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RDC : Washington envisage un mandat de la MONUSCO adapté à la crise actuelle

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Le 27 mars 2025, le Conseil de sécurité des Nations Unies a tenu une nouvelle session sur la crise sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC). Le représentant permanent de Kinshasa à l’ONU a accusé le Rwanda d’avoir plus de la moitié de son armée sur le sol congolais. De son côté, Kigali épingle la mauvaise gouvernance du gouvernement congolais et l’accuse de collaborer avec les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) pour déstabiliser son pays. Face à l’occupation des villes congolaises, les États-Unis proposent un mandat de la MONUSCO plus adapté à la situation.

Devant le Conseil de sécurité, Kinshasa et Kigali se sont encore retrouvés nez à nez. Le représentant permanent de la RDC à l’ONU, Zénon Mukongo, a déclaré que plus de la moitié de l’armée rwandaise était déployée sur le territoire congolais. « Et ce, sans le consentement de l’État congolais. Le droit à la légitime défense ne saurait être évoqué comme justification d’une invasion armée ni de la création d’une administration parallèle sur le territoire d’un État souverain », a déclaré ce diplomate de la RDC près de l’ONU. Il a également indiqué que les militaires rwandais ont enlevé des patients, des gardes malades sur les lits de l’hôpital, les ont torturés, puis tués sans sommation. « Il y a eu des milliers de morts et de déplacés internes. Des villes entières ravagées, de Walikale à Kamanyola en passant par Bunagana et Masisi-Centre […] dans un contexte globalement chaotique », a ajouté Zénon Mukongo. Ce dernier a aussi accusé les forces de défense rwandaises et leurs supplétifs de l’AFC-M23 d’avoir chassé des populations de leurs foyers et instauré « une administration parallèle », en violation de la souveraineté de la RDC.

De son côté, le Rwanda, par le biais de son ministre des Affaires étrangères, a accusé la RDC de collaborer avec les combattants des FDLR pour déstabiliser le Rwanda. Dans la foulée, il a dénoncé la mauvaise gouvernance du régime de Kinshasa, qu’il juge responsable des conflits sécuritaires actuels en RDC. Pour lui, le Rwanda n’avait pas initié le conflit, mais en subissait le poids. Il a attribué les causes profondes aux activités des combattants des FDLR. Une force pourtant résiduelle et quasi-inexistante pour inquiéter le Rwanda. Il a évoqué la persécution des Congolais parlant le Kinyarwanda, notamment les communautés tutsies.

Un mandat de la MONUSCO adapté à la réalité

Lors de cette session, Washington a plaidé pour un mandat de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) plus adapté à la nouvelle donne du terrain. Pour les États-Unis, la MONUSCO devrait être renforcée, refusant les accusations du Rwanda sur une complicité des casques bleus avec les FDLR. « Les États-Unis dénoncent les discours mensongers du gouvernement rwandais accusant la MONUSCO de soutenir les FDLR », a déclaré la représentante de Washington au Conseil de sécurité. Elle propose une modification du mandat de la force onusienne en RDC pour l’adapter à la réalité du terrain actuel.

Exigence d’un cessez-le-feu inconditionnel

En convoquant cette session, l’ONU voulait avoir un rapport sur l’évolution de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC et dans la région des Grands Lacs. Le portrait dressé par la représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC, Bintou Keita, reste alarmant. Pour la patronne de la MONUSCO, la rébellion de l’AFC/M23 « vise la Tshopo et le Maniema ». Elle a décrit une situation humanitaire toujours préoccupante dans les zones occupées par la rébellion tout en plaidant pour la réouverture des aéroports de Goma, au Nord-Kivu, et de Kavumu, dans le Sud-Kivu. Elle a aussi appelé à orienter « tous les efforts vers un cessez-le-feu inconditionnel ».

À Goma, le M23 facilite le départ de SAMIDRC

Pendant ce temps, ce vendredi 28 mars, à Goma, une réunion s’est tenue entre les chefs d’état-major des forces de défense de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la direction de l’Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 Mars (AFC/M23). Cette rencontre avait pour but de discuter des modalités du retrait immédiat de la force régionale de la SADC (SAMIDRC) de la ville de Goma. Les éléments de cette force régionale sont restés bloqués à Goma depuis la chute de la ville, en janvier dernier. Un sommet de la SADC tenu récemment à Harare, au Zimbabwe, avait mis un terme à leur mandat en RDC. Sultani Makenga a signé un accord sur le départ immédiat de cette force de la ville de Goma. Les deux parties (AFC/M23 et SADC) ont réaffirmé leurs engagements en faveur d’un cessez-le-feu et d’un retrait sans condition de la SAMIDRC. L’AFC/M23 a accepté de faciliter le « départ immédiat » de ces troupes de la SADC avec leurs armes et équipements. Mais les matériels militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) capturés par cette rébellion resteront entre leurs mains.

Heshima

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