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Tollé en RDC après le meurtre d’un policier « PCR » impliquant des agents de la Première ministre

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Fiston Kabeya Senda, brigadier de première classe de la Police de circulation routière (PCR), est décédé le 31 mars 2025 à Kinshasa, en République démocratique du Congo, dans des circonstances qui ont provoqué une onde de choc à travers le pays. Selon le témoignage de son collègue, ce père de famille aurait été torturé et tué par des membres de sécurité de la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, après une altercation liée au passage de son cortège roulant à contresens. Une enquête militaire est en cours, tandis que les réseaux sociaux s’enflamment, exigeant justice pour cet agent perçu comme un serviteur dévoué de la nation.

Un incident aux circonstances troublantes

L’incident s’est déroulé dans la soirée du 31 mars 2025, alors que Kabeya Senda régulait la circulation dans une artère animée de Kinshasa. D’après un collègue présent sur les lieux, le cortège de la Première ministre empruntait un sens interdit, une pratique parfois tolérée pour les hauts responsables en raison de mesures de sécurité. « La Première ministre roulait à sens unique. Nous avons frayé un chemin pour faire passer son cortège. Dix minutes après, la suite de son convoi est revenue avec à son bord un major en charge de sa sécurité. Ils ont arrêté notre collègue Kabeya Senda, l’ont torturé sur place, puis emmené vers l’auditorat militaire. Il est mort là-bas », a rapporté ce témoin. Le corps de la victime repose actuellement à la morgue de l’Hôpital du Camp Kokolo. Une vidéo, devenue virale mais non authentifiée, montre un homme presque dénudé battu avec une rare violence par des policiers, alimentant les soupçons qu’il s’agirait de Kabeya Senda.

Réactions officielles et appel au calme

Face à l’émoi suscité, la Police nationale congolaise (PNC) a réagi rapidement par un communiqué lu par Julien Mavungu Mangoma, du Service d’information et de communication. « Nous appelons la population à ne pas céder à la manipulation et à la désinformation tant que les circonstances exactes de la mort de ce policier ne sont pas élucidées », a-t-il déclaré. La justice militaire a été saisie, et des enquêtes sont en cours pour identifier les auteurs de cet « acte odieux » et les traduire en justice. À ce jour, aucune déclaration officielle n’a émané du bureau de la Première ministre, laissant planer des questions sur sa connaissance ou son implication dans les agissements de son service de sécurité, composé probablement d’agents de police spécialisée.

Un policier dévoué victime d’abus de pouvoir ?

Fiston Kabeya Senda était un brigadier au sein de la PCR, chargé de faire respecter les règles de circulation dans une ville où le chaos routier est monnaie courante. Selon des collègues et des publications sur X, il était convaincu de travailler « avec amour pour son pays », un dévouement rappelé par ses supérieurs qui insistaient sur l’égalité devant la loi, même pour les convois officiels. Ce zèle aurait-il signé son arrêt de mort ? L’incident soulève un débat plus large sur les privilèges accordés aux cortèges des hauts responsables. Si aucune loi publique ne détaille ces exemptions en RDC, des pratiques similaires dans d’autres pays permettent aux officiels d’outrepasser les règles pour des raisons de sécurité, une coutume qui, ici, aurait dégénéré en violence.

Une indignation massive sur les réseaux sociaux

Depuis l’annonce du meurtre le 1er avril 2025, les réactions fusent sur X, où des milliers de Congolais expriment leur colère et demandent justice. « Père de famille, il a accepté de servir son pays dans des conditions mille fois moins bonnes que celles des privilégiés de la République », déplore @Aimé Ntambwe, un internaute. Un autre utilisateur, @Katsuva_R, écrit : « Tué par la garde de la Première ministre Judith Suminwa, Fiston Kabeya était un policier convaincu de travailler avec amour pour son pays ! Son péché mortel a été d’interpeller son cortège. » De son côté, @alfreddiomba3 exige : « Que la justice soit rendue pour Kabeya Senda, sauvagement tué par un officier de la sécurité de Suminwa. » Ces messages traduisent un ras-le-bol face aux abus présumés des élites, dans un pays où les inégalités et la brutalité policière sont régulièrement dénoncées.

Un parallèle avec l’affaire Dolly Makambo

Certains internautes établissent un parallèle avec le cas de Dolly Makambo, ancien ministre provincial de l’Intérieur de Kinshasa, condamné en 2021 à dix ans de prison ferme pour avoir incité son garde du corps à tuer un administrateur de santé en 2019. La justice militaire avait alors estimé que l’officiel portait une responsabilité directe dans l’acte de son subordonné. Dans le cas de Kabeya Senda, une question clé demeure : Judith Suminwa était-elle informée du retour de son cortège pour punir le policier ? Si les enquêtes confirment l’implication de son chef de sécurité, cela pourrait ouvrir la voie à une responsabilité juridique ou politique, un précédent que beaucoup surveillent de près.

Un débat sur les privilèges et la justice

Au-delà du drame, cet incident ravive les tensions autour des privilèges des mandataires publics en RDC. Pourquoi certains officiels brûlent-ils les feux rouges ou roulent-ils à contresens, au mépris des règles qu’ils imposent aux citoyens ? Dans une ville comme Kinshasa, où la circulation est un défi quotidien, ces pratiques exacerbent le sentiment d’injustice. Alors que l’enquête progresse, les Congolais attendent des réponses claires et des sanctions exemplaires, dans un climat de défiance croissante envers les institutions.

Heshima

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