Economie

Marie-France Malangu Kabedi : une pionnière pour la réforme profonde de la BCC

À peine nommée le 5 juillet, dix jours après, soit le 15 juillet 2021, le Conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) valide en faveur de Kinshasa le Programme d’aide triennal permettant le décaissement d’un crédit de 1,5 milliard de dollars, dont un décaissement immédiat de 217 millions de dollars. Un dénouement rapide qui permet à la RDC d’appuyer les réformes du Gouvernement.

Published

on

On peut affirmer sans avoir peur de se tromper que, parmi les choix judicieux fait par Félix Tshisekedi en matière des nominations, il y a surement celui porté sur Malangu Kabedi pour présider aux destinées de la Banque Centrale du Congo (BCC). Car, jamais une dirigeante n’a réuni l’unanimité comme elle au Congo. Sa nomination a été saluée tant par les membres de l’opposition que de la majorité. Elle a également été applaudie dans le secteur bancaire qu’elle supervise, particulièrement par Ecobank RDC et Rawbank, qui considèrent qu’elle est un modèle de leadership féminin en RDC. Bintou Keita, Représentante du Secrétaire général de l’Onu en RDC et cheffe de la Monusco, a aussi salué sa nomination, estimant que celle-ci démontre l’engagement des autorités à continuer de promouvoir la place des femmes.

Cela est la résultante de la volonté du président de la République de procéder à la réforme profonde de la BCC et le souci des institutions des Bretton Woods, dont le Fonds monétaire international (FMI) d’y voir placée une personne chevronnée. Le renouvellement de l’équipe dirigeante de la BCC est l’une des conditions posées par le FMI pour la signature d’un programme triennal, alors que nombreux sont les politiciens qui souhaitaient se voir nommer par le chef de l’Etat à ce poste. Le choix est clair !

Quid de la remplaçante de Déogratias Mutombo

 Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Qu’a fait-elle ? Telles sont les questions que se pose souvent le Congolais lambda au sujet de Marie-France Malangu Kabedi Mbuyi. Né à Kananga, ex-Luluabourg, le 1er février 1958, Malangu Kabedi Mbuyi est mariée et mère de deux enfants. Elle a fini ses études en 1984, au Centre d’économie appliquée de l’Université Libre de Bruxelles où elle a travaillé pendant un an, avant de retourner au pays et de travailler au Département d’Etudes de la BCC. Elle parle couramment l’anglais et le français et est détentrice d’une Licence en économie et d’une maitrise dans le même domaine. 

 Une pionnière au service du pays

Malangu Kabedi est treizième à occuper la fonction de gouverneur de la BCC, mais première femme depuis la création de cette institution en 1961. Du coup, elle fait son entrée dans le cercle fermé des femmes dirigeantes des banques centrales, une responsabilité jamais assumée avant elle en Afrique centrale et Afrique continental francophone.

De manière générale, les dirigeantes ayant accédé au poste de gouverneur de banque centrale sont à compter au bout des doigts. Avant sa nomination, en Afrique, il y avait la Botswanaise Linah Mohohlo (1999-2016). La Seychelloise Caroline Abel est en poste depuis 2012. Au Lesotho, Retselisitsoe Matlanyane est également en poste depuis 2012.

Cerise sur le gâteau, la nouvelle gouverneure de la BCC a été désignée présidente du Conseil des gouverneurs de l’Association des Banques centrales africaines (ABCA), lors de la 43ème réunion tenue en août 2021.

Une fonctionnaire internationale qui connait bien le FMI

Marie-France Malangu est l’une des femmes congolaises qui font la fierté de la RDC sur le plan international. Avant sa nomination, elle n’était jamais au chômage. Jusqu’à avant son avènement à la tête de la BCC, elle était cheffe de mission du FMI au Burkina Faso. Par le passé, elle a également exercé comme économiste-pays pour le Togo, le Bénin, Haïti, la République dominicaine et le Mali et ses responsabilités portaient particulièrement sur la gestion des données statistiques, l’analyse et les projections macroéconomiques. Entre 2018 et sa nomination, elle a été cheffe de division adjointe et cheffe de mission pour cinq pays, à savoir le Togo, le Tchad, le Burkina Faso, la Sierra Leone et le Cap Vert.

 Elle a enseigné, par ailleurs, à l’Institut de formation du FMI de 1994 à 1996. Ses cours traitaient, entre autres, de la programmation de politiques financières des ministères des Finances et des Banques centrales. De même, elle a aussi été responsable du Centre régional d’assistance technique pour l’Afrique de l’Ouest du FMI (Afrimac Ouest), situé à Abidjan et couvrant neuf pays de la région, entre 2015 et 2018.

À la question de savoir comment Fatshi l’a découverte, en effet, c’est l’actuel ministre congolais des Finances, Nicolas Kazadi qui a proposé son profil et obtenu sa nomination auprès du président Tshisekedi. Le grand « dénicheur » Nicolas Kazadi que Fatshi avait nommé ambassadeur itinérant à sa prise de pouvoir, avait par le passé, conseillé discrètement Etienne Tshisekedi. Fonctionnaire international, l’Enarque (ENA France) Nicolas Kazadi a quitté le PNUD à Lomé (au Togo) où il fut conseiller principal pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

 Missions à la tête de la BCC

En remplaçant Déogratias Mutombo, en fonction depuis le 14 mai 2013, la gouverneure et ses deux adjoints, M. Dieudonné Fikiri et William Pambu, ont, avec le conseil d’administration remanié, la mission de renforcer l’autonomie de la BCC, la stabilité du système monétaire et une régularité bancaire efficace.

Entre autres missions qu’ils sont appelés à accomplir, il y a l’application de la réforme de la BCC, que l’on attend depuis le vote d’une nouvelle loi en 2018. Cette dernière loi accroit l’indépendance, la responsabilisation, la transparence et le rôle de contrôle du bon fonctionnement du système de paiement de la BCC. En outre, le FMI attend un retour de la BCC au strict respect de la règle de non-financement du budget par la Banque centrale qui devrait être imposé pour éviter de monétiser le déficit et de créer de l’inflation. Aussi, la BCC devrait s’assurer que l’ensemble du système bancaire met à jour ses normes comptables au niveau IFRS (Normes internationales d’information financière).

Pour s’être occupé notamment des questions relatives à la gestion des politiques macroéconomiques, celles liées à la situation sociale ainsi qu’à la mise en œuvre des réformes structurelles dans le cadre des programmes économiques et financiers soutenus par le FMI, Marie-France Malangu Kabedi est bien placée pour relever le défi.

 Hubert MWIPATAYI

Trending

Quitter la version mobile