La mairie de Paris a annoncé, le 25 mars 2025, avoir saisi le préfet de police pour faire interdire, comme le demande la diaspora rwandaise, le concert caritatif « Solidarité Congo » prévu dans la capitale française le 7 avril. Une date qui, selon les protestataires, coïncide avec la journée internationale de commémoration du génocide au Rwanda. À côté de cette bataille perdue par des artistes congolais, Kinshasa a également subi des revers dans son projet d’accord sur les minerais stratégiques avec Washington.
Dans la même journée, mais dans des circonstances différentes, Paris et Washington ont envoyé un mauvais signal sur la cause de la République Démocratique du Congo (RDC). Le concert caritatif « Solidarité Congo », qui devait réunir de grands noms du rap français mais aussi des artistes de la rumba congolaise à Paris, a été annulé par la mairie. Ce spectacle devait générer des fonds en faveur des enfants congolais victimes des atrocités des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) soutenus par le Rwanda.
Depuis plusieurs jours, une polémique enfle autour de cet événement auquel devraient notamment participer Gims, Youssoupha, Gazo, Fally Ipupa, mais aussi Reddy Amisi à l’Accor Arena. Des Rwandais, allant de leur ministre des Affaires étrangères à leur ambassadeur en France, dénoncent un événement qui risque d’exacerber les souffrances des survivants du génocide le jour des commémorations de ce pogrom qui a eu lieu en avril 1994. Mais du côté des organisateurs de l’événement, notamment la salle de spectacle, on évoquait une « coïncidence malheureuse » de date. Dans un premier temps, la communauté rwandaise avait obtenu le retrait de l’UNICEF de cet événement, mais le concert était maintenu. Ils ont multiplié les pressions pour finalement obtenir l’annulation de ce spectacle.
Pendant ce temps, Kinshasa est restée aphone, laissant ces artistes – en majorité d’origine congolaise – se démener seuls face à la pression de Kigali. Pourtant, cet événement avait déjà quitté sa sphère culturelle pour devenir un véritable combat politico-diplomatique. L’ambassade de la RDC en France n’a pas suffisamment soutenu le maintien de ce spectacle qui, dans son format, ne dérangeait en rien la commémoration par les Rwandais du génocide. Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, pense que la journée du 7 avril n’était pas choisie au hasard par l’artiste congolais Gims pour organiser « son concert de la haine ». Au-delà des batailles militaires perdues, Kinshasa a donc perdu une bataille de plus sur ce terrain, malgré les sanctions internationales infligées au Rwanda pour son agression contre la RDC.
Une autre bataille de l’image perdue à Washington
Kinshasa, qui espérait conclure un accord avec Washington sur l’exploitation des minerais stratégiques en échange notamment d’un partenariat dans le secteur de la défense, pourrait désespérer après le rapport accablant de l’envoyé spécial de Donald Trump en Afrique centrale, Ronny Jackson. Ce membre du Congrès américain, qui revenait d’une mission en Afrique centrale où il avait rencontré Félix Tshisekedi et Paul Kagame, a présenté un rapport en défaveur de la RDC. Devant une commission du Congrès, il a indiqué que l’Est de la République Démocratique du Congo est devenu une zone « totalement non gouvernée », où les autorités de Kinshasa n’ont plus les moyens de contrôler la situation. Il affirme avoir quitté la région à la fois « encouragé sur certains aspects », mais également « découragé sur d’autres ». Une présentation de la situation qui ne plaide pas en faveur d’un accord avec Washington. Surtout que l’homme a aussi présenté la communauté tutsie de la RDC comme marginalisée et dont la RDC refuse l’intégration. C’est là encore une autre bataille de l’image perdue par Kinshasa.
Heshima