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Port en eau profonde de Banana : un vieux projet colonial voit enfin le jour !

Le président de la République, Félix Tshisekedi, a lancé, le 31 janvier 2022, les travaux de construction d’un grand port, à Moanda, dans le Kongo Central. Retour sur un projet vieux de plus d’un siècle mais qui a pris forme sous l’ère Joseph Kabila.

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En posant la première pierre pour la construction de ce port, Félix Tshisekedi a ainsi lancé la matérialisation d’un projet qui date. Une fois réalisé, ce port sera donc une nouvelle porte d’accès au continent africain. La première phase du projet prévoit la construction d’un quai de 600 mètres carrés et d’une plateforme de stockage de 25 hectares. Celle-ci aura une capacité annuelle de plus de 300 000 conteneurs, soit plus de 1,3 million de tonnes de marchandises.

Les travaux doivent durer trois ans et s’achever en 2025. C’est DP World, une société des Émirats arabes unis qui est à l’œuvre. Cela, pour un coût d’un peu plus d’un milliard de dollars de manière globale. DP World se chargera non seulement de la construction du port, mais aussi des zones industrielles associées.

Avec ses 2.345.309 k m2 et environ 100 millions d’habitants au cœur de l’Afrique, la République démocratique du Congo reste un pays semi enclavé. L’accès en mer est resté depuis des siècles son véritable talon d’Achille. Un pays qui vaut 80 fois la superficie de la Belgique n’a d’ouverture en mer que la fenêtre d’un littoral dans sa partie Ouest, dans la province du Kongo Central, vers l’océan Atlantique. Et les 37 kilomètres de ce littoral n’ont qu’une petite ouverture dans les eaux profondes près de l’embouchure de Fleuve du Congo.

C’est là que, des années durant, des gouvernements depuis l’époque coloniale tentent d’ériger un port en aux profondes capable de recevoir des gros navires pour des transactions maritimes internationales. Puisque jusqu’à ce jour, la République démocratique du Congo ne reçoit que des navires moyens qui accostent dans ses ports intérieurs, précisément dans celui de Matadi et de Boma. Ces derniers sont inhospitaliers pour les gros navires. Voilà tout l’enjeu que cristallise le projet enfin lancé par Félix Tshisekedi, dans la cité côtière de Moanda. Un projet dont la conception n’est pas un long fleuve tranquille. 

Tenez ! Depuis 1863, l’idée de l’érection d’un port en eau profonde à Banana a germé. Mais ce projet n’avait pas bénéficié des grandes avancées en termes d’études de faisabilité. En 1972, le gouvernement, sous le régime du maréchal Mobutu, mettra en place un organisme pour, entre autres, le développement d’un port en eau profonde à Banana et du chemin de fer et un pont sur le fleuve Congo au niveau de Matadi. Il s’agit de l’Organisation pour l’Equipement de Banana-Kinshasa (OEBK).   

Le projet s’accélère sous l’ère Kabila

En 1984, des études ont été réalisées au sujet de la faisabilité de ce projet de port. Elles ont évalué le coût à près de 4,5 milliards de dollars américains. Sous l’ère Joseph Kabila, ce projet s’est accéléré.Et donc, le gouvernement congolais était en quête d’un partenariat « solide » pour matérialiser « ce rêve » en trouvant un financement adéquat et disponible, à des conditions compatibles avec la situation financière du pays, d’après l’ancien vice-Premier ministre en charge des Transports et Voies de communication, José Makila Sumanda.

Il a fallu plusieurs décennies après pour voir, sous Joseph Kabila, ce rêve commencer à prendre forme. Après plusieurs démarches administratives et l’analyse de la manifestation d’intérêt de DP WORLD, l’Etat congolais s’est rendu compte qu’il remplissait les conditions légales pour construire ce port tant rêvé par des générations des Congolais. L’Etat a donc établi un partenariat public-privé conformément au titre II de la Loi 14/005 relatif aux dispositions spécifiques applicables à ce type de partenariat.

Une révision sous Tshisekedi 

La convention de collaboration portant délégation de service public pour le port en eau profonde de Banana avait été signée en mars 2018 avec le Groupe DP World FZE. Cette convention de collaboration a été soumise, depuis novembre 2020, à une renégociation suite aux instructions de Félix Tshisekedi après son arrivée au pouvoir. Ce projet, pense le ministre des Transports et Voies de communication, Chérubin Okende, permettra également à la RDC de développer une zone industrielle et logistique ainsi que la création conséquente des emplois.  

La construction de ce port vise à favoriser l’accostage des grands navires et autres porte-conteneurs. Il s’agira pour la première phase de construire un quai de 600 m² et de 25 hectares d’espace de stockage pour un coût de 350 millions de dollars. Il est prévu au total quatre phases avec au final un investissement d’environ un milliard de dollars, un montant revu à la baisse après des modifications apportées à cette convention qui prévoyait au départ plus de trois fois ce montant.

Pour le moment, certaines parties des sites choisis pour la construction du port en eau profonde de Banana sont encore occupées par des particuliers détenteurs des titres fonciers et immobiliers réguliers. Mais l’Etat congolais compte les exproprier. « Les coûts des indemnités sont évalués à ce jour à près de 8,9 millions de dollars », avait fait savoir le ministre des Affaires foncières, Molendo Sakombi.  

Une fois ces travaux terminés, le port de Banana pourrait mettre fin au transit des navires de haute mer qui passent par les ports des autres pays, notamment ceux de Walvis Bay en Namibie et de Pointe Noire en République du Congo. Ce dernier, qui a actuellement la possibilité de recevoir les porte-conteneurs d’une capacité de 14 000 équivalents vingt-pieds (EVP), passe comme l’un des ports les plus modernes du golfe de Guinée et une escale qui compte dans la desserte maritime de l’Afrique centrale. C’est justement à cause de ce monstre portuaire que des Congolais de la RDC ont refusé catégoriquement de voir matérialiser le projet de Pont-Route-Rail entre Kinshasa et Brazzaville avant celui du port en eau profonde de Banana. Car, il y a risque que des marchandises transitent par Pointe Noire et entrent en RDC par le Fleuve Congo via Kinshasa et signer ainsi le certificat de « décès économique » de la province du Kongo Central qui vit essentiellement des activités portuaires.       

Heshima

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