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Grands Lacs : l’Occident commence-t-il à lâcher Paul Kagame ?

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Depuis quelques jours, les relations entre le président rwandais Paul Kagame et ses partenaires occidentaux ont fluctué. L’implication de Kigali dans la déstabilisation de la République démocratique du Congo (RDC) a eu des conséquences. Plusieurs sanctions sont tombées contre le Rwanda. Devrait-on penser à la fin de la protection occidentale de cet autocrate ? Difficile de répondre par l’affirmative tant que l’Occident ne lui a pas trouvé de successeur.

Chéri par l’Occident, le président rwandais est perçu comme un agent loyal des intérêts occidentaux dans la région des Grands Lacs. Certains Africains l’accusent de piller les richesses de la RDC au profit des Occidentaux. En échange, son régime est financé et protégé par ces partenaires. Depuis des décennies, Paul Kagame a agi, souvent en toute impunité. Il n’hésite pas à violer à plusieurs reprises l’intégrité territoriale de la RDC. Ses troupes coalisées avec les rebelles du mouvement du 23 mars (M23) ont attaqué les villes de Goma et Bukavu, faisant plus de 3000 morts en janvier dernier. Depuis quelques jours, on assiste à une salve de sanctions dirigée contre le Rwanda. Est-ce un signe de la fin ? Difficile d’y penser, car Paul Kagame a toujours réussi à revenir dans le jeu occidental.

2025 et 2012, une répétition ?

En 2012, certaines analyses prédisaient aussi la fin du régime de Kigali lorsque ses partenaires occidentaux avaient pris des sanctions contre lui en raison de son soutien aux rebelles du M23. Parmi les accusations formulées contre le Rwanda par un rapport du groupe d’experts des Nations Unies, on peut notamment citer le meurtre de dizaines de milliers de personnes en RDC, le soutien à de violentes révoltes dans ce même pays et le contrôle illégal du très lucratif commerce des minerais de la RDC. Après ce rapport, un grand nombre de pays donateurs ont, fait incroyable à l’époque, décidé de demander des comptes au président rwandais. Plusieurs sanctions avaient été prises contre Kigali. Mais l’homme avait réussi à revenir dans les bonnes grâces de ses parrains les années qui ont suivi. Cela, au point de signer, en février 2024, un accord sur les minerais critiques avec l’Union européenne. Ce qui laisse penser que les sanctions de 2025 pourraient être une répétition de l’histoire et que Paul Kagame reviendra dans le jeu occidental. « L’Occident est derrière ce pillage des minerais de la RDC et Paul Kagame joue le rôle de nègre de maison », pense un analyste. Ce qui fait que les Occidentaux ne le lâcheront pas facilement.

Kagame, une garantie contre un nouveau génocide

À travers les années, Kagame a été un allié stratégique pour plusieurs pays occidentaux, notamment en raison de son rôle central dans la stabilisation de la région des Grands Lacs après le génocide tutsi de 1994. Son gouvernement a été perçu comme un acteur clé dans la lutte contre l’extrémisme et pour le développement économique de son pays. Les avancées économiques, mais aussi la construction des infrastructures dans son pays, séduisent ses partenaires. Bien que les tensions politiques aient existé, les relations économiques et commerciales entre le Rwanda et les pays occidentaux sont souvent restées relativement solides. Kagame a été vu comme un leader capable de maintenir la stabilité économique du Rwanda, avec un taux de croissance impressionnant, et il a travaillé à renforcer la position du pays dans les forums économiques mondiaux. Cela a pu amener certains pays occidentaux à garder une approche pragmatique vis-à-vis de son gouvernement.

La question des droits de l’homme

Le président rwandais a été souvent critiqué par les organisations de défense des droits de l’homme pour ses pratiques autoritaires, notamment pour la répression de l’opposition, les restrictions sur la liberté de la presse et les arrestations de dissidents. Ces préoccupations ont progressivement attiré l’attention de certains acteurs occidentaux. Par exemple, les rapports sur les violations des droits de l’homme au Rwanda et les accusations concernant l’implication du gouvernement rwandais dans des conflits dans les pays voisins (notamment la RDC) entachent son image. Mais l’Occident n’en fait pas trop un problème tant que le business passe. Surtout que le mythe d’un Occident moralisateur est déjà tombé, notamment à cause de sa politique de deux poids deux mesures face à certaines dictatures.

Même s’il est difficile de tirer une conclusion sur la fin ou non du régime rwandais, il est cependant clair que les relations entre lui et ses partenaires sont de plus en plus marquées par des tensions, surtout en ce qui concerne la question des droits de l’homme et la stabilité régionale. Toutefois, ses rapports économiques avec l’Occident et son rôle stratégique en Afrique centrale et orientale pourraient encore lui permettre de maintenir certains soutiens, notamment la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Pour Paris, Kigali reste un pion majeur dans la sécurisation des intérêts français dans certaines régions d’Afrique. C’est notamment le cas de Total au Mozambique, où l’armée rwandaise joue le rôle de gendarme face au terrorisme.

Heshima

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