Société

Les conséquences des factures non payées de la SNEL et la REGIDESO par l’Etat et la population

Les factures de consommation d’eau et du courant électrique non payées tant par la population que par l’Etat congolais ne permettent pas à la Société nationale d’électricité (SNEL) et à la Régie de distribution d’eau (REGIDESO) de bien fonctionner et de desservir les consommateurs congolais et l’industrie. Les nombreux millions de dollars non recouverts empêchent ces deux sociétés du portefeuille de l’Etat d’accomplir leurs missions d’électrification de l’ensemble du territoire congolais, pour la première, et d’exploitation ou de production et de commercialisation de l’eau potable, pour la seconde.

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L ’article 48 de la Constitution de la République démocratique du Congo stipule que « Le droit d’accès à l’eau potable et à l’énergie sont garantis ». Seulement, les deux entreprises ont du mal à assurer l’objet de leur création : des factures non payées par la population et les dettes de l’Etat plombent leur fonctionnement. Dans un quartier de Matete, l’une des communes de Kinshasa, nombreux sont des clients de la SNEL qui ont des factures d’électricité non payées atteignant 800 000 francs voire plus de 1 000 000 de francs. Considéré au niveau des 24 communes de la ville de Kinshasa, l’argent à recouvrer par la SNEL et la REGIDESO atteint facilement plusieurs dizaines des millions de dollars. Imaginez le manque à gagner de ces deux sociétés si dans des quartiers comme Kauka, Bon-marché, GB ou Macampagne…où les factures mensuelles dépassent généralement 100 000 francs, les gens accumulent des mois de non-paiement.

Outre la population, l’Etat congolais lui-même est un insolvable patenté. C’est en effet depuis des décennies qu’il ne paie pas ses dettes vis-à-vis de ces deux entreprises. En 2013, selon le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de la REGIDESO (Synatreg), l’Etat devait 31 millions de dollars, ce qui avait mis à mal l’exécution du contrat signé avec le groupe Fina gestion SDE du Sénégal, financé à 7 millions de dollars par la Banque mondiale, lequel devait permettre à la REGIDESO de fournir l’eau potable répondant aux besoins des villes de Kinshasa, Matadi et Lubumbashi. En effet, la REGIDESO et la SNEL disent perdre l’une 50 millions de dollars et l’autre 30 millions de dollars comme manque à gagner dans la desserte. Elles qui alimentent en eau potable et en électricité les instances officielles et les institutions publiques, voire les camps militaires. Pourtant, la SNEL et la REGIDESO manquent des ressources financières pour s’acheter des transformateurs et câbles et pour construire des usines d’eau potable. À cause de la vétusté du matériel et de l’insuffisance des intrants de potabilisation d’eau, il y a actuellement trop de délestages et dans nombreuses communes, l’eau a cessé de couler au robinet depuis longtemps. Néanmoins, les choses changent. Lors de la 11ème réunion du Conseil des ministres tenu le 22 novembre 2019, le ministre des Ressources hydrauliques et électricité, Muhanzi Mubembe, avait fait un plaidoyer qui avait poussé le gouvernement à honorer sa facture de 5,14 millions de dollars due à la REGIDESO.

Des difficultés évitables !

Si les factures sont payées régulièrement, la SNEL et la REGIDESO ne manqueraient pas de moyens pour financer les travaux. En juin 2020 au Kasai Oriental, particulièrement à Mbuji-Mayi, la REGIDESO a manqué 6 000 dollars pour résoudre le problème de fourniture d’eau auquel il était confronté. D’après Joseph Mutombo Aluda, son directeur provincial, son entreprise était en difficulté pour mobiliser ce montant afin de réparer le grillage du moteur de sa grosse pompe, en faisant son rembobinage. Entretemps, à Mbuji-Mayi, au moment où le moteur de la REGIDESO était tombé en panne, un bidon d’eau de 20 litres était vendu très cher.

  Gestion d’entreprises, la question se pose !

Alors que la prochaine vague des nominations à la tête des entreprises publiques s’annonce avec fracas, certaines se négociant au prix des faramineuses promesses, la question sur la nature de la gestion desdites poules aux œufs d’or se pose.

La SNEL et la REGIDESO ont aussi souffert longtemps de la mauvaise gestion faite par des dirigeants placés à leurs têtes respectives, justement pour gérer les intérêts mesquins de certains politiques. D’où, le manque de volonté d’améliorer la desserte grâce à l’argent qui rentre par le paiement des factures, a fait en sorte que la situation se détériore davantage. En 2016, le député national élu de Luiza, Clément Kanku, avait lancé une campagne dénommée « Zéro courant = zéro facture », invitant les abonnés à ne pas payer les factures lorsqu’ils ne sont pas desservis en électricité. En réaction, la SNEL s’était juste contentée de diffuser un communiqué indiquant qu’elle n’était pas effrayée par cette campagne. Sa directrice commerciale, Dele Tshibangu avait affirmé que la SNEL fait confiance à ses abonnés, lesquels sont informés des difficultés auxquelles fait face son entreprise… Evidemment, il faudrait que la libéralisation du secteur et l’ouverture du marché de l’électricité deviennent une réalité, avec l’intervention des privés, pour que la situation s’améliore.

 Une desserte plus que déficitaire !

Le 7 octobre 2019, le Président Tshisekedi avait reconnu que la desserte en eau et électricité est encore faible sur l’étendue de toute la République. De 19% actuellement en ce qui concerne l’électricité, Fatshi voudrait que d’ici à la fin de son mandat le taux de fourniture d’eau et d’électricité atteigne 30%. Ce qui est sûr, à la longue, avec la construction des barrages Inga III, Ruzizi III et la finalisation des autres comme Katende, la desserte en électricité se trouvera améliorée. Aussi, avec les usines d’eau qui se construisent depuis l’avènement de Félix Tshisekedi au pouvoir, les quartiers utilisant des forages auront facilement de l’eau.

 Hubert MWIPATAYI

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