Interview

Jules Alingete : « …je ne suis pas dans les 138 millions, je suis dans les 43 millions prélevés par BGFI BANK dans les comptes de la BCC »

Au vue de l’actualité, l’Inspecteur Général des Finances chef de service, Jules Alingete Key, a accordé une interview exclusive au Magazine HESHIMA, par le biais du micro de Thierry KAMBUNDI de la Radio Top Congo FM.

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La famille de l’ancien Président Joseph Kabila est accusée de détournement de 138 millions de dollars des caisses de l’Etat, avec la complicité de la banque BGFI-RDC. Cette enquête internationale menée par 19 médias internationaux vous cite comme personne ressource ou, en tout cas, s’est appuyée sur un rapport de l’IGF. Confirmez-vous les conclusions de cette enquête ?

Cet ensemble de medias qui a mené ces investigations avait envoyé des questionnaires à un certain nombre de services d’autorité dont l’Inspection Générale des Finances  a reçu près de 40 questions auxquelles il fallait répondre. Ces questions tournaient essentiellement autour de la BGFI BANK, c’est-à-dire dans cette enquête ils voulaient savoir ce qui s’est passé avec les 43 millions de dollars de l’affaire BGFI-EGAL.

Est-ce l’affaire que l’IGF avait révélée en mai dernier ?

Oui, l’IGF l’a révélé et elle est connue d’ailleurs de tous. Ils voulaient également savoir qu’est-ce qui s’est passé dans les contrats de péage sur la nationale N°1 Kinshasa-Moanda, sur Kasumbalesa-Lubumbashi et Lubumbashi-Kolwezi. Les enquêteurs ont également posé des questions sur les avances fiscales faites par la Gécamines au Trésor Public. Voilà les 3 questions essentielles qu’ils ont posées dans leur questionnaire et l’Inspection Générale des Finances a fourni les réponses en fonction des informations…

Vous leur avez fourni tous les détails dont ils avaient besoin ?

Oui, parce qu’ils ont dit clairement que l’Inspection Générale des Finances a répondu à toutes leurs préoccupations. Nous avions eu une concertation avec des services concernés dans la lutte contre la corruption et le détournement, donc nous avions répondu. En ce qui concerne l’affaire BGFI, nous avions clairement répondu que l’Inspection Générale des Finances avait enquêté sur cette affaire des présumés financements de la Société EGAL sur les fonds de la Banque Centrale du Congo. Nous sommes arrivés à découvrir que la BGFI BANK avait pris 43 millions de dollars dans le compte de la Banque Centrale du Congo et nous n’avions pas pu établir un ordre quelconque qui avait été donné par une autorité de la Banque centrale. Donc, nous avions pu comprendre que BGFI a fait cela de son propre chef et après plusieurs réunions de concertation avec BGFI, cette banque a reconnu les faits et a même proposé qu’il y ait un remboursement échelonné de ce montant de 43 millions.

Donc, à l’issue de nos échanges avec BGFI, EGAL, on a découvert que le ministère des Finances et beaucoup d’autres personnes étaient impliqués dans ça. Nous avions mis la société EGAL hors cause parce que la BGFI a reconnu d’avoir pris cet argent et n’a pas pu nous prouver et que cet argent a été versé à la Société EGAL. Voilà pourquoi nous avons responsabilisé la BGFI qui a accepté et qui, au moment où nous parlons, est en train de négocier les modalités de remboursement de ces 43 millions de dollars revenant à la Banque Centrale. Les restes sont des propos de ces enquêteurs qui n’engagent qu’eux-mêmes.

Vous ne vous reconnaissez-pas dans ce rapport alors que vous leur avez fourni tous les éléments ?

Ce que nous reconnaissons est que nous avons bien affirmé suivant des rapports de l’Inspection Générale des Finances que la BGFI BANK a pris 43 millions de dollars du compte de la Banque Centrale sans qu’il y ait autorisation de la Banque Centrale du Congo et sans qu’il y ait contrepartie. Par conséquent, la BGFI était obligée de restituer ces fonds. Sur ce terrain-là, la BGFI ne nous a pas contredits. Sur plusieurs fronts, nous avions eu plusieurs réunions au ministère des Finances, à la Banque Centrale, à l’Inspection Générale des Finances et même à la Justice. Toutes les parties y compris la BGFI, nous nous sommes mises d’accord que celle-ci restitue les 43 millions de dollars. Nous sommes maintenant au niveau de définir les modalités pratiques de restitution de cet argent.

Est-ce que vous trouvez normal que pour des révélations comme ça, les ONG et les médias internationaux fassent des révélations aussi graves alors qu’il y a des services de l’Etat comme l’IGF qui pouvaient mener des enquêtes et aboutir à des tels résultats ?

Mais l’Inspection Générale des Finances a mené ces enquêtes depuis le début de l’année. Pour nous, ce n’est pas une surprise.

Vous vous êtes limités aux 43 millions de dollars de la BGFI, mais vous n’êtes pas allé au-delà. Là on parle d’un réseau bien organisé, selon les enquêteurs, autour de l’ancien Président de la République qui a siphonné un montant ci-important ?

Nous n’avons pas les mêmes informations avec les enquêteurs. Je ne sais pas quelle est leur source d’informations. Ce dont on a eu à faire c’est d’identifier un problème de 43 millions de dollars avec la BGFI et celle-ci a reconnu et on est en train d’examiner avec la justice, le ministère des Finances et la BGFI elle-même sur les modalités de restitution de ces fonds. Les restes sont leurs informations, ils savent où ils les ont obtenu. Moi je ne suis pas dans les 138 millions, je suis dans les 43 millions prélevés par BGFI BANK dans les comptes de la Banque Centrale du Congo et elle s’est engagée à restituer. 

Propos recueillis par THIERRY KAMBUNDI

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