Ce 24 janvier 2022, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a totalisé trois ans depuis qu’il a été investi à la tête du pays, après sa victoire à la présidentielle du 30 décembre 2018. Dans son discours d’investiture, le successeur de Joseph Kabila avait annoncé une série d’actions politiques et sociales à mener pendant son mandat. Il s’agit notamment de la libération de tous les prisonniers politiques, le rétablissement de l’autorité de l’Etat, la lutte contre la corruption et l’impunité, la couverture santé universelle ainsi que la pacification du territoire national par l’éradication des groupes armés.
Aujourd’hui, trois ans après, la roue politique n’a pas tourné comme le souhaitait le cinquième président congolais. Parmi des freins à sa politique, figure l’alliance de gouvernance formée entre sa plateforme politique le Cap pour le changement (CACH) et le Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila. Plusieurs fois, Félix Tshisekedi a dénoncé le « blocage » de son action par son partenaire de coalition qui avait la mainmise sur le Parlement. Ce qui a conduit à la rupture de cette coalition, le 6 décembre 2020, avec le soutien d’une bonne partie des Congolais au terme des consultations nationales organisées en novembre 2020, au Palais de la Nation.
Mais à côté, Félix Tshisekedi avait aussi réussi à poser quelques actions sur le plan politique, notamment la libération des prisonniers politiques et d’opinion. L’ancien député national Franck Diongo ou encore Eugène Diomi Ndongala ont été libérés dans ce cadre. Un autre geste politique majeur, c’est la décrispation politique avec le retour de Moïse Katumbi en République démocratique du Congo, après près de 5 ans d’exil.
Diplomatie
Dès son accession au pouvoir, Félix Tshisekedi a multiplié des voyages à l’étranger. Des déplacements qui commençaient même à agacer certains Congolais. Mais le chef de l’Etat congolais poursuivait une chose : remettre le pays dans le concert des nations mais surtout obtenir des soutiens politiques et économiques. Avec sa politique, la RDC a pris les commandes de l’Union africaine. Le pays a signé son retour dans le concert des nations en participant dans plusieurs sommets, notamment entre la France et l’Afrique, l’Allemagne et l’Afrique en août 2021, la Russie et l’Afrique en octobre 2019 ainsi que la Turquie et le continent africain en décembre 2021. Une diplomatie qui lui a permis aussi d’harmoniser les relations avec plusieurs pays, particulièrement les 9 voisins de la RDC dont le Rwanda.
Education
L’un des grands chantiers de Félix Tshisekedi, c’est l’éducation. La majorité de Congolais ont applaudi l’une des mesures phares du programme présidentielle : la gratuité de l’enseignement de base. Mais sa mise en œuvre ne convainc pas notamment à cause de plusieurs grèves des enseignants. Toutefois, cette mesure décrétée en 2019 a permis un afflux d’au moins 4 millions d’enfants dans les écoles publiques, ce qui réduira ainsi à long terme le taux d’analphabétisme en RDC, si la mesure est pérennisée.
Sécurité
Dans son discours d’investiture le 24 janvier 2019, le cinquième président avait montré sa détermination de venir à bout de l’insécurité dans l’Est de la RDC. « Nous avons la forte détermination d’éradiquer tous les groupes armés nationaux et étrangers qui continuent à sévir cette partie de la République, plus particulièrement à l’Est de notre territoire. », avait-il promis. Et au plan sécuritaire, justement, Félix Tshisekedi a mis en place, le 6 mai 2021, l’état de siège sécuritaire dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Cette mesure vise à lutter contre tous les groupes armés locaux et étrangers qui écument l’Est de la RDC. Plus de 8 mois après l’instauration de cette mesure, la paix n’est pas encore revenue dans cette partie de la République. Et cela, malgré la mutualisation des forces avec l’armée ougandaise, UPDF. Mais des nouvelles du front font état de plusieurs bastions des terroristes des ADF récupérés par les FRADC et l’UPDF. Des actions militaires continuent donc dans cette zone.
Le social, un talon d’Achille
Si politiquement Félix Tshisekedi s’est émancipé et a réalisé quelques avancées économiques, le social de sa population reste cependant son talon d’Achille. En marge de la journée dédiée à l’Alimentation, le 16 octobre 2019, Félix Tshisekedi avait lancé sur le site du Lac de Ma Vallée, dans la commune de Mont-Ngafula, à Kinshasa, un vaste Programme présidentiel accéléré de lutte contre la pauvreté et les inégalités.
Le président congolais épinglait trois axes principaux à savoir : l’amélioration de l’accès des populations rurales et périurbaines aux infrastructures et services socio-économiques de base; le développement des filières économiques locales rentables et durables; le renforcement des compétences managériales des bénéficiaires du programme. Mais à ce jour, la mise en œuvre de ce programme a du plomb dans l’aile.
Et plusieurs services sociaux de base tels que l’accès à l’eau potable et à l’électricité restent faibles dans les milieux urbains et quasiment inexistants dans plusieurs milieux ruraux. Face à ces difficultés, des Congolais attendent encore la concrétisation des promesses visant à améliorer leurs conditions de vie. Et Félix Tshisekedi en est bien conscient. « Je suis conscient que la situation sociale de nos compatriotes n’est pas reluisante. Beaucoup de ménages peinent à nouer les deux bouts du mois et n’ont pas accès aux services sociaux de base tels que l’eau, l’électricité, les soins de santé, les transports », a-t-il déclaré dans son discours sur l’état de la nation prononcé le 13 décembre 2021 devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès.
D’ailleurs, à travers ses différentes interventions au Conseil des ministres, il rappelle au gouvernement de mettre en exergue des « actions à impact visible » pour améliorer la vie sociale des Congolais.