Diaspora

Matonge et Château Rouge, le cordon ombilical des Congolais en Europe

Quel est ce véritable « muana Kin » (ressortissant de Kinshasa) qui ferait le déplacement de Paris sans passer par Château Rouge ou Bruxelles sans fréquenter Matonge ?A l’instar de toutes les grandes métropoles d’Europe, Paris comme Bruxelles comptent différents quartiers qui se sont construits et reconstruits autour des activités commerciales en lien avec l’immigration. Situés l’un à Paris et l’autre à Bruxelles. Au cœur de la Goutte d’Or, dans le 18ème arrondissement, Château Rouge ainsi que Matonge sont souvent appréhendés comme des quartiers africains.

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Une ambiance pareille à celle de Kinshasa !

 Ne soyez pas étonnés si une vendeuse de la rue « Dejean », cette rue prise d’assaut par les vendeurs à la sauvette, vous propose de jeter un coup d’œil sur ses safous, et ses mbinzo (chenilles). Installées au milieu de la rue, devant des échoppes éphémères en carton qui peuvent être remballées si la police pointe le bout de son nez. Dans l’autre bout de la rue, des femmes proposent aux clientes leurs produits éclaircissants lesquels sont adulés par les Congolaises de la diaspora. « Caro Light yango oyo maman » (voici Caro Light maman) vous hurlent-elles à l’oreille en vous attrapant par le bras. De nombreux magasins exotiques ne désemplissent pas. Ici, il y a de la foule tous les jours de la semaine. Les sans papiers se mêlent aux sans-abris. Les marchands ambulants, toujours sur le qui-vive pour éviter les policiers, tentent de refourguer leurs marchandises à des clients pressés. Les ressortissants africains servent des plats du pays tandis que les vendeurs des wax et des bazins déroulent leurs étoffes sous les yeux des femmes venues faire leurs emplettes dans le quartier.

La sapologie au rendezvous !

 On y retrouve les “Bakolo”, les anciens qui se sont installés dans la capitale française il y a plus de 20 ans et les tenants de la « sapologie ». A Paris, le rendez-vous du chic et du glamour a une adresse.

Tous les sapeurs se rendent à la boutique « Connivence » rue Panama. Son patron « The Bachelor » de son vrai nom Jocelyn Armel, est un coach de la sapologie. 

Matongé, des airs de Kinshasa !

 Matonge, du nom d’un quartier de Kinshasa (capitale de la RDC) est constitué de quelques rues autour de la chaussée de Wavre, des institutions européennes et du très chic quartier Toison d’Or. C’est là, au centre de la capitale de l’Union européenne, que depuis les années 50, se retrouvent des Africains de la diaspora, essentiellement Congolais dans des boutiques de wax, restaurants et des salons de coiffure.

Bref, ce quartier multiculturel est le lieu des rendez-vous des Africains en Belgique.

 Tout comme à Kinshasa, vous y trouverez d’innombrables salons de coiffure, boutiques de perruques, boutiques de produits cosmétiques, bijouteries et magasins avec des tissus de wax colorés, des fruits et des légumes africains,… C’est la galerie Ixelles qui constitue le cœur de Matonge.

Deux adresses à retenir si l’on veut déguster les spécialités congolaises. Primo Inzia, saveurs d’Afrique créée en 1976 au n°37 de la rue de la Paix, 1050 Ixelles. Cette enseigne est une institution de la gastronomie congolaise, et a une petite-soeur à Kinshasa   au numéro 6, avenue Cadeco, dans la commune de la Gombe. Comme menu, sont proposés le poulet à la moambe, le poisson en papillote, filets de malangwa, bœuf boucané et sauce tomate, ailes de poulet sautées et l’inévitable viande de chèvre grillée (le ntaba). Sur commande, Inzia peut servir des aliments plus déroutants, mais typiques : chenilles, criquets,… Des soirées musicales, des expositions de peinture ou de lecture des textes africains sont également proposées. Secundo, Le Tarmac au n° 79 Chaussée de Wavre, 1050 Ixelles.

Ce restaurant tout en longueur décoré de peintures congolaises qui célèbrent l’indépendance et des photos des villages indigènes des temps coloniaux, est l’un de nouveaux QG de la diaspora africaine à Bruxelles. Ici, les soirées peuvent se terminer à l’aube. Chenilles, sauterelles, termites, fourmis rouges pouvant être assaisonnées de citron et de piment. Ces deux quartiers se présentent comme un véritable cordon ombilical pour les Congolais ayant opté pour l’Hexagone et le Royaume de Belgique, comme dit-on des yeux, près du cœur. Tant que le sensoriel par l’entremise des papilles, du vestimentaire et du commérage reste aux goûts de la RDC, ces Congolais européanisés sont partis sans réellement partir.

JM MAWETE

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