Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, et son homologue rwandais Paul Kagame se sont rencontrés, mardi 18 mars 2025 à Doha, au Qatar, dans le cadre d’une réunion trilatérale organisée par l’Émir Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani. Après des sanctions internationales contre son pays, le chef de l’État rwandais – accusé de soutenir les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) – accepte finalement un tête-à-tête longtemps esquivé. Ce qui augure un début de la désescalade du conflit.
Contre toute attente, le Qatar a surpris le monde en réunissant les deux dirigeants à Doha. En froid depuis la résurgence de la rébellion du M23, amplifiée par celle de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa, Félix Tshisekedi et Paul Kagame ne s’étaient plus rencontrés en tête-à-tête. La dernière tentative, le 15 décembre dernier, avait été avortée en dernière minute par Paul Kagame, exigeant un dialogue direct entre Kinshasa et la rébellion qu’il soutient. Mais après une salve de sanctions internationales contre son pays, mais aussi contre des individus rwandais et congolais ayant participé à la déstabilisation de la RDC, Paul Kagame a fléchi. Dans la foulée, un cessez-le-feu « immédiat et inconditionnel » a été décidé entre la RDC et le Rwanda, selon Tina Salama, la porte-parole de Félix Tshisekedi.
Les deux chefs d’État ont salué les avancées des processus de Luanda et de Nairobi ainsi que celles du sommet conjoint EAC-SADC du 8 février 2025 à Dar-es-Salaam, en Tanzanie. Ils ont aussi convenu de poursuivre les discussions entamées à Doha afin de poser les bases d’une paix durable dans le cadre du processus désormais fusionné Luanda/Nairobi, note une déclaration du ministère des Affaires étrangères du Qatar.
Un début de la désescalade ?
Après avoir longtemps refusé de dialoguer avec les rebelles, estimant que ce sont « des pantins » du régime de Kigali, Félix Tshisekedi a obtenu ce qu’il cherchait : discuter directement avec Paul Kagame, considéré comme maître à penser de cette rébellion. Le président rwandais, qui ploie depuis quelques semaines sous le poids des sanctions internationales, n’avait plus d’autre choix que de démarrer cette négociation directe avec son homologue congolais en vue de la désescalade de ce conflit.
Du côté de Luanda, les discussions entre la délégation de Kinshasa et celle de l’AFC-M23 n’ont plus eu lieu mardi pour raison de « force majeure », d’après la médiation angolaise. Déjà la veille, la rébellion avait annoncé sa volonté de ne plus se rendre à Luanda. L’AFC-M23 évoquait les sanctions infligées par l’Union européenne contre Bertrand Bisimwa, leader politique du M23 et d’autres cadres de cette rébellion, mais aussi des officiers militaires rwandais et le directeur général de Gasabo Gold Refinery, une société rwandaise qui exploite illégalement l’or congolais.
Le conflit dans l’Est de la RDC a pris d’autres tournures depuis janvier. Le M23, piloté, selon des experts des Nations unies (ONU), par l’armée rwandaise, a lancé à la fin de janvier une offensive d’envergure, s’emparant en l’espace de quelques semaines des deux grandes villes de l’Est du pays, Goma et Bukavu. La résolution militaire de la crise n’a pas marché pour l’instant. Seules les discussions entre parties prenantes pourraient amener à la fin de ce conflit qui dure depuis des décennies en RDC.
Heshima