Economie

Tshisekedi : un bilan de 3 ans terne, mais une croissance en envol

Le 24 janvier 2022 marque l’an 3 de l’accession de Félix Tshisekedi au pouvoir. S’il est difficile de dresser à ce jour un bilan dans le secteur économique congolais, les réformes profondes réalisées par le chef de l’Etat sont l’une de grandes illustrations de son premier quinquennat..

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Depuis l’accession de Félix Tshisekedi  au pouvoir, la République démocratique du Congo s’est mise en ordre de bataille pour la relance de son économie. Pour atteindre ses objectifs, le chef de l’Etat mise dès lors sur les réformes ambitieuses et courageuses qu’il a entreprises, quand bien même que le succès n’est pas au rendez-vous. Toutefois, on note quelques excuses légitimes sur le blocage et le dysfonctionnement des institutions pendant deux ans, lesquels se sont traduits par des mésententes entre le FCC et son allié le CACH. S’il y a bilan à prendre en compte, celui-ci doit en principe être considéré à partir de la dissolution de la coalition FCC-CACH.

Aussi, on ne peut parler de l’économie de la RDC sans tenir compte des aléas et autres imprévus tels que la pandémie à Covid-19 et la fièvre Ebola qui n’ont pas rendu faciles les actions du chef de l’Etat. La situation sécuritaire pour laquelle l’état de siège a été décrété dans deux provinces de l’Est du pays dont l’Ituri et le Nord-Kivu, a aussi constitué une sérieuse difficulté.

Reprise de la croissance économique

Ce qui est sûr, la croissance économique de la RDC est remise sur les rails. Lors de sa visite à Kinshasa fin 2021, Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a salué les performances de l’économie congolaise dont la croissance devant atteindre 5,4 % fin 2021, doit atteindre 6,4% en 2022.

Quelques mois plus tôt, le président Tshisekedi avait annoncé dans son discours du 30 juin 2021 que le pays allait enregistrer une croissance économique positive de 4,9 % contre 1,7 en 2020. Ladite croissance, c’est le cas de le souligner, est portée par le secteur minier, secteur dans lequel il y a encore beaucoup de désordres… Quoi qu’il en soit, le Congo profite des prix élevés des matières premières dont ceux du cuivre, du cobalt…

Seulement, pour Félix Tshisekedi, ces résultats encourageants doivent permettre de soutenir différentes politiques sociales mises en place par le gouvernement, notamment la gratuité de l’enseignement de base et la couverture santé universelle.

Les réformes 

Le chef de l’Etat a initié de manière tentaculaire des réformes importantes, lesquelles vont à la longue induire des effets positifs sur le plan économique. Certaines, recommandées par les institutions de Bretton Woods,  portent déjà des fruits. Dans le cadre de celles-ci, Madame Marie-France Kabedi Malangu a été nommée gouverneure de la Banque centrale du Congo (BCC). D’autre part, le fait que le président Tshisekedi ait remis la RDC en programme avec le FMI, a donné un avantage au Congo. La validation en faveur de Kinshasa, le 15 juillet 2021, par le Conseil d’administration du FMI, du programme d’aide triennal permettant le décaissement d’un crédit de 1,5 milliard de dollars, dont un décaissement immédiat de 217 millions de dollars, a permis au pays de reprendre significativement du souffle.  

D’autre part, certaines réformes sont menées en vue de l’amélioration de l’attractivité du pays et de la diversification de l’économie. Pour cela, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde déroule une feuille de route ambitieuse en vue d’affermir le Doing Business. Outre la création des conditions de croissance économique inclusive, le gouvernement s’emploie dans la libéralisation de plusieurs secteurs économiques, à savoir le secteur des assurances, de l’énergie (eau et électricité)…

Ce qui a été ou s’est fait

En vue d’avoir une situation économique reluisante, le président Tshisekedi recoure à plusieurs leviers entre autres, la lutte contre la corruption, la mobilisation des recettes, etc. La corruption constitue un freinage au vrai envol économique du pays et fait perdre annuellement au Congo, depuis des années, une faramineuse somme variant entre 15 et 20 milliards de dollars.    

En ce qui concerne la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics, Fatshi  utilise l’Inspection générale des finances (IGF) comme un cheval de bataille. L’IGF, avec à sa tête Jules Alingete, abat un travail de titan depuis mi-2020. Elle lutte efficacement et à ce jour les détournements ont diminué, implémentant par ricochet une bonne gouvernance – le trésor public est préservé et les mandataires fossoyeurs mis hors d’état de nuire.

Grâce à ce service dépendant de la présidence de la République, de l’ordre est remis également dans le domaine des exonérations où les choses sont désormais rationalisées. Par exemple, de 2017 à août 2020, la RDC a perdu, à cause des exonérations, un montant de 5,7 milliards. Avec ses patrouilles financières, l’IGF s’est imposée et les résultats sont plus que bons. La mobilisation des recettes est aussi devenue accrue depuis la nomination de Barnabé Muakadi à la tête de la Direction générale des impôts (DGI), mais aussi depuis que Nicolas Kazadi impulse une autre politique à la tête du ministère des finances. La DGI a réalisé une grande performance en mobilisant plusieurs milliers milliards de francs congolais, surtout en 2021, en dépassant largement ses assignations.

Les données de la Banque centrale du Congo renseignent que durant les trois premiers mois de l’année 2021, la DGI a collecté en cumul 941, 2 milliards de francs soit 455, 345 millions de dollars sur des prévisions de 901,3 milliards de francs, ce qui représente un taux de réalisation de 105,3 %.

D’autres régies financières telles que la Direction générales des douanes et accises (DGDA) et la Direction générale des recettes administratives, domaniales, judiciaires et de participation (DGRAD) ont réalisé de grandes prouesses en termes de mobilisation des recettes. 

Pour ce qui est de la BCC, elle enregistre depuis quelques mois, avec l’appui du FMI, des records inédits concernant les réserves de change, en atteignant plus de 3,3 milliards de dollars. Du coup, le marché de change devient stable. L’inflation a été maitrisée de 2020 à 2021, même si actuellement elle s’est envolée. Cette stabilité due à la bonne coordination des politiques budgétaires et monétaire, toutefois, doit être maintenue pour consolider la stabilité macroéconomique et la croissance économique.

La population croupit dans la misère

Entretemps, le vécu quotidien des Congolais demeure misérable et la lutte contre la pauvreté aléatoire. La population résiste grâce à une résilience développée depuis des années de conjoncture difficile. Le président Tshisekedi, dans son discours sur l’état de la nation du 13 décembre 2021, a reconnu que la population souffre. « Je suis conscient que la situation sociale de nos compatriotes n’est pas reluisante. Beaucoup de ménages peinent à nouer les deux bouts du mois et n’ont pas accès aux services sociaux de base tels que l’eau, l’électricité, les soins de santé, les transports », a-t-il reconnu.

Hubert MWIPATAYI

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