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Guerre en Ukraine: Pourquoi la RDC a-t-elle choisi son camp?

Ce lundi 7 mars, le pays de Volodymyr Zelensky est à son 12ème jour d’invasion russe. Les réactions condamnant cette guerre fusent presque de partout, y compris de Kinshasa, alors que le pays avait, par le passé, une attitude neutre dans les tensions entre occidentaux et le bloc soviétique.

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Dans les réseaux sociaux, certains visages de la comédie congolaise mais aussi des anonymes ont produit des vidéos ubuesques, appelant le président congolais, Félix Tshisekedi, à rester neutre vis-à-vis de ce conflit russo-ukrainien. Mais si le chef de l’Etat n’a toujours pas personnellement commenté ce conflit, son pays a tranché, le 2 mars dernier, à l’Assemblée générale des Nations Unies. Kinshasa a voté pour la résolution condamnant la Russie. Une résolution qui « exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ».

« Nous nous inscrivons comme gouvernement dans la droite ligne de la déclaration conjointe du président en exercice de l’Union africaine et celui de la commission africaine qui a rappelé les principes des Nations-unies notamment d’intangibilité des frontières et le respect de la souveraineté des pays », s’est expliqué le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya lors d’un briefing tenu le 3 mars dernier, à Kinshasa. Ce membre du gouvernement va plus loin en se rappelant de l’agression dont la RDC a aussi été victime face à ses voisins rwandais, ougandais et burundais, en aout 1998. « Nous, République démocratique du Congo, on a déjà connu une agression et nous savons ce que cela veut dire. Et donc, la position de la République démocratique du Congo a été exprimée par le vote, ça vaut mieux que des paroles dites de cette façon », a-t-il ajouté.   

Explications suffisantes ?

Face à cette situation de la guerre en Ukraine ainsi que les acteurs qui sont impliqués directement ou indirectement, est-ce que ces explications du gouvernement suffisent ? « Non, il y a une motivation plus profonde que celle-là », pense un analyste qui cite des raisons de partenariats qui existent aujourd’hui entre les Occidentaux et le pouvoir de Félix Tshisekedi. « On sait pourquoi la Russie a attaqué l’Ukraine. Et nous connaissons aussi des acteurs mondiaux qui sont derrière l’Ukraine, notamment les Etats-Unis qui sont, à ce jour, un partenaire important pour Félix Tshisekedi. Ce dernier ne peut pas les décevoir en votant neutre ou contre la résolution de l’Assemblée générale », fait savoir la source.

Pour elle, la notion du respect de la souveraineté relève du cosmétique, de la consommation générale ! « Quand ce sont les Occidentaux et les Etats-Unis qui violent la souveraineté des Etats comme la Lybie, l’Afghanistan ou l’Irak, là il n’y a pas de problème. Il n’y a pas de condamnation mondiale comme on l’observe aujourd’hui. C’est pour dire que Kinshasa a bien d’autres rasions qui l’ont poussé à choisir son camp. C’est  probablement ses bons rapports avec Washington actuellement. Il faut satisfaire le partenaire en votant contre la Russie », a-t-elle ajouté.           

Poutine et Tshisekedi, encore rien !

Même si au lendemain du début de l’offensive russe en Ukraine, l’ambassadeur de la fédération de Russie en République démocratique du Congo, Alexey Sentebov, a montré son empressement de soutenir l’état de siège instauré depuis 10 mois au Nord-Kivu et en Ituri et la traque des terroristes de l’ADF, il n’y a encore rien de concret entre Vladimir Poutine et Félix Tshisekedi. Bie que le président congolais prône un multilatéralisme, les liens entre Moscou et Kinshasa restent assez limités. Si le Mali et la République centrafricaine pouvaient figurer sur les seize pays africains qui se sont abstenus lors du vote contre la Russie, c’est simplement parce qu’ils ont développé des relations militaires très étroites avec le Kremlin ou sinon, son armée de l’ombre, le groupe Wagner. L’abstention du Congo-Brazzaville aussi a une explication : le pays a une longue histoire avec le communisme, même si la France y est présente.        

Donc, malgré le tête-à-tête entre le maitre du Kremlin et Félix Tshisekedi en octobre 2019 lors du sommet Russie-Afrique, il y a toujours peu de partenariats entre les deux pays. D’ailleurs, en pleine deuxième guerre du Congo, en 1999, feu président Laurent-Désiré Kabila avait signé une convention militaire avec la Russie. Mais elle ne sera ratifiée que 19 ans plus tard quand Joseph Kabila, le fils, sera sur le point de quitter le pouvoir. Voilà qui est bien clair. Donc, même si le pays de l’Oncle Sam n’apporte pas aussi grand-chose dans son partenariat avec Kinshasa, sa présence matinale aux côtés du pouvoir de Félix Tshisekedi suffit pour que la RDC choisisse son camp ! Et d’ailleurs, l’omniprésence de son ambassadeur à Kinshasa, Mike Hammer, le prouve.       

Heshima

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