, selon les déclarations du mouvement. Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont dénoncé une manipulation après l’annonce du rapatriement de ces présumés FDLR depuis le territoire congolais vers le Rwanda, le qualifiant d’une « mise en scène ». Le gouvernement rwandais semble vouloir utiliser cette « mise en scène » pour justifier, peut-être, le retrait de ses troupes de la RDC. La pression demandant à Kigali de présenter les FDLR capturés grâce au contrôle des villes de Goma et Bukavu ainsi que d’autres territoires congolais était devenue très forte.

Heshima

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