Politique

L’UDPS boude la démission de Kabund,sa résidence assiégée par des combattants

A la surprise générale, le président intérimaire de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) a démissionné de son poste de 1er vice-président de l’Assemblée nationale. Une démission qui intervient après la descente musclée des éléments de la Garde républicaine (GR) à son domicile.

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Dans un tweet partagé plus d’une centaine de fois en seulement quelques minutes, ce vendredi 14 janvier 2022, Jean-Marc Kabund-A-Kabund a annoncé sa démission du poste de premier vice-président de l’Assemblée nationale. « En ce jour je prends la décision de démissionner de mes fonctions de 1er VP de l’AN. Ainsi s’ouvre une nouvelle page de l’histoire, qui sera écrite avec la sueur de notre front, qui coulera chaque jour qu’on affrontera les brimades, humiliations et tortures… », a-t-il écrit sur Twitter.

Cette démission intervient deux jours après les incidents ayant opposé sa garde reprochée à un élément de la Garde républicaine. En effet, un militaire de la Garde républicaine a été désarmé puis arrêté sur l’avenue Congo-Japon (ex Poids lourds) par les éléments de la police commis à la sécurité de Kabund en tant que premier vice-président de la chambre basse du Parlement. Puis, il s’en est suivi d’une descente musclée des éléments de cette unité de protection du chef de l’Etat et de sa famille à la résidence de Jean-Marc Kabund, dans le quartier Kingabwa, à Kinshasa.

Démissionner de l’UDPS aussi ?

Le poste de premier vice-président étant de l’UDPS, le départ de Jean-Marc Kabund du bureau de l’Assemblée nationale devrait avoir pour effet d’entrainement sa démission aussi de la tête du parti présidentiel. Même si son tweet ne donne pas la raison de sa démission, celui qui est aussi surnommé « 520 Giga » par des combattants du parti a pris le soin de mentionner qu’il s’ouvre pour lui une nouvelle page de l’histoire, « qui sera écrite avec la sueur de notre front, qui coulera chaque jour qu’on affrontera les brimades, humiliations et tortures. » S’il faut le lire entre les lignes, Kabund pourrait basculer dans l’opposition. Et avec lui, une partie de combattants de l’UDPS qui l’ont vite adopté après son arrivée à Kinshasa, en mars 2016, en provenance de l’UDPS/Kamina, dans le Haut-Lomami.  

Des combattants dans l’embarras

Quelques minutes avant ce tweet, des combattants acquis à sa cause ont été un peu déboussolés, ce vendredi, dans sa résidence de Kingabwa. Certains n’ont pas voulu voir arriver cette décision « extrême » de leur président du parti. Cela, au point de susciter une explication de Kabund. « Vous me connaissez très bien. Vous connaissez la lutte que nous avons menée. Je ne suis ni traitre, ni affairiste ni celui qui se bat pour son intérêt personnel. Nous avons tous combattu pour faire amener le parti là-où il se trouve aujourd’hui. Les décisions qui vont suivre, il faut le savoir, c’est pour votre intérêt. Je ne vous trahirais jamais. Tout ce que je prendrais comme décision, c’est pour votre bonheur », leur a-t-il dit.

Et au moment où cet article est mis sous presse, des combattants et des femmes du parti ont assiégé la devanture de sa résidence pour exiger le retrait de sa démission qui, il faut le rappeler, n’est pas encore officiellement déposée au niveau de l’Assemblée nationale, d’après le président du bureau, Christophe Mboso N’kodia. « Une démission ne se présente pas dans les réseaux sociaux, le vice-président que j’ai rencontré ce matin ne m’a pas fait part de son intention de démissionner », a déclaré Mboso à Top Congo FM. D’après d’autres sources, le président Mboso est allé parler à Jean-Marc Kabund, dans sa résidence, probablement pour tenter de lui faire changer d’avis.     

L’UDPS veut perdre un fils maison ?

Qualifié de « héros vivant » par feu Etienne Tshisekedi, Jean-Marc Kabund a connu une montée fulgurante au sein du parti. Au point même de devenir le dernier rempart, sinon, l’un des hommes les plus puissants de la scène politique actuelle. Il a été au front pour les négociations afin de conclure l’accord FCC-CACH. Mais il a également été à la manœuvre pour obtenir le détricotage de cet accord, en jouant beaucoup sur le basculement de la majorité parlementaire en décembre 2020. Aujourd’hui, avec une crise des cadres au sein de l’UDPS, perdre Jean-Marc Kabund – un pur produit de la maison – créerait un vide abyssal au sein du parti laissé par Etienne Tshisekedi. Son influence ainsi que sa maitrise des combattants les plus irréductibles ont fait de lui un président intérimaire adulé, même si l’opposition ne manque toujours pas dans l’UDPS, malgré sa présence au pouvoir.             Aujourd’hui, ce président intérimaire de l’UDPS est devenu, dans un laps de temps, un véritable faiseur de rois sur la scène politique, mettant souvent sur le carreau ses détracteurs à l’intérieur comme à l’extérieur du parti présidentiel. Même si Félix Tshisekedi est aujourd’hui entouré  des transfuges de tout bord, avoir Kabund sur qui il peut compter est un apport non négligeable. Il a joué un grand rôle en déjouant le congrès suspicieux que voulait organiser le duo Thambwe-Mabunda après la proclamation par Félix Tshisekedi de l’état d’urgence sanitaire. Un exercice de dénonciation qui lui avait couté le même poste de 1er vice-président.

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