Dossier

Enjeu de la présidence de la CENI La responsabilité des confessions religieuses devant l’histoire

Les confessions religieuses et la Cour constitutionnelle ont une responsabilité dans le processus électoral. Les premières désignent les présidents de la CENI , qui en sont l’émanation, la Cour constitutionnelle pour sa part agit en aval pour juger de la régularité des actes posés par cette institution d’appui à la démocratie

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Au moment où l’Assemblée nationale débat sur la proposition de loi de Christophe Lutundula, les 8 représentants de la plateforme des confessions religieuses (Eglise Catholique, Armée du Salut, Eglise Kimbanguiste, Eglise Indépendante, Eglise Orthodoxe, l’Eglise du Christ au Congo, Eglise du Réveil, Eglise musulmane) mettent les Elus du peuple en garde. Ils affirment attendre d’eux un grand changement dans la composition du prochain bureau de la CENI. « C’est une occasion propice pour nous de rappeler que la finalité des réformes attendues d’urgence dans ce domaine, c’est de renforcer les mécanismes légaux susceptibles de garantir l’indépendance, la neutralité et l’impartialité de la CENI, de façon à rassurer tous les compétiteurs électoraux de la crédibilité des élections de 2023 », ont-ils rappelé.

Justement, les pasteurs, prélats et imams attendent le vote et la promulgation de la loi Lutundula pour jouer leur partition, à savoir désigner le président de la centrale électorale qui va succéder à Corneille Nangaa. Pour les 8 confessions religieuses dont le vœu est de voir tous les membres de la CENI venir de la société civile, l’enjeu est la minimisation de l’influence politique sur la centrale électorale .

Les deux citadelles importantes

La Cour constitutionnelle et la CENI sont deux institutions importantes, voire très stratégiques dans le processus électoral, l’une intervenant en amont et l’autre en aval. Certes la Cour constitutionnelle est dotée des compétences en matière électorale en ce qu’elle juge de la régularité du processus des élections présidentielle et législatives au niveau national, cependant, c’est la CENI qui lui donne de la matière.

Le 20 avril 2021, Dieudonné Kaluba a été élu président de la Cour constitutionnelle, en remplacement de Benoît Lwamba qui avait démissionné en juillet 2020. Cette étape étant passée, l’enjeu est maintenant du côté de la CENI où la société civile et l’ensemble de la classe politique doivent jouer leur partition.

 Savoir tirer leçons des erreurs du passé

 La dernière fois, au terme du tamisage, les catholiques et les protestants n’étaient pas pour le choix de Ronsard Malonda dont l’entérinement avait été refusé par le président Tshisekedi. On espère que les responsables des églises vont cette fois-ci relever le schibboleth, en donnant la preuve qu’ils ne sont pas une plateforme fantoche que la classe politique peut facilement manipuler à ses fins. Sinon, si cela continue, ils finiront par se voir dépossédés de ce privilège leur reconnu dans l’Accord global et inclusif de Sun City.

Les confessions religieuses ont ici une occasion de démontrer qu’elles œuvrent toutes pour le bien de leurs fidèles dont la misère ne fait qu’avancer crescendo. Mais, aussi se rappeler qu’au terme de la désignation de Ronsard Malonda, il y avait eu le 9 juillet 2020, 5 morts lors des manifestations auxquelles des leaders politiques comme Jean-Pierre Bemba avaient pris part. Dix jours plus tôt, le cardinal Fridolin Ambongo, lors de son homélie, avait invité le « peuple de Dieu » à se tenir prêt à s’opposer aux projets de la majorité parlementaire d’alors, de prendre contrôle de la CENI.

L’entente entre tous les acteurs concernés

 La réforme et la crédibilité du processus électoral nécessite aussi l’implication du chef de l’Etat. En tant que garant du bon fonctionnement des institutions, le président Félix Antoine Tshisekedi n’a pas à faire litière de la question, car son coup de boost est plus que nécessaire. Lui, qui a dit le 24 avril 2021 aux députés de l’Union sacrée qu’il ne veut pas que les élections de 2023 soient tumultueuses.

En réalité, dans le contexte politique congolais, la mise en place des institutions du pays requiert la participation de tout le monde, surtout la collaboration des principaux acteurs politiques. C’est justement parce qu’il y a eu entente entre lui et Joseph Kabila qu’il y a aujourd’hui alternance au sommet de l’Etat.

Il appert, au regard de cette réalité, que Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi, Martin Fayulu et consorts ont tout intérêt à œuvrer en bonne intelligence avec Félix Tshisekedi parce qu’à l’instar de Joseph Kabila hier, Fatshi a l’impérium aujourd’hui. En mettant pavillon bas pour se rapprocher du président de la République, Bemba et Katumbi sont dans le bon. En Afrique, c’est un secret de polichinelle, un chef d’Etat qui est au pouvoir peut toujours s’y maintenir au-delà de la limite fixée par la Constitution. Plusieurs cas l’illustrent : Museveni est à son sixième mandat, Denis Sassou-Ngouesso son quatrième, Idriss Déby était au début de son sixième aussi.

Hubert M.

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