L’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a annoncé, mardi 8 avril 2025, son retour « sans délai » au pays après plus d’une année d’absence et six ans de silence. Mais il annonce rentrer par la « partie orientale », une grande partie étant sous l’occupation du M23. Ce qui a suffi pour que le parti présidentiel, l’UDPS, confirme les accusations de connivence portées contre le prédécesseur de Félix Tshisekedi.
Dans une note transmise à Jeune Afrique, Joseph Kabila a annoncé qu’il rentrait au pays après une année d’absence, par la « partie orientale » afin d’apporter sa contribution dans la résolution du conflit armé en cours. Après cette annonce, le porte-parole de Moïse Katumbi, Olivier Kamitatu, a expliqué qu’il s’agit de la ville de Goma sous occupation des rebelles de l’Alliance Fleuve Congo alliée au Mouvement du 23 mars (AFC/M23). « Le retour imminent de Joseph Kabila à Goma, ville emblématique de notre souveraineté nationale, porte un message clair : la résolution de la crise congolaise ne saurait reposer uniquement sur des interventions extérieures. La clé de notre stabilité et de notre avenir réside au cœur de notre pays. », a tenté de justifier Olivier Kamitatu dont le leader, Moise Katumbi, s’est rapproché de Joseph Kabila.
Ce retour annoncé par l’Est du pays a suffi à l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) pour confirmer les allégations de connivence avec les rebelles de l’AFC-M23 portées contre Joseph Kabila. Sur les ondes de la radio Top Congo, le secrétaire général du parti présidentiel, Augustin Kabuya, a affirmé que l’insurrection est l’unique manière pour Joseph Kabila de revenir au pouvoir. « Kabila, tout en étant conscient que par la voie électorale, jamais il ne peut gagner même les élections municipales vu tout le mal qu’il a fait [aux] Congolais, l’unique façon de revenir sur la scène politique était de tuer les Congolais », a-t-il déclaré.
Depuis plus d’une année, Augustin Kabuya dénonçait la collusion de l’ancien président de la RDC avec les rebelles soutenus par le Rwanda. Il avait aussi dénoncé son départ « en catimini » du pays sans laisser de traces à la direction générale de migration (DGM). Aujourd’hui, Joseph Kabila décide de rentrer en RDC par une zone contrôlée par les rebelles du M23. « Quand la ville de Goma tombe sous l’occupation étrangère, Kabila n’a jamais dit un mot, et il en a été de même pour Bukavu. Mais le jour où Kabila a entendu qu’il y a eu des sanctions contre les dignitaires du régime de Paul Kagame, Kabila était obligé de tenir un point de presse », a dénoncé Augustin Kabuya.
Joseph Kabila a, dans cette déclaration écrite, souligné l’urgence de son retour, affirmant vouloir débuter sa présence dans l’Est du pays, région particulièrement touchée par les conflits armés. Kabila, qui a dirigé la RDC de 2001 à 2019, a aussi déploré la « déliquescence » de tous les secteurs de la vie nationale.
Sa sécurité aux mains du M23
Selon Olivier Kamitatu, cette démarche s’inscrit dans une logique plus vaste : celle d’un ancien président déterminé à faire valoir ses droits citoyens, dans un contexte où sa sécurité semble garantie, loin des tumultes de Kinshasa. Ce qui laisse à comprendre que la sécurité de l’ancien chef de l’État serait garantie par les rebelles. « Pourquoi ne pas assumer seulement qu’il est le parrain de la rébellion ? », s’interroge un analyste politique. Kabila a annoncé ce retour un jour avant les discussions entre l’AFC-M23 et le gouvernement congolais.
Heshima