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ECONOMIES DES PAYS D’AFRIQUE, lorsque le dollar s’impose au détriment des monnaies nationales

La situation monétaire demeure fragile dans nombreux pays africains dans le contexte de la guerre en Ukraine, laquelle est à la base de l’augmentation sensible des prix sur le marché des matières premières.

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Avec leur dévaluation continuelle, les monnaies nationales africaines s’habituent davantage à se disputer l’hégémonie avec le dollar, monnaie qui ne fait que gagner en influence… De manière générale, les économies africaines soufrent sous les effets d’une forte inflation et d’un dollar très apprécié, qui pèse sur les réserves de change. Son appréciation est synonyme pour la plupart des cas des pays à l’économie émergente une pression intense. Chaque pays gère sa crise par rapport à son histoire. Le dollar américain a fait son apparition dans l’économie congolaise au début des années 90, lorsque l’inflation avait atteint 2000 %, alors que le Maréchal Mobutu était au pouvoir. Fin 2012, il représentait 89 % des dépôts et 95,2 % des crédits, selon la Banque centrale du Congo (BCC). Depuis cette hyperinflation, la majorité des transactions se font en billets verts, sauf lorsqu’il s’agit du commerce de détail. En effet, la monnaie congolaise est toujours associée au dollar américain. 

 L’importante place du dollar dans les économies 

 Si on ne sait pas déterminer à ce jour lequel des pays africains est le plus dollarisé, il demeure que le billet vert est très utilisé en parallèle avec les devises nationales dans les économies du continent. Accepté volontiers par nombreux pays, voire dans leur commerce, le dollar américain est considéré comme la monnaie la plus utilisée dans les opérations de change. Il est utilisé comme monnaie officielle des Etats-Unis de – puis 1785 et est utilisé comme moyen de paiement dans 17 pays au monde. Environ 580 milliards de dollars américains en billets de banque circulent en dehors des Etats-Unis. D’après les chiffres du Fonds monétaire international (FMI), il représentait à la fin de 2021 près de 59% des réserves mondiales de change. En 1999, il représentait 71% des réserves de change mondiales.

Les causes de la dollarisation des économies 

La dollarisation des économies africaines est due à plu – sieurs facteurs, notamment le fait que les monnaies nationales ont du mal à jouer toutes leurs fonctions. Dans la Revue Congolaise de Gestion 2013, Héritier Kambale Kapitene explique que la dollarisation de l’économie d’un pays est l’état où sa monnaie nationale n’exerce plus les fonctions monétaires de réserve de valeur, d’unité de compte et d’inter – médiaires aux échanges. « Ces fonctions sont donc exercées par une (des) devise (s) étrangère(s) qui se substitue(nt) à la monnaie nationale. L’exercice des fonctions monétaires par une devise étrangère prouve un niveau de méfiance que la population porte à l’égard de la monnaie nationale », indique-t-il. En RDC, parmi les causes de la dollarisation de l’économie figurent l’instabilité politique et les déséquilibres macro-économiques. D’où, dans la vie socioéconomique congolaise, généralement, le dollar américain est utilisé comme réserve de valeur, unité de compte et moyen de paiement. 

 Lorsque les pays se dollarisent intégralement 

La dollarisation officielle et intégrale d’une économie nationale est une réalité aujourd’hui à travers le monde, ce qui fait que, depuis les années 90 l’adoption du dollar a été proposée à presque toutes les économies sud-américaines et à d’autres économies émergentes occupant le reste de la planète. L’Equateur est la première économie de taille relativement importante à avoir franchi véritablement le pas de la dollarisation officielle et intégrale, suivie par le Salvador. Parmi d’autres pays qui l’utilisent comme leur monnaie nationale, figurent le Porto Rico, les iles Turques-et Caïques, Mariannes… Le plus gros billet existant, qui porte le portrait de Woodrow Wilson, a une valeur de 100 000 dollars américains.

Il a toujours cours légal aujourd’hui, mais n’a jamais circulé. Ce billet à grande valeur faciale a tout simplement été échangé entre banques centrales à partir de 1934. Néanmoins, le plus grand billet encore imprimé aujourd’hui aux Etats-Unis est le billet de 1000 dollars tous les billets ayant une valeur faciale supérieure ont été retirés par la Fédéral Reserve Bank en 1945. Toutefois, le dollar est le nom de la monnaie de beaucoup de pays parmi lesquels l’Australie, le Canada, les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande et aussi de certains pays des Caraïbes, d’Asie et d’Amérique du Sud. En Afrique, par exemple, la Namibie utilise le dollar namibien. 

 Dédollarisation des économies

 Il est arrivé que des pays africains tentent d’écarter le dollar de leurs systèmes monétaires. Tel est le cas du Soudan du Sud qui vient de suspendre l’utilisation du dollar américain. Toutes les actions doivent se faire en livre sud-soudanaise, selon les autorités de Juba. En ce qui la concerne, la RDC a eu à engager depuis plusieurs mois une dédollarisation de son économie afin de redonner au Franc congolais tous les attributs d’une monnaie nationale. L’une des mesures de dédollarisation édictée par le gouvernement congolais, depuis l’époque où Jean-Claude Masangu était gouverneur de la BCC est l’annonce des prix en francs congolais. Loin d’être une lutte qu’elle mène seule, c’est depuis des années que les autres Africains y sont engagés. En 2013, Daniel Mukoko Samba, alors ministre du Budget, avait rappelé, au moment où le pays avait annoncé la dédollarisation de son économie, que d’autres Etats africains comme l’Angola, le hana, le Mozambique suivaient le même pas. 

Intervention de la ZLECAF…

 De son côté, la Zone de libre échange continentale africain (ZLECAF) s’efforce d’utiliser les monnaies locales dans les échanges entre les pays du continent. C’est ce qu’a déclaré jeudi 30 mars 2023, lors d’un forum commercial qui a eu lieu au Kenya, Wamkele Mene, secrétaire général de la ZLECAF. Le commerce transfrontalier entre les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest se fait déjà grâce à l’utilisation de devises locales plutôt que le dollar.

Il note que le coût de la convertibilité des devises lié à l’utilisation du dollar américain dans le commerce entre les pays africains était de près de 5 milliards de dollars par an. « Cela coûte cher et c’est pourquoi nous avons déployé le système panafricain de paiement et de règlement qui permet le commerce en devises locales », a-t-il indiqué. Le Zimbabwe quant à lui utilise la devise chinoise comme l’une de ses monnaies officielles. Le pays utilise une corbeille de devises comprenant le yen japonais, le dollar australien, dominée par le dollar américain.

Hubert MWIPATAYI

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